Dans le contexte de la globalisation, les mutations sociétales donnent différentes connotations à la fête des Mères. Passant d’une simple commémoration de la joie de donner la vie, cette fête dans le contexte actuel célèbre non seulement le fait de procréer, mais aussi l’impact du rôle de la femme dans la communauté.
En ce jour de la fête des Mères, je choisis d’orienter les feux des projecteurs sur une catégorie de femmes qui est souvent mise de côté…. une catégorie de femmes marginalisées et assez souvent critiquées sans jamais vraiment mériter le bénéfice du doute.
Malgré les sourcils que je peux déjà voir s’arquer, je choisis de célébrer aussi ces femmes qui ont choisi de refuser de donner la vie. Car refuser de donner la vie est une autre forme de maternité.
Non, je ne vante pas le mérite des femmes pratiquant l’avortement, mais je veux parler de celles qui font le choix de ne jamais tomber enceinte, de ne jamais voir leur corps changer sous le poids de la grossesse, de ne pas donner la vie.
Le désir de vouloir laisser une empreinte sur cette terre, trouvant sa matérialisation la plupart du temps dans la procréation, a toujours semblé impliquer que cette notion était inhérente à l’ensemble de la gent féminine occasionnant ainsi son lot de critiques lorsqu’une femme décide d’aller dans le sens inverse.
Selon Laura Kipnis, une auteure féministe, cette fameuse culture de l’instinct maternel a vraiment pris forme au 19e siècle, période qui n’est pas sans rappeler une certaine baisse du taux de mortalité chez les nouveau-nés et chez les enfants.
La pensée qu’une femme puisse choisir de ne pas vouloir mettre un enfant sur cette terre est un crime qui ne se pardonne pas dans une société aussi avancée que la nôtre et tellement ouverte, soi-disant. Elle implique une cruelle exclusion pour le simple fait de rejeter la voie traditionnelle assignée aux femmes qui est celle de la maternité. Même le Pape, symbole de tolérance, a qualifié toute décision de ne pas procréer comme fondamentalement égoïste. Mais n’est-ce pas un peu risible venant de quelqu’un qui a choisi la soutane comme mode de vie, ce qui implique de facto son exclusion de la sphère de la procréation ? Ce n’est pas avec l’intention de médire ou de tenter la verve religieuse, mais où est donc la tolérance prônée quand il revient d’analyser ce choix du refus ? Et ceci malgré les 8 milliards d’habitants peuplant déjà cette planète aux ressources limitées et inégalement réparties…
Je ne sais pas personnellement si j’aurai des enfants, mais je sais que c’est une décision qui impliquera des changements intrinsèques au niveau de ma vie personnelle et qui demandera à coup sûr une mure réflexion avant d’embarquer pour une telle aventure.
Faire le choix de porter une vie, c’est aussi un engagement sur le long terme de créer un environnement sain pour un petit être innocent. C’est aussi un accompagnement constant dans la construction d’un futur citoyen capable de poser une pierre angulaire au progrès de sa communauté. Ce n’est pas procréer juste pour solidifier un mariage, ou pour piéger un homme. Non ! C’est une responsabilité… une promesse faite à l’avenir.
Donc, fêter les femmes qui ont choisi ce sentier rocailleux, choisir d’honorer les femmes de ma famille qui ont travaillé sans relâche pour être des mères exemplaires sans commémorer celles qui ont le courage de revendiquer le choix contraire serait une célébration incomplète. J’admire leur honnêteté dans la reconnaissance d’un chemin qui ne leur sied pas…. une aventure gratifiante qui leur demanderait plus que ce qu’elles peuvent ou décident d’offrir.
Il est facile de les critiquer, mais si nous sommes honnêtes, on reconnaitra qu’il faut beaucoup de courage aussi pour renoncer à ce chemin. Car, combien de femmes ont pris la responsabilité de créer une vie pour ensuite agir en démissionnaire causant ainsi un déséquilibre profond chez un être innocent n’ayant pas demandé à naitre ?
Tout en reconnaissant le travail colossal d’une mère, je reconnais aussi la valeur du choix avisé de ne pas créer une vie quand on est dans l’incapacité de l’encadrer. Et c’est dans cette optique que je me permets cette pensée pour elles. Bonne fête à vous aussi mesdames! Bonne fête des Mères, car vous aussi vous incarnez un symbole de sacrifice.
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