L’entreprise de production de miel naturel et de l’hydromel sans additifs entreprend de standardiser l’apiculture et de travailler sur un plan de modernisation
Lancée en 2017, la ferme apicole Les Villages Apicoles Horizons S.A (ViAHSA) tente de moderniser la filière du miel dans le Nord-Est, malgré ses différentes pertes découlant des pratiques rudimentaires.
À ses débuts, l’entreprise transformait le miel en vin.
Sa production de miel, estimée à plus de 200 000 litres par an, provenait essentiellement des apiculteurs de la région.
Cependant, l’entreprise a commencé à rencontrer ses premières difficultés lorsqu’elle s’est accidentellement procuré d’un miel de mauvaise qualité dans le Nord-Est. Ce miel devrait être acheminé vers des exportateurs aux Etats-Unis, en France et au Canada.
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« Lorsqu’on le traite afin d’obtenir le vin de miel, il n’était pas en condition et on a perdu le stock », raconte Ascencio Paul, directeur exécutif du ViAHSA.
Après l’expérience du mauvais miel, les exportateurs n’ont plus manifesté d’intérêt pour la production de l’entreprise qui ne respectait pas les exigences du marché international.
Le miel est un liquide lisse aux infirmes cristaux, produit par les abeilles à partir du nectar des fleurs qui aide à combattre certaines infections en stimulant le système immunitaire d’une personne.
100 grammes de ce produit peut apporter 300 kilocalories à l’organisme humain.
Il est aussi utilisé en cuisine comme édulcorant naturel et en cosmétique pour fabriquer des produits de beauté.
Après l’expérience du mauvais miel, les exportateurs n’ont plus manifesté d’intérêt pour la production de l’entreprise qui ne respectait pas les exigences du marché international.
En Haïti, l’exploitation traditionnelle du miel par les apiculteurs locaux reste informelle et affecte la qualité du produit.
En plus des impuretés qu’il renferme, des traces de monoxyde de carbone et de matières fécales sont également observées. Ce qui représente un défi pour sa commercialisation sur le marché international.
Vu que le ViAHSA n’avait pas encore la capacité de développer de grandes fermes apicoles à l’époque, les responsables ont établi un protocole de contrôle de la qualité du miel à l’achat, incluant la réfractométrie, la colorimétrie, l‘odeur, la saveur et l‘acidité du miel provenant de ses fournisseurs.
Ce qui lui a permis de commercialiser un autre produit: Miel du Roi qui se donne pour objectif d’offrir aux consommateurs un miel gourmet de qualité.
Cependant, les défis persistent malgré ces initiatives.
Cela s’explique par la forte dépendance de l’entreprise envers les apiculteurs de la région pour sa production. Le lancement de leur premier produit, le « Miel du Roi », n’a pas permis de surmonter cette difficulté.
Une seconde mauvaise expérience va frapper l’entreprise en 2019.
Cette année-là, une association française active dans la Grande-Anse et engagée dans l’économie équitable prévoyait de commander 13 000 livres de miel par mois. Mais elle a refusé de signer son contrat après que des tests effectués en France sur des spécimens de miel révélaient un excès de monoxyde de carbone dans le produit.
Avec ce contrat, l’entreprise pouvait espérer un revenu annuel de 1,2 million de dollars.
100 grammes de ce produit peut apporter 300 kilocalories à l’organisme humain.
La présence du monoxyde de carbone dans le miel est due au fait que « les apiculteurs récoltent habituellement le miel avec beaucoup de fumée », précise le vulgarisateur apicole, Ascencio Paul.
Produit par la combustion incomplète de matériaux comme le bois ou le gaz, le monoxyde de carbone présente un danger pour la santé en cas d’inhalation.
Un problème qui affecte près de trois quarts des miels produits en Haïti, estime-t-il.
« Nous avons perdu pas mal de contrats, mais nous avons appris de ces péripéties », assure Paul.
Le miel de mauvaise qualité avait déjà coûté un autre contrat à l’entreprise en 2017.
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Ce premier contrat s’élevait à 32 000 dollars américains pour 5 000 bouteilles de vin cette année-là, avec des commandes qui devraient augmenter progressivement.
Mais, l’entreprise s’est accidentellement procuré un miel de mauvaise qualité, ce qui a finalement conduit à la résiliation du contrat.
Suite à ces opportunités manquées, l’entreprise de production de miel naturel et de l’hydromel sans additifs entreprend de standardiser l’apiculture et travailler sur un plan de modernisation.
Initié en 2020, ce plan vise la création d’une filière moderne de production, de collecte, de traitement, de conditionnement et de commercialisation du miel dans le Nord et le Nord-Est avec des exploitations apicoles peu structurées et la collaboration d’autres partenaires.
Le miel est un liquide lisse aux infirmes cristaux qui aide à combattre certaines infections en stimulant le système immunitaire d’une personne.
L’objectif est d’accroître la production régionale de miel et de ses dérivés : hydromel, miel en rayons, pollen, propolis, cire, gelée royale, savon, etc.
Une étude binationale conduite en 2018, par l’Ong Oxford Committee for Relief Famine (OXFAM), a permis à l’entreprise d’évaluer les principaux handicaps du secteur tels que : les pratiques rudimentaires de l’apiculture, l’absence de standardisation de la récolte et les problèmes liés au traitement du miel.
Ce diagnostic réalisé sur l’apiculture à Ouanaminthe et dans la zone frontalière a permis au ViAHSA de devenir une entreprise de filière intégrant toutes les composantes de l’apiculture, précise son responsable.
L’entreprise commercialise le Miel du Roi, découlant d’une collaboration avec les apiculteurs formés en son sein et le miel Christophia, produit sur ses fermes et respectant les normes de production de miel.
Huit types de vins de miel, des rhums médicinaux à base de plantes telles que Moringa, Roselle, Quenêpe, Vétiver, Gros thym… cultivées sur la ferme apicole de Dubourg à Limonade sont également produits.
De plus, l’entreprise commercialise les produits de la ruche tels que la cire d’abeille, la propolis, des ruches modernes et tous les matériels apicoles nécessaires à la pratique du métier qu’elle écoule sur le marché local.
L’utilisation des outils traditionnels – comme des ruches traditionnelles ou semi-modernes, des troncs d’arbres et des tambours -, représente un défi pour la production.
C’est encore le cas dans le Sud du pays où le secteur demeure sous-exploité.
« L’apiculture s’effectue de façon traditionnelle et les gens récoltent un gallon de miel par année », observe Renaud Joseph, directeur exécutif de MiPaS.
Aborder ces problèmes nécessitent « la formation d’une nouvelle classe d’apiculteurs », soutien à AyiboPost le directeur de ViAHSA, Ascencio Paul.
L’apiculture s’effectue de façon traditionnelle et les gens récoltent un gallon de miel par année
-Renaud Joseph.
À cet effet, son entreprise dispose, depuis janvier 2021, d’un Centre de Formation Permanente en Apiculture (CFPA) qui vulgarise les bonnes pratiques apicoles et aide les apiculteurs à produire des miels de qualité.
« Nous inculquons aux apiculteurs que leur rôle premier est de préserver l’environnement et de protéger les abeilles », déclare Paul.
Au cours des quatre dernières années, le CFPA a formé plus de 500 apiculteurs dans diverses régions du pays : les Irois, Jérémie, Cayes, Aquin, Ouest, Plateau central, Artibonite, Nord-Est, etc.
Pour l’instant, l’entreprise produit du vin de miel pour un marché local et vise l’horizon 2030 pour exporter formellement ses produits.
Le ViAHSA avait l’habitude de fournir du miel à des supermarchés du département de l’Ouest.
Mais depuis 2021, l’entreprise ne peut plus écouler ses produits à cause du blocage des routes dû à l’insécurité.
« Nous avons un stock de produits d’une valeur de 45 000 dollars qui ne peut être distribué », exprime le propriétaire de cette société anonyme de quatorze employés.
« On survit et travaille pour payer les salaires », ajoute-t-il.
Cette société anonyme d’une douzaine d’actionnaires, dont Micro Parc Apicole Sud (MiPaS), Vétérimed et le Jardin Botanique des Cayes, fonctionne sur deux fermes apicoles actives, dont l’une à Limonade.
La production de miel en moyenne par an sur un rucher de 40 ruches de l’entreprise est de 140 gallons, explique Saintil Locean, responsable technique du rucher de Viahsa, à Limonade.
Sans traitement, un gallon se vend 7 500 gourdes contre 12 500 gourdes après traitement et emballage, poursuit ce technicien effectuant des visites routinières dans une quarantaine de ruches du ViHSA.
Selon des données du ministère de l’Agriculture (MARNDR) de 2010, environ 8 500 familles paysannes pratiquent l’apiculture en Haïti. Et, l’une des régions où ce secteur est développé reste le Nord-Est.
La Coopérative Apicole de Ouanaminthe (CAO) fondée en 1961 était un leader du secteur.
En 1980, elle commercialise du miel en Europe et en Amérique mais s’est vu perdre le marché international après un incident lié au contrôle de qualité pour s’écrouler vers les années 2000, peut-on lire dans l’étude de l’Organisation OXFAM.
En 2022, l’organisation des nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé la production nationale à 1000 tonnes environ annuellement.
L’absence de structure à l’échelle nationale, de crédit agricole, de recherche, ainsi que la déforestation et la présence du parasite l’acarien parasite Varroa destructor qui attaque les abeilles freinent le développement du secteur apicole en Haïti.
Image de couverture |Une partie de l’équipe de ViAHSA avec des visiteurs lors de la Foire organisée le 20 mai 2024 pour la 7ème Journée mondiale des abeilles et des autres pollinisateurs. ©ViAHSA
Cet article a été mis à jour le 8/12/2024 à 13:50.
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