L’Intitulé du dernier Rapport du Fonds Monétaire International (FMI) est symptomatique des inquiétudes économiques mondiales. « TOO SLOW FOR TOO LONG », titre l’institution de Bretton Woods dans sa radiographie de l’économie mondiale.
Les prévisions de croissance de l’économie mondiale du FMI ne font pas du tout rêver, loin de là. La croissance ne devrait pas dépasser les 2% dans la plupart des pays développés de l’OCDE, les BRICS (principaux pays émergents), qui jusqu’ici tiraient la croissance mondiale vers le haut, reculent considérablement et doivent faire face à des difficultés d’ordre macro-économique, politique et/ou géopolitique.
Au Brésil (première économie d’Amérique Latine), c’est carrément la « bérézina » dans ce qui s’apparente à une véritable opération fantôme en République. La magie auriverde ne fonctionne plus, le pays est en récession économique aiguë et n’est plus dirigé efficacement en raison de la lutte à mort que se livrent les élites politiques. La Présidente Dilma Rousseff a été destituée, mais à quel prix et pour quelle alternative? Le nouveau Président Michel Miguel Elias Temer Lulia a moins de 2% d’opinions favorables et ne pourra donc engager aucune réforme importante. De fait, le Brésil navigue à vue en pleine tempête dans une véritable cacophonie institutionnelle juridico-politique inextricable à la sauce Auriverde dans une Telenovela Paulista de mauvais goût qui met en valeur la politique dans toute sa laideur et sa corruption.
La Russie est en déclin économique, la monnaie nationale (le rouble) a perdu près de la moitié de sa valeur en 2 ans. Le pays doit subir en plus les sanctions occidentales liées à la crise en Ukraine ; des sanctions américaines et européennes qui gênent considérablement les activités des banques russes. L’économie russe pâlit de la chute considérable des prix des hydrocarbures (principale exportation du pays) et doit également soutenir l’effort de guerre de Vladimir Poutine en Syrie et le fardeau économique que constitue la Crimée. L’influence géopolitique a un prix, il faut donc passer à la caisse.
En Afrique du Sud, l’économie est à l’arrêt, le secteur minier, son principal moteur fait face à de sérieux problèmes structurels et les grèves plus ou moins violentes sont récurrentes. Aujourd’hui, il semble de plus en plus évident que les jours de Jacob Zuma au pouvoir sont comptés notamment en raison des affaires de corruption. La colère gronde même au sein de l’ANC, son propre parti où les appétits s’aiguisent.
La croissance chinoise qui a été la principale locomotive économique mondiale est en panne depuis 4 trimestres même si les fondamentaux de l’économie de l’empire du milieu ne sont pas tout à fait dans le rouge.
De leur coté, les pays de l’OPEP souffrent du ralentissement de la demande et de la baisse des prix du pétrole qui avoisinent les 30 dollars le baril alors qu’il était à 100 dollars en 2014. Ajouté à cela, le retour de l’Iran sur le marché pétrolier, après la levée des sanctions résultant de l’accord sur le nucléaire, est une nouvelle variable de nature à faire chuter encore plus les prix.
Face à une telle situation, l’Arabie Saoudite (en grande partie responsable de la baisse des prix en raison de la guerre froide sur le gaz de schiste avec les États-Unis) change de pied. La monarchie vient de lancer le plus important Fonds d’investissement souverain du Monde, doté d’un trésor de Guerre de 2000 milliards de dollars, pour réduire la dépendance du Royaume à l’or noir d’ici à 2030. Les autres pays pétroliers moins nantis sont en roue libre et passent à la trappe: l’économie Russe est en pilotage automatique, le Soudan du Sud en coma, le Nigeria en free style et le Venezuela en parachute à 1500 pieds d’altitude.
En fait, seul l’Inde semble tirer son épingle du jeu chez les BRICS. Chez les pays de l’OCDE, l’Allemagne et les États-Unis tiennent tant bien que mal en raison des politiques accommodantes de la banque Centrale Européenne et de la FED, mais pour combien de temps encore?
Que Dieu nous en préserve, mais on semble au mieux partir pour un tour de stagnation séculaire ou au pire une nouvelle crise mondiale. L’économie ne pardonne vraiment pas !
Fernando Estime
Crédit Photo : The Huffington Post
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