EN UNEPOLITIQUERECOMMENDED

Profil tricolore : entre solidarité et haine…

0

Au cours de la soirée du vendredi 13 novembre 2015, un attentat est survenu en France, à Paris. Tout le monde est sous le choc. Les médias internationaux se mobilisent. Minute après minute, le bilan s’alourdit. Plus d’une centaine de morts, et encore plus de blessés. Les yeux du monde entier sont tournés sur Paris. Au Bataclan, les gens se préparaient à faire la fête lors du concert d’un groupe de rock tant choyé par les Parisiens. Au stade de France à Saint-Denis, il y avait un match de foot opposant la sélection française à celle de l’Allemagne. Aux alentours de la Ville lumière, les restaurants étaient bondés de fêtards. En quelques secondes, le décor a changé. Pleurs. Larmes. Cris de douleurs. La peur est partout. Et sans le vouloir, la fête allait prendre fin. Entre-temps, les chefs d’État du monde entier témoignent leur solidarité au peuple français. Le président français, François Hollande, décrète l’État d’urgence. Personnalités connues, artistes, internautes d’ici et d’ailleurs parlent du drame. Des mots pour soulager les maux, des prières improvisées, des fleurs, des bougies allumées, des pensées spéciales à l’endroit de ceux et celles qui ont perdu un proche ou un membre de leur famille pleuvent. On est tous Paris. Les hashtags #JeSuisParis sont sur tous les murs, dans tous les tweets, sur toutes les lèvres, et sont mentionnés presque partout. Peu de temps après, les Haïtiens qui étudient, vivent, ou tout simplement de passage à Paris, commencent à donner de leurs nouvelles soit en postant « je suis vivant » ou en utilisant l’option ‘’Mark Safe during Paris Terror Attacks’’ sur Facebook, afin de calmer la tension de leurs proches vivants en terre natale. Jusque là, plus de peur que de victimes haitiens. Un ouf de soulagement, et enfin on peut dormir la tête froide.

Le lendemain du drame, les réseaux sociaux s’alimentent très tôt ; et d’un coup, la toile devient tricolore… Les Twittos, les abonnés de Facebook et d’Instagram changent leurs photos de profil en bleu, blanc et rouge à l’effigie du drapeau français, pour exprimer leurs solidarités aux amis français et pour dire NON aux actes de terrorismes qui ravagent le monde. Du coup, c’est la polémique! La guerre froide entre Haïtiens sur les réseaux sociaux est déclarée. Pourquoi dois-je changer mon profil ? Pourquoi ne pas le faire? C’est la pagaille. Encore une fois on a prouvé à tout un chacun qu’on est loin d’appliquer les notions de tolérance et de respect mutuel. L’opinion personnelle exclut-elle le choix de l’autre? Ici, on s’en fout pas mal! Certains ont même bloqué d’autres à cause du simple changement de photo de profil. Quelle banalité! On s’entredéchire pour rien.

Pourtant, Amélie Baron, Française d’origine et envoyée spéciale de Radio France internationale (RFI) en Haïti depuis environ cinq (5) années, n’a pas rendu son profil tricolore. Pourquoi? « Pas de filtre tricolore sur ma photo : aucune option similaire n’est offerte aux amis libanais, syriens, afghans, irakiens… » a-t-elle souligné. Et elle reste ferme sur sa position. N’empêche que nous autres Haïtiens profitons de ce qui s’est passé là-bas pour parler de l’insécurité qui bat son plein à la Plaine du Cul-de-sac, de résultats controversés des élections, pour disputer sans aucune raison valable. Bref! On a tout mélangé. Dieu seul sait le nombre de frères et sœurs Haïtiens qui se sont déjà déclarés ennemis ouvertement à cause de cette stupidité. Qui a tort? Qui a raison?? Personne ne peut oser donner une réponse à ces deux (2) questions. Pour sa liberté individuelle, quelqu’un peut enterrer la fraternité à mille pieds sous terre. Et nous pensons à tort et à travers qu’on a ce droit. Le résultat? Juste un p’tit coup d’œil sur notre situation actuelle, et tout le monde aura la réponse.

Ce que j’ai pu retenir au cours de cette soirée tragique à Paris, c’est que jusqu’à date les grands médias et les autorités françaises ont évité de partager les photos des cadavres. En signe de respect pour les personnes disparues et leurs proches. Si seulement les internautes (Haïtiens en particulier) avaient pu copier cet exemple, ce serait formidable. Et aussi, si les Haïtiens d’ici et de la Diaspora pouvaient garder cette solidarité témoignée à l’égard du peuple français, entre eux, nous serions finalement comme nous le proclamons souvent un GRAND peuple.

Georgy Lundy

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *