Chaque année, l’État haïtien entreprend des actions pour alléger la charge des parents à l’occasion de la rentrée des classes. Ces initiatives se font principalement à travers deux leviers : la subvention et les dotations
700 millions de gourdes sont prévues pour la subvention et la dotation des manuels scolaires pour l’année académique 2019-2020, a annoncé Pierre Josué Agénor Cadet, ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle.
Ce soutien, fait sous forme d’aide publique, se définit comme un outil déterminant pour accroître l’accès, l’équité ainsi que pour améliorer la qualité de l’apprentissage des enfants.
Subvention et Dotation
Des 700 millions de gourdes annoncés par le ministre de l’Éducation nationale, 417 millions proviennent du Fonds national pour l’éducation (FNE), le reste est fourni par le Trésor public, selon Meloody Vincent, responsable de communication au MENFP.
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Cette année, 990 000 livres seront subventionnés et 367 000 autres remis en dotation. Ce qui donne un total de 1 357 000 ouvrages.
Les enfants des écoles publiques et privées peuvent être des bénéficiaires de la subvention.
Les livres subventionnés, poursuit Meloody Vincent, sont des ouvrages dont l’État apporte une contribution considérable aux maisons d’édition afin que les parents puissent s’en procurer à coût réduit.
« Généralement, on se procure ces ouvrages dans les librairies et les parents bénéficient d’une réduction de 70 % », dit le responsable de communication du MENFP. Cependant, « le nombre d’ouvrages subventionnés n’est jamais en quantité suffisante pour satisfaire les exigences de tous les parents », admet monsieur Meloody.
Ces ouvrages sont identifiés par un sceau indiquant qu’ils sont subventionnés par l’État et interdits à la vente (par des commerçants).
Quant aux écoles publiques, elles reçoivent les livres en dotation de la part du ministère de l’Éducation.
Meloody Vincent explique que la dotation se réfère à l’ensemble de manuels scolaires subventionnés donc payés à 100 % par l’État.
« L’État les achète et les met à la disposition des élèves sous forme de prêts », précise Meloody Vincent ajoutant que ces ouvrages sont utilisés exclusivement dans les salles de classe.
La gestion des ouvrages en dotation se fait surtout par les responsables des écoles publiques concernés. « L’utilisation de ces ouvrages se fait d’année en année pour les générations des élèves qui se succèdent », clarifie-t-il.
Des ouvrages subventionnés non disponibles
Des retards accumulés dans le processus pour l’attribution du marché et le manque de ressource financière au niveau de l’État sont, entre autres, des facteurs qui occasionneront l’indisponibilité de cette forme de subvention avant le 9 septembre prochain.
À quelques jours de la rentrée scolaire, aucune liste des éditeurs qui ont remporté le marché n’est encore publiée par le MENFP. Le processus avait été lancé en mars dernier.
L’offre devrait normalement être approuvée par la commission nationale de passation de marché public (CNPMP), ensuite par la Cour des comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA), pour finalement aboutir à la signature des contrats.
« Le ministre s’est engagé pour dire que le gouvernement a pris les dispositions de paiement des éditeurs », rappelle Meloody Vincent qui atteste que le processus n’est pas encore abouti, faute de financement. En plus, des maisons d’édition affichent leur réticence pour la signature des contrats sans obtenir les deux premiers versements.
Malgré le retard, Meloody Vincent mise, en se référant à l’année dernière, sur l’anticipation des maisons d’édition. « Si le montant alloué à la subvention est débloqué, en une semaine, les ouvrages subventionnés pourront être disponibles. Je ne sais pas la capacité de tous les éditeurs, mais certaines maisons d’édition qui ont l’habitude de remporter l’appel d’offres ont toujours anticipé les préparatifs », dit-il.
Ces maisons d’édition n’attendent donc que le paiement pour apposer le sceau de la subvention sur les ouvrages.
Financement scolaire
Jadis, l’État payait directement l’écolage de certains enfants. Malheureusement, ces initiatives ont été suspendues. « Le trésor public ne veut plus financer ce programme qui permet aux parents en situation vulnérable de recevoir une allocation de 10 à 20 000 gourdes après en avoir fait la demande auprès du ministère », confie le responsable de communication.
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La subvention similaire qu’offre l’État concerne les écoles publiques à travers le Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO). L’État paie les 400 gourdes que les parents devront verser annuellement pour les classes de 1re à la 6e année fondamentale.
Depuis près de 4 ans, la quasi-totalité des écoles privées est exclue du PSUGO. En cause, le gonflement des effectifs, des écoles zombies et la corruption. Néanmoins, des considérations peuvent être faites pour intégrer des écoles privées dans les zones dénuées d’écoles publiques, afin d’offrir un meilleur accès aux enfants qui proviennent des familles vulnérables.
Les financements de l’État à l’éducation se font surtout à travers le FNE. Les principales actions de l’institution consistent à la réhabilitation des écoles, livraison des kits scolaires et à la mise en œuvre du Programme national de cantine scolaire (PNCS).
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