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Vidéo | Que disent les mariages sur la société contemporaine haïtienne ?

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Les éclats, mais surtout les robes froissées dans les unions en milieu rural comme en ville, racontent l’Haïti d’aujourd’hui : une société inégalitaire, traversée par un torrent de contradictions. Notre collègue photographe, Valérie Baeriswyl, vient de consacrer un livre « photos-témoin » au fascinant sujet des mariages

D’abord un contraste. Le livre s’intitule « Bonne vie à deux ». Tout de suite vient un bémol : « Pour le meilleur et pour le pire ». La photo de couverture prolonge l’opposition, qui au fait n’en est pas une. L’on y voit deux couples tirés à quatre épingles. L’un s’embrassant, timidement. L’autre, stoïque, comme s’ils anticipaient l’orage de la vie qui s’en vient.

« Bonne vie à deux » est un livre photo. Des photos de mariages. Des mariages d’ici, à Port-au-Prince, mais aussi en milieu rural. Ils sont une soixantaine en tout à avoir partagé l’intimité du « plus beau jour de leur vie », avec la photographe suisse, collaboratrice d’AyiboPost, Valérie Baeriswyl. « Le mariage reste pour moi une occasion d’observer la société haïtienne », dit la photographe avant de glisser « J’ai photographié toutes les catégories sociales en Haïti ».

Ce sont 209 pages de préparatifs, de cérémonies, de baisers fameux, de pèlerinages et de réceptions. L’essentiel ici se cache dans les détails. Vue de près, chaque photo susurre la beauté, les mutations et les travers de la société haïtienne. Le triomphe du vodou et du folklore. La curieuse tradition des « gratè ». La résistance à l’occidentalisation de certains mariés, arborant fièrement des vestimentaires africains. Et la démesure de certains autres, diaspora de leur état.

« Les pompons dans l’église, sur notre chemin. Des pompons pleins d’amour faits main par une cordée de filles, de tantes, de mères », écrit Kettly Mars, dans le texte introductif de l’ouvrage. Parce que oui, le mariage tout comme les enterrements, n’a jamais été une aventure solitaire en Haïti. S’il faut tout un village pour élever un enfant, il en faut au moins deux pour se mettre en couple. « Pour le meilleur et pour le pire ».

Widlore Mérancourt est éditeur en chef d’AyiboPost et contributeur régulier au Washington Post. Il détient une maîtrise en Management des médias de l’Université de Lille et une licence en sciences juridiques. Il a été Content Manager de LoopHaïti.

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