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Urgent | Évasion spectaculaire à la prison civile des Cayes

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Une trentaine de prisonniers se sont enfuis de la prison civile des Cayes après le séisme de samedi. L’événement soulève beaucoup de questions encore non élucidées

Le tremblement de terre a occasionné un contexte d’agitation à la prison civile des Cayes samedi dernier. Dans la nuit du 14 au 15 aout, au moins 28 détenus ont pris la poudre d’escampette. Selon les autorités, la prison n’a pas été endommagée. Ce qui rend l’évasion restée secrète encore plus curieuse.

« Moins de quinze minutes après le séisme, lorsque je suis arrivé au commissariat, j’ai trouvé tous les détenus sur la cour [sécurisée], soutient Frantz Saint-Armand, directeur départemental de la police. Certains ont commencé à lancer des propos menaçants envers des policiers. Ils ne voulaient pas rentrer dans les cellules sous prétexte que leurs vies étaient menacées par les répliques du tremblement de terre.»

Ensuite, la situation a empiré. « Ils ont commencé par briser les cellules [qui n’étaient pas ouvertes] pour faire sortir tout le monde. Je ne sais pas comment ils ont pu trouver des cailloux pour les lancer sur des policiers. Ils ont mis le feu dans sept cellules. »

Cette information trouve aussi confirmation auprès du commissaire du gouvernement, Ronald Richemond, lors d’une entrevue téléphonique hier 17 aout. « Il y avait une échauffourée, les prisonniers ont mis le feu. Ils ont creusé des trous dans les murs, et ils se sont évadés. Il n’y a pas eu d’affrontement ni de policiers blessés selon mes informations. »

Une unité de gestion de prison est arrivée aux Cayes dimanche dernier, pour rétablir l’ordre. La majeure partie des 800 prisonniers du centre ont été transférés à d’autres endroits, notamment dans le département. Mais les détails précis sur ce qui est effectivement arrivé ne sont communiqués publiquement, ni par les responsables de la prison, ni par la PNH.

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« Il faut une enquête pour lever le voile sur cet incident », soutient Frantz Saint-Armand, qui dit n’être pas responsable des prisonniers lui-même.

L’inspecteur Michel Azor, en charge de la prison n’était pas présent. C’est son lieutenant Livers Simon qui était aux commandes ce jour-là. AyiboPost n’a pas pu s’entretenir avec ces deux policiers.

« On ne voulait pas tirer sur les détenus, mais ils étaient menaçants », précise le directeur départemental de la PNH, Frantz Saint-Armand qui insiste que « les dommages dans la prison ont été effectués par les prisonniers qui tentaient de s’évader. »

La recherche des évadés prendra du temps, notamment à cause de l’urgence engendrée par le séisme destructeur. « On ne connait pas encore le profil des prisonniers évadés, déclare Ronald Richemond. On attend leurs noms et leurs photos afin qu’on les publie dans la presse et à travers les autres juridictions. »

La prison civile des Cayes, construite pour 60 détenus, compte plus de 800 personnes. Parmi celles-ci, l’on dénombre une vingtaine de femmes, 41 mineurs masculins et une adolescente, jusqu’à vendredi dernier, selon des informations collectées par AyiboPost.

Le centre affiche une vingtaine de cellules : une cellule mineure avec un espace de travail et de recréation. Deux cellules de femmes. Une cellule dédiée aux personnes malades. Et le reste se trouve occupé par des hommes.

C’est dans la cellule des enfants qu’un feu a éclaté. L’identité de celui qui a mis le feu et les moyens utilisés ne sont pas connus. Ce feu s’étendra rapidement à sept cellules.

« On a été trois fois au greffe de la prison des Cayes mais le responsable n’est pas en mesure de dire s’il y a des mineurs évadés ou pas », témoigne à AyiboPost Bertrand Meridien, le coordonnateur régional de l’Institut du Bien-Être Social et de la Recherche (IBERS).

La PNH dans le Sud n’est aujourd’hui pas en mesure de fournir des informations sur l’emplacement exact des prisonniers évacués. « Ils ont probablement été éparpillés sans dossiers », indique une source proche de la prison.

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Il n’est pas clair pourquoi l’information n’a pas été divulguée, avant les questions adressées aux autorités par AyiboPost. « Ils font de la rétention d’information parce qu’ils n’ont pas encore le contrôle de la situation » analyse la source.

Les conditions de détention restent inquiétantes à la prison civile des Cayes. Au mois de juillet, une dizaine de prisonniers malades et malnutris a trouvé la mort. Régulièrement, des detenus, parfois mineurs, y sont violés.

Les policiers, en  manque de matériels et en sous effectif, ne peuvent correctement assurer la sécurité de l’espace. Sept jour après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, une mutinerie suivie d’évasion est survenue à la prison civile des Cayes. Au cours de l’incident, plus de dix détenus ont été tués par des agents de la PNH.

Les centres carcéraux du pays demeurent de véritables passoires. Les organisations de défense des droits humains mentionnent dans différents rapports la disponibilité de téléphones, de drogues ou d’armes dans les cellules. L’organisation de différents trafics se fait nécessairement avec la complicité des agents de ces prisons.

L’évasion aux Cayes survient dans un contexte de catastrophe généralisée. Un tremblement de terre de magnitude 7,2 a mis à genou l’ensemble du département du sud. Près de 2 000 morts, 9 900 blessés, et des dizaines de milliers de maisons endommagées sont enregistrés. Au 18 aout, la situation était incertaine dans plusieurs zones inaccessibles à cause des éboulements ou des rivières en crue, après le passage du cyclone Grâce.

« Les zones reculées sont aussi dévastées que les villes, déclare Silvera Guillaume, le responsable de la protection civile du sud, dans une entrevue accordée à AyiboPost. [Alors que l’assistance s’organise], on est toujours en train de collecter des données. »

Widlore Mérancourt est éditeur en chef d’AyiboPost et contributeur régulier au Washington Post. Il détient une maîtrise en Management des médias de l’Université de Lille et une licence en sciences juridiques. Il a été Content Manager de LoopHaïti.

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