« Le ministère a bien d’autres priorités que les “sources chaudes”», lâche Godson Lubrun, responsable de communication du ministère du tourisme
Six sources pompent continuellement une eau chaude dans le département de l’Artibonite, à environ 50 km de la ville des Gonaïves. Cette eau d’origine géothermique permet de soulager les douleurs, en particulier au niveau des articulations. Elle réduit également le stress et peut même améliorer la santé mentale, selon des recherches.
Avec le Palais aux 365 portes, le triangle des Lakou Soukri, Souvenance et Badjo, et le Fort Décidé, ces étendues d’eau font partie des principaux sites touristiques répertoriés dans l’Artibonite.
Sans concierge, ou projets de développement de l’État, les « sources chaudes » se retrouvent constamment décorés des excréments des animaux d’élevage qui les occupent, selon les témoignages de riverains en novembre dernier.
Cette eau réduit également le stress et peut même améliorer la santé mentale.
Le coordonnateur des études et de planification du ministère du tourisme, Gyllin Marcellus, laisse comprendre qu’il n’existe aucun projet ni intention de développement touristique des Sources chaudes au niveau du ministère. Ces déclarations illustrent les difficultés pour les autorités de développer le tourisme dans un contexte de toute-puissance des gangs et d’effondrement de l’économie nationale.
« Le ministère a bien d’autres priorités que les “sources chaudes”», tranche de son côté le responsable de communication du ministère du tourisme, Godson Lubrun, également coordonnateur général du Groupe d’Appui et de Réflexion sur le Tourisme haïtien.
Six sources d’eaux thermales forment les “Sources chaudes”. Elles se trouvent dans le quartier du même nom, également deuxième section communale d’Anse-Rouge.
Il n’existe aucun projet ni intention de développement touristique des Sources chaudes au niveau du ministère.
Selon Guerson Phanord, un habitant de la localité, le lieu se trouve à l’abandon. “Si quelqu’un de la zone décide d’y prendre un peu d’air, il doit s’accompagner de quoi nettoyer pour pouvoir s’asseoir.”
Or, le fort potentiel touristique et thérapeutique des espaces similaires n’est plus à prouver. Les sources chaudes constituent à l’heure actuelle dans le monde une attraction majeure.
“Dans les pays qui disposent d’abondantes réserves thermales, ce secteur (le thermalisme) en est venu à représenter jusqu’à 50 % de la consommation touristique”, peut-on lire dans un article du journal République Dominicaine Live.
Le lieu se trouve à l’abandon.
Les vertus curatives de ces eaux seraient dues à — outre leur haute température — leurs richesses notamment en calcium, magnésium, lithium, chlore, sulfates qu’elles ont toutes en commun en dépit de leur différence de composition qui varie en fonction de leur localisation.
Ces eaux aident à soigner la peau, améliorer les cicatrices, combattre le rhumatisme ou les affections respiratoires, rénales et hépatites dépendamment de la composition chimique.
«Cette ressource naturelle à facteur touristique est d’un potentiel économique très considérable», selon l’économiste spécialisé en développement du tourisme, professeur à l’Université Quisqueya d’Haïti, Sadais Jeannite. Selon ce dernier, l’exploitation touristique des «Sources chaudes» soutiendrait fortement l’économie de cette région d’ailleurs très vulnérable.
La couverture végétale de la région avoisinerait celle d’un désert.
En effet, «une grande partie de l’économie de la commune repose sur l’agriculture alors qu’il y pleut que très rarement. La couverture végétale de la région avoisinerait celle d’un désert — c’est une région où l’on retrouve du cactus : un arbre indicateur de sécheresse — et le niveau de précipitation par conséquent très faible», explique-t-il.
Des experts proposent l’écotourisme comme modèle de développement pour les «Sources chaudes». Il s’agit d’une forme de tourisme qui engage les visiteurs au respect de la nature et à la protection de l’écosystème. Mais, l’écotourisme s’inscrit surtout dans une logique de développement communautaire durable. En ce sens, il repose sur la consommation de produits locaux par les touristes et veut que les services de restauration et d’hébergement et autres soient offerts par les habitants locaux.
L’écotourisme contraste avec les autres modèles où «très souvent presque toute la part du gâteau revient à des investisseurs étrangers ou externes et où la population locale ne bénéficie que des miettes et parfois rien du tout», souligne l’économiste spécialisé en développement du Tourisme, Sadais Jeannite.
Des experts proposent l’écotourisme comme modèle de développement pour les «Sources chaudes»
Pour le professeur, ce modèle revêt d’un double avantage économique et agroenvironnemental. Il garantirait un revenu d’appoint pour les habitants de la zone et permettrait en même temps, moyennant l’engagement des citoyens hôtes le reboisement et le développement de l’écosystème, de concourir à l’amélioration de la couverture végétale, ce qui participerait à la baisse du niveau de sécheresse et du même coup au développement de l’agriculture.
En plus de la clientèle locale, Sadais pense qu’on pourrait amener les passagers du tourisme de croisière vers les sources chaudes. C’est possible selon lui de connecter les sources et Labadee par exemple, de sorte que la visite des sources chaudes soit inscrite d’office dans l’agenda des touristes de cette destination des croisiéristes. Ceci créerait un système de transbordement par bateau de croisière ou en chaloupe pour les amener vers Sources chaudes.
Photo de couverture : deux enfants reçoivent un bain aux Sources chaudes, à Anse-Rouge, Artibonite. | © Capture d’écran d’une vidéo de AdventureAyiti
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