AYIBOFANMEN UNESOCIÉTÉ

Laisse-moi écrire cette page

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Laisse-moi écrire cette page de notre vie où tu ne serais pas rentré à l’aube, à plusieurs reprises, empestant son odeur. Cette page où tu n’aurais été rien qu’à moi. C’est une page où tu n’aurais pas traîné derrière toi cette femme au vu et au su de tous. C’est une page où tu ne lui aurais pas fait un enfant. Une page où tu ne lui aurais pas acheté cette maison tandis que nous vivons, depuis dix ans, dans ce « six pièces » avec notre fils, en contrepartie d’un loyer annuel exorbitant.

Laisse-moi écrire cette page de notre vie où je n’aurais pas eu peur de toi : trop effrayée pour te parler. Cette page qui m’aurait évité d’avoir à mentir à notre fils, à prétendre que tes soirées tardives, à l’extérieur, étaient dûes au fait que tu faisais des heures supplémentaires au bureau. Laisse-moi écrire cette page où mes bleus s’expliqueraient par une malencontreuse chute et non pas parce que tu m’aurais frappé.

Laisse-moi écrire cette page de notre vie où je n’aurais jamais pensé à me payer les services d’un avocat pour entamer une procédure de divorce. Cette page où la proximité ne nous aurait point rapprochés, je n’aurais pas été sous son charme et il ne serait pas devenu cet ami à qui je confie tout. Un ami, qui dès notre première rencontre, m’avait écouté, réconforté et pris sur son bureau. Laisse-moi écrire cette page où je n’aurais pas joui. Ainsi, je ne l’aurais pas revu tous les jours, encore et encore : je ne serais pas née de nouveau au creux de ses bras.

Oui, j’aurais aimé tant écrire cette page où tu ne m’aurais pas seulement procuré un statut social et lui, du plaisir et ainsi, tu n’aurais rien découvert.

Laisse-moi écrire cette page où tu n’aurais pas envisagé de crier au scandale. Je n’aurais pas eu, alors, peur de perdre mon style de vie, ma réputation, mes enfants. Je ne me serais  pas sentie acculée et de ce fait, obligée  d’agir.

Laisse-moi revenir en arrière. Laisse-moi nous revivre.

Laisse-moi rester sur cette page de notre vie où tout n’était que passion. Cette page où  nous ne formions qu’un. Cette page où nous nous consumions d’amour. Cette page où tout a commencé. Cette page où nous avions eu notre fils. Laisse-moi à nos jours heureux et ainsi oublier que notre histoire ait pu atteindre sa fin.

Laisse-moi nous écrire une nouvelle histoire, une toute autre histoire avec une toute autre fin. Une histoire où je ne te dirais pas REPOSE EN PAIX MON TENDRE AMOUR.

Oui, laisse-moi nous réinventer.

ANAYIZ NADJELA PIERRE.

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