Ces artistes dévoilent avec éloquence la détresse de la population haïtienne, terrifiée par la violence des gangs
AyiboPost vous propose de visiter la 277e exposition du Centre d’Art, à travers la voix et les propositions créatives des quatorze artistes prenant part à l’exercice, sous la direction du créateur Mario Benjamin.
Jusqu’au 31 août 2023, ces artistes dévoilent avec éloquence la détresse de la population haïtienne, terrifiée par la violence des gangs.
Parmi les expressions artistiques présentées figurent des dessins, des peintures, des sculptures ainsi que des œuvres s’appuyant sur les techniques de l’art numérique, telles que la vidéographie, la photographie et l’impression plexiglas, entre autres.
«Choisir de vivre et opter pour le statut d’artiste dans un pays tel qu’Haïti représente un acte de résistance, une forme de résistance en soi», a affirmé Pierre Michel Jean, lors d’une discussion organisée à la maison Dufort ce jeudi 27 juillet, par le centre d’art sous le thème : «Créer en temps de crise».
«À travers mes œuvres [photographiques], dit le photographe dont plusieurs clichés ornent les murs de la Maison Dufort, je cherchais à refléter comment cette situation me touche personnellement, à parler de moi, et à tenter de mettre en lumière les conséquences de la crise sur ma personne ».
Myke Joseph Surpris, artiste animé d’une énergie ardente malgré les difficultés économiques auxquelles il dit faire face, expose le lien étroit entre son art et les terribles vagues d’insécurité qu’il a lui-même endurées, ainsi que sa famille.
«En tant qu’artiste, déclare le ressortissant du quartier de Martissant, je suis confronté quotidiennement à ces problèmes, plongé dans un contexte de crise perpétuelle. Bien que je ne puisse affirmer que la crise représente ma seule source de motivation, car je n’ai connu aucun autre moment que celui que je traverse actuellement, mes créations sont souvent teintées d’une profonde violence. C’est là le reflet de l’environnement dans lequel j’évolue, un environnement imprégné de violence constante que je traduis dans mon art».
À travers cette exposition, le Centre d’Art veut inciter les spectateurs à méditer sur les événements en cours dans le pays et engendrer des débats sur la situation de violence. C’est ce qu’affirme Allenby Augustin, Directeur général de l’institution.
L’artiste Denis Maksaens a présenté dans l’exposition une œuvre numérique dans laquelle il se cogne la tête dans un miroir jusqu’au sang.
«La vitre symbolise les obstacles qui nous entravent et nous empêchent d’avancer», explique Maksaens. «Notre société fait face à de nombreux défis persistants, et tant que nous ne les résoudrons pas, notre progression sera entravée», continue l’artiste. «Cette vidéo est également un appel à tous les Haïtiens pour qu’ils s’engagent en faveur d’une nouvelle Haïti», poursuit-il. «Le changement ne viendra que lorsque chacun d’entre nous prendra conscience que nous sommes tous unis et interdépendants. Et pour réaliser ce changement, chaque individu doit consentir d’importants sacrifices.»
Parmi les diverses œuvres, on peut remarquer une exposition plutôt singulière comportant plus d’une dizaine de radiographies de thorax ayant reçu des projectiles. C’est une création de David Charlier, un artiste pluridisciplinaire. «Ces radiographies reflètent le mal-être d’une société, ou du moins mon propre mal-être en tant qu’individu faisant partie de cette société », déclare-t-il.
Francisco Silva, connu pour ses graffitis et la caricature, explique comment la situation l’affecte. «Nous ne pouvons pas créer comme nous devrions le faire, dit-il. Nous ne pouvons pas vivre pleinement notre folie artistique, nous ne pouvons pas travailler dans plusieurs domaines artistiques qui nous permettraient de nous exprimer plus facilement, et depuis un certain temps, nous avons l’impression d’être limités dans notre capacité de créer ce que nous devrions créer».
Dans l’une de ses œuvres intitulées «Suicide», Francisco expose les conditions sociopolitiques et économiques en Haïti. Il conçoit le suicide comme une action collective où le système se détruit de l’intérieur.
Outre les artistes haïtiens, un photographe togolais a également contribué à cette manifestation artistique. Koffi Seble a exprimé son plaisir et son honneur de participer à cet événement, se réjouissant de l’interconnexion entre les images de la vie quotidienne au Togo et la réalité d’Haïti. L’artiste souligne avoir conscience des liens étroits entre Haïti et les pays africains à travers «nos diverses histoires ancestrales».
Sous la direction de Mario Benjamin, quatorze plasticiens exposent leur travail à la Maison Dufort. Ce sont : Maksaens Denis, David Charlier, Jean Francisco Silva, Josué Azor, Pierre Michel Jean, Koffi Djifa Seble, Georges Akim, Jean-Robert Alexis, Bertho Jean-Pierre, Myke Joseph Surpris, Marc Constant, Pierre Louis Steevenson, Youvensky Despeignes.
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