L’insuffisance cardiaque est un état pathologique, indiquant l’incapacité de la pompe cardiaque à assurer un débit sanguin suffisant pour satisfaire les besoins de l’organisme. Cette maladie consiste surtout en une complication de divers autres problèmes cardio-vasculaires. Les causes de l’insuffisance cardiaque sont multiples, parmi lesquelles : le blocage des vaisseaux sanguins (crise cardiaque), l’hypertension, le diabète, la maladie des valves et du muscle cardiaque, l’infection virale, l’obésité, la consommation excessive d’alcool et la malformation cardiaque congénitale.
L’insuffisance cardiaque se manifeste par plusieurs symptômes différents dont les plus communs sont l’essoufflement au repos ou suite à un effort, l’orthopnée ou la difficulté respiratoire en position allongée, la toux nocturne, la fatigue et la difficulté à réaliser les activités quotidiennes habituelles. Elle peut éventuellement comme toute autre maladie chronique provoquer la mort parfois brusque et subite.
Il existe certains traitements capables de soulager les symptômes de l’insuffisance cardiaque, ralentir sa progression et réduire son taux de mortalité. Cependant, la prévention reste le traitement prioritaire le plus efficace. Le choix du traitement dépendra avant tout de la cause de l’insuffisance cardiaque. Afin d’aboutir à son étiologie, plusieurs tests diagnostiques peuvent être effectués. Malheureusement, en Haïti, nous n’avons pas accès à la majorité de ces tests cardiaques. Ceci demeure l’un des principaux obstacles à toute forme de soin de santé.
À travers une revue systématique de la littérature, consistant en deux études rétrospectives et prospectives effectuées respectivement à Mirebalais et à Port-au-Prince, il a été conclu : des 550 patients souffrant d’insuffisance cardiaque, la majorité était des femmes et l’une des causes principales serait l’hypertension. Ces données diffèrent des résultats d’études réalisées à l’échelle mondiale qui révèlent que la cause la plus commune d’insuffisance cardiaque serait le blocage des vaisseaux sanguins.
Ces résultats suggèreraient que les facteurs de risque de la population haïtienne diffèreraient de ceux de la population globale. Cependant, nous ne pouvons nous empêcher de faire l’hypothèse que le manque de tests appropriés à ce genre de diagnostic, tels que l’angiographie coronaire ou l’examen de stress cardiaque, conduirait à un diagnostic erroné. Pour une population de plus de 10 millions d’habitants, seulement quatre cardiologues sont aptes à effectuer une échocardiographie.
La solution à ce problème n’est guère évidente dans une société où l’accès aux soins de santé reste un luxe. En effet, souffrir d’une maladie chronique impacte tous les aspects de la vie d’un individu. Que faire quand les besoins de base fondamentaux ne sont pas comblés pour la majorité de la population haïtienne ? Nous en connaissons tous les conséquences délétères, pas seulement sur la santé, mais, aussi sur la qualité de vie des individus.
Michel Ibrahim, MD
American Board Internal Medicine Certified
Cardiovascular Medicine Fellow
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