En Haïti, protection sociale et sécurité alimentaire ne font pas bon ménage. Certains osent même parler de l’absence d’une prise en charge effective des couches sociales les plus vulnérables. D’autres parlent de l’inefficacité du système de protection sociale en Haïti par rapport à son caractère restreint. Or, on sait que sans protection sociale, les couches défavorisées, les personnes vulnérables n’auront aucune possibilité de trouver des soins de santé, elles continueront à végéter dans la misère, à vivre dans la faim silencieuse et à se vautrer dans la pauvreté extrême.
Pour assurer la sécurité alimentaire de la population surtout celle des plus nécessiteux, il est impératif d’instaurer un système de protection sociale généralisé. Ce dernier est une urgente nécessité dans la mesure où cela permettrait aux individus qui vivent dans l’extrême pauvreté de trouver assistance et/ou aide alimentaire pour survivre.
– Vers une garantie de la sécurité alimentaire basée sur une approche de protection sociale en Haïti
« La protection sociale décrit toutes les initiatives qui : 1) transfèrent des revenus (espèces) ou des biens de consommation (aliments) aux pauvres ; 2) protègent les personnes vulnérables contre les risques pour leurs moyens d’existence ; 3) améliorent le statut social et les droits des exclus et des marginalisés”.
Cette approche sur la protection sociale montre le bien fondé de celle-ci dans l’atteinte de l’objectif de la sécurité alimentaire.
– Les contributions de la protection sociale à la sécurité alimentaire en Haïti
À bien réfléchir, la protection sociale peut, d’abord, contribuer à renforcer les actions pour lutter contre la faim, la malnutrition et l’insécurité alimentaire au bénéfice des couches les plus nécessiteuses. Ensuite, elle peut créer des conditions d’existence plus acceptables aux individus en s’appuyant sur les droits économiques, sociaux et culturels tels que le droit à l’alimentation, à la sécurité alimentaire et à la sécurité sociale.
En effet, la protection sociale peut être considérée comme un outil efficace pour diminuer le taux de personnes affectées par l’insécurité alimentaire dans le sens qu’elle attribue des supports financiers et alimentaires, assistance sociale et accompagnements aux pauvres.
Dans le contexte haïtien, nous n’avons pas encore un droit à la sécurité sociale proprement dit ou encore un système de protection sociale bien établi. L’un des instruments juridiques sur lequel le gouvernement s’appuie pour mener ses projets sociaux est la convention numéro 102 de l’OIT. Laquelle convention couvre des branches de sécurité sociale bien définies (soins médicaux, chômage, accidents de travail, vieillesse, maternité, invalidité, décès, maladie, prestations sous forme d’allocations).
Or, en Haïti, la sécurité sociale est couverte pour seulement quatre branches : la maladie, les accidents de travail, la vieillesse et les prestations familiales (Patrice Laventure, cours de sécurité sociale, FDSE, 2013). Cette faible couverture de protection sociale ralentit le rythme des bénéficiaires en Haïti. Et par conséquent, les contributions de ce secteur à la sécurité alimentaire deviennent très limitées dans le contexte haïtien. Si nous considérons la période allant de 2002 à 2012, nous constatons d’abord une absence de couverture de sécurité sociale pour le secteur agricole en Haïti, ensuite un manque de prise en charge des personnes vulnérables dans le pays et enfin un manque de solidarité entre riches et pauvres. Ce n’est que récemment que l’ex gouvernement haïtien a initié des projets sociaux, comme « Ti Manman cheri, Kore Peyizan, Ede Pèp, etc. » en vue d’assister les couches les plus défavorisées dans la société haïtienne sur le plan alimentaire. Toutefois, nous sommes conscients des innombrables faiblesses de ces projets et de l’impérieuse obligation de les cadrer avec la réalité du pays.
Depuis quelques années, la protection sociale est utilisée comme un moyen d’atténuer la vulnérabilité des populations et de s’attaquer aux problèmes liés à la faim. En quelques mots, sans la protection sociale, les problèmes alimentaires s’accentuent.
En effet, pour assurer la sécurité alimentaire de façon durable, il est important de prendre des mesures de protection sociale en faveur des couches les plus vulnérables. Et cette mise en œuvre passe nécessairement par l’établissement d’un cadre légal adéquat à la réalité du pays et permettant l’accès à une alimentation nutritive et saine.
– Mise en place d’un système de protection sociale en faveur de la sécurité alimentaire en Haïti.
La mise en place d’un tel système permettra non seulement d’instaurer un droit à la sécurité sociale en Haïti, mais aussi de créer les conditions d’existence de base pour assurer le droit à l’alimentation des personnes les plus vulnérables et surtout de renforcer les institutions clés travaillant dans le domaine (MAST, CAS). Alors, cette proposition répond à un besoin urgent de cibler les personnes qui sont en difficultés alimentaires et du coup d’apporter des réponses à leurs problèmes.
Me Uel Davidson OLIVIER
Coordonnateur général de la SOHASAN
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