SOCIÉTÉ

La mise en berne du drapeau n’est pas respectée par l’État après l’assassinat de Montferrier Dorval

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Une partie de l’administration publique a ignoré l’injonction du président. Un drapeau au sein même du Palais national n’est pas en berne ce lundi

Le président Jovenel Moïse avait annoncé trois journées de deuil national sur tout le territoire le 29 aout dernier après l’assassinat de son voisin, le bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince, Monferrier Dorval, en sa résidence privée.

Lors d’un point de presse au Palais national, le chef de l’État ordonnait que les drapeaux soient mis en berne le 31 aout, les1er et 2 septembre 2020. Une tournée dans la capitale en mi-journée ce lundi permet de constater que cette décision n’a pas été respectée au sein de plusieurs institutions publiques.

« Le deuil national annoncé samedi par le président a été approuvé dimanche en Conseil des ministres et dès lors, cette décision est officielle », lance le ministre de la Communication, Pradel Henriquez.

Questionné sur le non-respect de l’ordre passé par Jovenel Moïse, Pradel Henriquez regrette que « les institutions de l’État participent malheureusement depuis quelque temps au déclin des valeurs civiques en Haïti ».

Lire aussi: Comment ne pas imputer la responsabilité des crimes au pouvoir en place ?

Traditionnellement, le deuil national suit des événements tragiques ayant secoué l’ensemble du pays. Il a été décrété pour six jours à la mort de l’ancien président René Préval en 2017. En ces circonstances, le drapeau est mis en berne et les stations de radios sont invitées à arrêter leur programmation pour diffuser des chansons circonstancielles.

« Le deuil national vise à rendre hommage à des personnes victimes dans une tragédie ou une personnalité très importante », rapporte la documentariste et recherchiste Roxane Ledan (Taino-L). Cette mesure « est décrétée dans le but de donner aux citoyens l’occasion de renouveler leur engagement envers leur pays. »

Dans le contexte de l’assassinat de Me Dorval, un éminent juriste et bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, des personnalités de la société civile critiquent la décision du président parce qu’elle s’apparente à une tentative de contraindre les médias à ne pas débattre de l’insécurité qui s’est aggravée sous sa présidence.

Des deux drapeaux qui surplombent l’espace du Palais national, l’un est en berne et l’autre hissé comme d’habitude. Photo: Ayibopost/ Feguenson Hermogène. 11 h 24 Am.

À la place de la Constitution, non loin du Palais national, le drapeau n’est pas mis en berne. Photo : Ayibopost / Feguenson Hermogène. 11h 29 Am.

  

A l’Office de Protection du Citoyen, le drapeau est monté comme d’habitude. Ayibopost / Feguenson Hermogène. Photo prise à 10 h 58 Am.

 

A la succursale de la Banque Nationale de Crédit à Lalue, on fait fi tout bonnement de la première journée de deuil national annoncé par le président Jovenel Moïse. Ayibopost / Feguenson Hermogène. 11 h 09 Am.

A la Direction Départementale Ouest de la PNH ( base de l’UDMO au Champs de Mars), le drapeau est monté comme à l’ordinaire. Photo Ayibopost : Feguenson Hermogène. 11 h 57 Am.

A l’antenne de la PNH à Poste-Marchand, on ne se souvient pas du deuil national décrété par le président. Photo Ayibopost: Feguenson Hermogène. 11 h 37 Am.

La Banque de la République d’Haïti ne s’est pas trop préoccupée par le deuil national décrété par le président Jovenel Moïse. Photo : Ayibopost / Feguenson Hermogène. 12 h 16.

Le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe n’a même pas de drapeau. Photo Ayibopost : Ayibopost / Feguenson Hermogène. 11 h 02 Am.

La base du Corps du génie du Ministère de la Défense au Bicentenaire n’a pas de drapeau non plus. Photo Ayibopost / Feguenson Hermogène. 12 h 08.

Samuel Celiné

Poète dans l'âme, journaliste par amour et travailleur social par besoin, Samuel Celiné s'intéresse aux enquêtes journalistiques.

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