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Retour sur 15 années d’échecs de l’ONU en Haïti

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Le mardi 15 octobre 2019, le Conseil de sécurité de l’ONU a mis fin à 15 années d’opérations en Haïti. Les deux missions, MINUSTAH et MINUJUSTH, avaient pour mandat d’assurer la stabilité et la paix. Pourtant, elles laissent le pays ravagé par des crises

Au début de l’année 2004, un soulèvement majeur a éclaté aux Gonaïves. Des turbulences ont également eu lieu dans d’autres villes du pays, quelques jours plus tard. Des rebelles ont conquis une grande partie du département du Nord.

Ces événements ont démontré l’incapacité de la police nationale d’Haïti à accomplir sa mission qui consiste à assurer la sécurité de la population.

Création de la Minustah

Plus tôt dans la matinée, le 29 février 2004, le président Jean Bertrand Aristide avait dû quitter le pays. Le soir même, le représentant permanent d’Haïti auprès des Nations Unies a appelé à l’aide pour gérer la situation d’insécurité qui régnait dans le pays.

Le même jour, le conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution autorisant des soldats de plusieurs pays à fouler le sol d’Haïti. Dans la même résolution, le conseil a annoncé qu’il était prêt à créer une force de stabilisation des Nations Unies.

Le 30 avril 2004, le Conseil de sécurité de I’ONU a adopté une résolution créant la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) sur le terrain pour une période de six mois. La résolution donne aux soldats des Nations Unies le droit d’entrer en fonction le 1er juin 2004.

La mission de ces soldats en Haïti était de créer un climat de paix, d’appuyer le processus politique du pays et de contribuer au respect des droits de l’homme.

Patrouille de la mission en Juin 2005 à Port-au-Prince. Photo: Sophia Paris / MINUSTAH

Échec du programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion

En 2004, la MINUSTAH a créé le programme Désarmement Démobilisation et Réinsertion (DDR).

L’initiative avait pour objectif de désarmer les bandits pacifiquement et de les réintégrer au sein de la société. Le secrétaire exécutif de la structure, le colonel Antoine Athouriste, avait estimé à plus de 200 000 les armes illégales en circulation dans le pays.

Si près de 20 millions de dollars américains ont été mis à la disposition du programme, ses responsables n’ont réussi à convaincre qu’une petite centaine de personnes à remettre leurs armes. La commission a ramassé quelques dizaines d’armes à feu. Et la grande majorité de ces armes était hors d’usage.

Selon un rapport publié en 2005, soit une année après la création du programme, par l’organisation « Small arms survey » basée à Genève en Suisse, environ 170 000 armes légères étaient illégalement détenues alors que la PNH n’en a enregistré qu’un peu plus de 20 000. Les gangs armés et compagnies de sécurité privée avaient en leur possession plus de 13 000 armes automatiques et semi-automatiques sur un total de 210 000 en circulation.

Des Casques bleus de la MINUSTAH accusés de viols et d’abus sexuels

Parmi toutes les accusations portées contre la MINUSTAH, les cas de violations des droits de l’homme restent l’une des plus récurrentes.

Sophie Perchellet est une chercheuse qui a publié une étude titrée « Construire ou reconstruire Haïti ? » Dans ce document, elle mentionne que depuis l’arrivée de la mission, les violences envers les femmes ont redoublé en Haïti.

« Considérant les soldats de l’ONU comme des personnes disposant d’importants moyens financiers, certains parents leur vendent les « services » de leurs enfants. Mais les forces armées de la MINUSTAH n’attendent pas toujours qu’on leur propose femmes et jeunes filles. Elles n’hésitent pas à se servir par elles-mêmes. Plusieurs cas de viols et de violences ont étés recensés », peut-on lire dans le document.

Mais, la majorité de ces agents n’ont été traduits devant aucune Cour de justice haïtienne. Comme le montrent les exemples suivants :

Moins d’un an après le débarquement en Haïti des soldats des Nations Unies, le 18 février 2005, trois agents pakistanais de la mission ont violé une jeune fille du nom de Nadège Nicolas. Jusqu’à présent, ce cas est resté impuni et classé sans suite.

Cent onze soldats sri-lankais de la MINUSTAH ont été accusés pour leur implication dans des cas d’exploitation sexuelle contre des filles mineures.

À titre de mesures disciplinaires, les Nations Unies n’avaient fait que rapatrier ces criminels le 3 novembre 2007 de sorte qu’ils répondent par devant les instances de jugement des infractions qui leur ont été reprochées. Malheureusement, la MINUSTAH n’a rien fait pour dédommager les victimes. Personne ne sait non plus si les criminels ont effectivement été jugés et condamnés dans leur pays.

Le jeudi 28 juillet 2011, au moins deux parmi les militaires uruguayens de la MINUSTAH, ont violé collectivement Johnny Jean, un jeune garçon de 18 ans. Deux autres militaires ont eux-mêmes filmé la scène. La vidéo du crime était diffusée sur Internet. Un tribunal uruguayen avait émis la sentence de deux ans et un mois de prison, pour les soldats. Mais, les accusés ne sont pas allés en prison, pour avoir passé moins de 3 mois en détention préventive en 2012.

En juin 2015, un rapport du service de presse de l’ONU a montré que plus de 200 femmes déclarent avoir eu des relations sexuelles avec des soldats en échange de services et de biens matériels : chaussures, téléphones, ordinateurs, argent liquide… Pour les femmes vivant en zone rurale, ce sont la faim, le manque d’abri et la pénurie de produits de première nécessité et de médicaments qui sont fréquemment cités comme facteur déclenchant.

Beaucoup des femmes abusées sexuellement vivent dans des villes de province. Un tiers d’entre elles ont moins de 18 ans.

Par ailleurs, seules 7 de ces femmes ont finalement dénoncé ces faits à l’ONU.

Des agents de la MINUJUSTH prennent part à une campagne contre l’exploitation sexuelle à Port-au-Prince en août 2019. Photo Leonora Baumann UN/MINUJUSTH

Des avocats dénoncent le manque de coopération de l’ONU

L’ONU s’est engagée à fournir une assistance et une coopération judiciaire aux victimes d’exploitation et d’abus sexuels (EAS). Mais, en janvier 2019, dans une lettre adressée à Jane Connors – avocate des droits des victimes de l’ONU – des avocats du Bureau des avocats internationaux (BAI) et de l’Institut pour la justice et la démocratie en Haïti (IJDH) ont démontré comment le « manque de suivi de l’ONU dans son engagement envers les victimes a rendu l’obtention de justice presque impossible pour [leurs] clients ».

Le Bureau des avocats internationaux (BAI) réunit des avocats qui représentent les mères d’enfants abandonnés par les Casques bleus de l’ONU dans le cadre d’actions en justice intentées par des avocats haïtiens.

La lettre démontre que l’ONU a refusé de fournir des preuves en sa possession, telles que le résultat de tests ADN qui sont vitaux pour la cause des mères, et viole une ordonnance d’un tribunal haïtien l’obligeant à le faire.

L’approche de l’ONU envoie un message alarmant de manque de respect pour le système judiciaire haïtien et l’État de droit », peut-on lire

La correspondance précise que l’ONU a également contourné les avocats des victimes en communiquant directement avec les victimes avec des informations critiques à leurs cas, leur refusant l’aide de leurs avocats en violation de la loi haïtienne. « L’approche de l’ONU envoie un message alarmant de manque de respect pour le système judiciaire haïtien et l’État de droit », peut-on lire dans la lettre.

Selon Sandra Wisner, avocate et boursière « Bertha Justice » à l’Institut pour la justice et la démocratie en Haïti (IJDH), « l’ONU n’a fourni qu’une assistance temporaire et inadéquate à certains de nos clients, tout en la refusant à d’autres, et n’a pas expliqué le raisonnement qui sous-tend ses décisions ».

La lettre précise que de nombreuses victimes « vivent dans des situations extrêmement précaires depuis un certain temps ; plusieurs enfants ont de graves problèmes de santé, tandis que d’autres familles sont sans abri ».

Le choléra importé par la MINUSTAH : environ un million de victimes

Le 22 octobre 2010, soit neuf mois après le séisme, le président haïtien René Préval annonce que la grave épidémie de diarrhée qui sévit dans la région de l’Artibonite est causée par le choléra.

Le 8 octobre 2010, un contingent de Casques bleus népalais est arrivé en Haïti, au camp Annapurna de la MINUSTAH à Mirebalais. Ils venaient d’achever leur formation à Katmandou, une région où sévissait le choléra à cette époque. Quelques jours plus tard, plusieurs habitants du village de Meille qui puisaient l’eau dans une rivière proche des toilettes du camp ont été infectés.

Depuis l’apparition de cette maladie, au moins 9 800 personnes ont perdu la vie et plus de 820 000 Haïtiennes et Haïtiens ont contracté cette maladie dont le pays était exempt jusque-là.

Depuis l’apparition de cette maladie, au moins 9 800 personnes ont perdu la vie et plus de 820 000 Haïtiennes et Haïtiens ont contracté cette maladie dont le pays était exempt jusque-là.

Le rapport du Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Philip Alston, a révélé que, le 16 ou le 17 octobre, une société d’assainissement sous contrat avec la MINUSTAH avait vidangé les réservoirs d’eaux usées du camp. Mais comme la fosse septique dans laquelle elles ont été déversées était pleine, « le moteur a rejeté le contenu et un grand volume de matières fécales s’est déversé dans la rivière voisine, qui se jette dans le fleuve Artibonite. Le lendemain, de nombreuses communautés en aval étaient infectées. »

Photo Logan Abassi UN/MINUJUSTH

Près de quatre ans après le premier déversement, un rapport de la Division de l’audit interne du Bureau des services de contrôle interne, dont la publication a été longtemps retardée, constate que le cadre réglementaire censé améliorer la gestion efficace des déchets par la MINUSTAH était encore insatisfaisant, avec une note indiquant que « d’importantes défaillances critiques et/ou généralisées » persistaient.

Professeur à la faculté de médecine de Sorbonne Université, chercheur et chef du service de parasitologie à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière, Renaud Piarroux est un spécialiste du choléra. Il a fait savoir qu’il n’a jamais vu une épidémie de choléra démarrer avec une telle violence.

L’ONU admet enfin sa responsabilité

Malgré des études, l’Organisation des Nations Unies a pendant longtemps nié son implication dans la propagation de cette épidémie. En août 2016, elle a fait volte-face.

Farhan Haq, porte-parole adjoint de l’organisation, a déclaré : « Au cours de l’année écoulée, l’ONU a acquis la conviction qu’il est nécessaire de faire beaucoup plus en ce qui concerne sa propre implication dans le foyer initial et les souffrances des personnes touchées par le choléra. »

Plus tard, le jeudi 1er décembre 2016, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon devant l’assemblée générale de l’ONU prononce un discours où il reconnaît officiellement le rôle qu’ont joué les Nations Unies dans l’épidémie de choléra qui ravage le pays : « Nous n’avons tout simplement pas fait assez concernant l’épidémie de choléra et sa propagation. […] Nous sommes profondément désolés pour notre rôle. »

 Au nom des Nations Unies, je vais vous le dire très clairement : nous nous excusons auprès du peuple haïtien. Ban Ki-Moon

Pour la première fois, il présente les excuses de l’organisation : « Au nom des Nations Unies, je vais vous le dire très clairement : nous nous excusons auprès du peuple haïtien. » Et, il a présenté formellement à l’assemblée un plan pour aider les familles des victimes de l’épidémie et mieux lutter contre la maladie.

Photo Logan Abassi

Des soldats de la MINUSTAH tirent à hauteur d’hommes

Le 20 décembre 2006, un étudiant en troisième année au Centre de Formation classique et économique (CFCE), Stéphane Durogène, a reçu des projectiles à l’œil gauche tirés par des agents de la MINUSTAH alors qu’il passait près du Commissariat de Delmas 62.

La même année, les soldats de l’ONU ont tué 17 civils dans le quartier pauvre de Cité Soleil. Cependant, l’ONU a nié les accusations. Elle rejette le fait que les soldats ont tiré sans discernement. Elle affirme que l’opération visait des gangs armés impliqués dans des enlèvements récents dans la ville. Sous le contrôle de la force onusienne, Cité Soleil a été victime d’enlèvements et de crimes.

Le 12 mai 2011, Géna Widerson, élève en septième année fondamentale au Collège Centre de Formation Classique de Verrettes, département de l’Artibonite, âgée de quatorze (14) ans, a été atteinte de deux (2) projectiles tirés par des agents de la MINUSTAH. Cet incident s’est produit au moment où des élèves du Lycée Jacques Stephen Alexis organisaient une manifestation contre la révocation d’un enseignant.

En décembre 2014, une vidéo d’un soldat de la Minustah a fait le tour du web. Dans la vidéo, on voit le soldat qui tire en direction des manifestants haïtiens, à hauteur d’hommes.

Fin de la MINUSTAH, Haïti sous tension

La Minustah a terminé officiellement son mandat, le dimanche 8 octobre 2017. Sandra Honoré, qui a dirigé la mission pendant ses quatre dernières années, a exprimé sa satisfaction avec modération.

Pendant 13 ans, la Minustah a eu pour mandat d’aider Haïti à retrouver une stabilité sociopolitique. Néanmoins, la cérémonie signant la fin de cette mission s’est tenue quelques heures après une nouvelle manifestation houleuse dans la capitale. L’opposition protestait contre le budget de l’administration Moïse, jugeant cette loi de finances défavorable aux plus pauvres.

Corruption, pauvreté, pénurie de produits essentiels, les raisons de la colère sont nombreuses. Or c’est dans ce contexte que l’ONU a retiré ses soldats pour laisser sur place un Bureau consultatif et politique.

Cette mission a toujours été perçue comme une armée d’occupation.

Photo Logan Abassi UN/MINUSTAH

La MINUJUSTH, deux années pour un piètre bilan

La Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) a pris le relais. Il a achevé son mandat de 2 ans et mis fin à 15 années consécutives de Mission de maintien de la Paix en Haïti. La représentation onusienne dans le pays se décerne un satisfecit pour « les progrès » réalisés par Haïti, dans le cadre de son partenariat avec la MINUJUSTH. Ce, dans les domaines suivants : État de droit, droits humains et police.

À cette occasion, la mission a fait le bilan des progrès réalisés par Haïti lors des derniers 18 mois dans le cadre de son partenariat avec la MINUJUSTH.

Ce tableau résume le bilan de la MINUJUSTH en Haïti.

Renforcement de la Police nationale d’Haïti

Au cours des 24 dernières années, la PNH a formé 30 promotions de policiers. Entre juin 2004 et mai 2019, dans le cadre du partenariat entre la police, la MINUSTAH et la MINUJUSTH, le nombre d’agents formés est passé d’environ 2 500 à 14 911.

Serge Therriault est le commandant de la composante de police des Nations Unies (UNPOL). Il souligne les avancées des 14 dernières années ayant progressivement permis à la PNH de réaliser presque toutes ses opérations sans l’appui de la UNPOL. « Depuis le début de la MINUJUSTH, 150 officiers-cadres de la PNH, déployés dans tout le pays, ont bénéficié de mentoring et de transfert de compétences en appui au Plan de développement stratégique 2017-2021 de la PNH. Nous avons été témoins de leur capacité et professionnalisme croissants, et nous savons que les femmes et hommes de la PNH ont ce qu’il faut pour servir leur peuple avec dévouement et fierté », a indiqué le Commandant de la UNPOL.

Pierre Espérance est le Secrétaire exécutif du Réseau national de défense de droits humains (RNDDH). Il fait savoir « c’est la seule partie où l’on peut trouver une note positive des missions de l’ONU. Connaissant le niveau de la police nationale en 2004 qui était très politisée et déstabilisée, les Nations Unies ont beaucoup aidé avec UNPOL, dans la professionnalisation des policiers. »

Entrainement des officiers de police par des agents de la MINUSTAH. Aout 2005, Port-au-Prince. Photo: Sophia Paris / MINUSTAH

15 ans après, une grande crise en Haïti

La MINUJUSTH, qui avait notamment comme objectif de renforcer les institutions judiciaires, se termine alors que le pays est en pleine crise sociale et politique. Depuis plusieurs semaines, des manifestations contre le président Jovenel Moïse ont eu lieu à Port-au-Prince et dans les principales villes de province. En marge de ces mouvements, il y a eu beaucoup de dégâts matériels et quelques pillages.

La nouvelle année académique devait débuter depuis le 9 septembre 2019. Jusqu’à présent, les portes des écoles sont fermées. Lors des mouvements de protestations devenus réguliers, plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie.

Le grand banditisme règne toujours en Haïti

Des bandits armés imposent leur loi tant dans la capitale haïtienne que dans les villes de province. Durant les 15 années des missions de l’ONU, les habitants des quartiers populaires de la région métropolitaine de Port-au-Prince ont vécu avec de grandes inquiétudes à l’esprit. Des tirs incessants sont régulièrement entendus notamment à Grand-ravine, Cité de Dieu, Martissant, Cité Soleil, etc.

Les affrontements entre gangs sont devenus quasi quotidiens dans la capitale et la majorité des routes nationales menant dans les villes de province sont régulièrement bloquées par des individus armés. La Commission nationale de Désarmement de Démantèlement et de Réinsertion (CNDDR), mise en place en mars 2019, estime à environ 80 le nombre de ces structures criminelles.

Peut-on faire confiance à la nouvelle mission ?

Depuis 16 octobre 2019, une nouvelle Mission spéciale politique (appuyée par le Gouvernement d’Haïti) met en place le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) créé sous le Chapitre VI de la Charte de l’ONU, doté d’un mandat initial de 12 mois. Le BINUH est doté d’une trentaine d’experts de haut niveau. Il est chargé de conseiller le Gouvernement haïtien sur les moyens de promouvoir et de renforcer la stabilité et la bonne gouvernance, y compris l’État de droit et d’épauler Port-au-Prince dans les domaines des élections, de la police, des Droits de l’homme, de l’administration pénitentiaire et de la réforme du secteur de la justice.

À ce jour, l’ONU n’a pas tenu ses promesses de dédommager les victimes de violations des droits de l’homme

Cependant, il y a des problèmes énormes qui ont terni l’héritage de maintien de la paix de l’ONU en Haïti, relate Sandra Wisner. À ce jour, l’ONU n’a pas tenu ses promesses de dédommager les victimes de violations des droits de l’homme et « nous avons vu à quel point cela avait sapé profondément et de manière compréhensible la crédibilité de l’ONU en Haïti. En Haïti, le logo de l’ONU est associé aux abus et à l’impunité », précise l’avocat de l’IJDH.

Selon Pierre Espérance, les deux missions MINUSTAH et MINUJUSTH laissent un mauvais souvenir pour les Haïtiens. Malgré, leur présence dans le pays, il y a une insécurité insupportable. Les gangs armés sèment le deuil, la destruction et le chaos presque partout en Haïti. « Depuis la présence de la Minustah en 2004, on lance des commissions pour désarmer les bandits. Mais, à chaque fois, ce sont des millions de dollars américains qui sont dépensés pour rien. »

Le défenseur des droits humains affirme que jusqu’à présent, « il n’y a pas d’État de droit dans le pays. Et aussi, en ce qui concerne le renforcement de la justice, la lutte contre l’impunité et la corruption, les missions n’ont pas donné de bons résultats. Il s’agit de quinze années d’échecs. » Personne ne peut confier le pays, à une nouvelle mission onusienne, estime Pierre Espérance.

Photo Logan Abassi

Compte tenu de ce manque de légitimité et l’importance de la crédibilité pour l’efficacité, ajoute Sandra Wisner, il sera difficile pour la nouvelle mission politique de l’ONU de s’acquitter du mandat qu’elle s’est fixé, qui est de promouvoir la stabilité politique et la bonne gouvernance.

« L’ONU est une organisation dotée d’un mandat unique de la communauté internationale pour la promotion et la protection de tous les droits humains. Au cours des quinze dernières années en Haïti, elle avait pour mandat le renforcement de la sécurité, l’instauration de l’État de droit et la promotion des droits humains. Comment la nouvelle mission politique de l’ONU peut-elle être prise au sérieux si l’Organisation ne peut s’en tenir à ces mêmes normes ? », se demande l’avocate Sandra Wisner.

Journaliste à Ayibopost. Je m'intéresse à la politique et à la culture.

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