AYIBOFANMEN UNEPOLITIQUE

Nous avons tous aidé à écrire « Ba’l bannann lan »

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« L’union fait la force mais qui fera l’union? » Kery James

Je n’aime pas écrire sur mon pays, encore moins sur sa situation politique. Je me considère humaine avant d’être haïtienne donc je préfère écrire sur des problèmes qui concerne l’humanité plutôt qu’Haïti. Mais quand, à cause de mon pays, mon humanité est remise en question, ça devient pour moi un devoir.

A l’école on m’a appris à être fière de ma race, à être fière de mon peuple, de mon histoire. Et ça été le cas, puis j’ai commencé à grandir et à mûrir, j’ai appris à vivre dans le présent. Je ne voulais plus être fière uniquement de mon passé mais aussi de mon présent. Je ne vais pas vous décrire mon présent vous le connaissez mieux que moi.

Depuis lundi, j’ai vu des gens condamner la stupidité représentée dans la meringue du président, j’en ai même fait partie. J’ai aussi vu d’autres la défendre avec la même ardeur. Maintenant que le peu de patriotisme qui me restait s’est fait la malle, je peux enfin y réfléchir en toute objectivité, j’ai pris du recul. J’aimerais vous livrer mes réflexions.

Si Son Excellence Monsieur est là où il est c’est parce que vous l’avez permis. En 2010, je n’avais pas encore l’âge de voter. Alors que j’étais mineure, vous aviez bien analysé la liste des candidats et vous avez choisi celui-là, la majorité a décidé qu’il sera le président de tous, y compris moi. Je me rappelle encore des manifestations après l’annonce des résultats où il ne figurait pas.

« Comme on fait son lit, comme on se couche ».

Le truc que je ne comprends toujours pas c’est que dès le début « nous » (je dis « nous » par pure compassion, histoire de ne pas avoir l’air de tout vous mettre sur le dos) savions à qui nous avions affaire. Comme me l’a si bien rappelé mon ami Sylvester : « j’ai entendu des gens prétendument formés, dire «nou pran nan twop moun a vès, ann eseye on delenkan», donc il est le résultat flagrant de l’échec de la classe politique contemporaine et aussi celui de la classe dite intellectuelle. »

Nous l’avons élu ! Les chiens ne font pas des chats et nous sommes loin d’être idiots donc nous savions pertinemment à quoi nous attendre. Ensuite, qu’avons-nous fait quand il a commencé à dérailler ? Nous nous sommes rappelés qui il est. Sur toutes les ondes, nous n’avons fait que parler de lui, mais bordel ! Oui j’admets qu’il est le président et que pour ça il mérite que l’on parle constamment de lui mais si l’image d’Haïti se dégrade vous êtes fautifs, nous sommes fautifs. Si Tilili pleure, si d’autres se font insulter c’est de notre faute, s’il a pu sortir cette meringue c’est de notre faute. Nous avons contribué à la déchéance de notre pays alors cessons de jouer les indignés, fallait y penser avant d’élire un « cas Lambert ». Nous avons passé 5 ans à nous indigner, à le traquer, à l’affubler de tous les qualificatifs, à quoi nous attendions-nous ? Au bonheur ?? A des remerciements ?? Nous savions qui il etait bon sang ! Nous avons creusé notre propre tombe. Et à ceux qui disent qu’il est un président (moi y compris), je me permets de vous rappeler (j’emprunte l’exemple criant de vérité de Sylvester) : « se pa paske w pran on poubèl, ou pentire l pou w konprann li pa toujou ret on poubèl ».

« Qui sème le vent récolte la tempête ».

Avons-nous retenu la leçon ? A la vue des récentes élections, permettez-moi d’en douter.

Néanmoins je comprends ceux qui se sentent outrés ou déçus. Quant à moi, c’est la colère qui m’avait animée mais depuis je suis zen. Par contre maintenant, il y a autre chose qui me dérange.

Je viens de voir des images : « Je suis Sweet Micky ». Je vais poser la même question que j’avais posé lundi soir : « A quel niveau de démission patriotique sommes nous arrivés pour pouvoir légitimer ça ???? ».

Que nous ayons tous contribué à cela est une chose, que nous l’acceptons en est une autre. J’ai vu des gens que je prenais pour des êtres instruits cautionner ce qui se fait avec pour seul argument, c’est de notre faute, c’est parce que nous l’avions insulté. D’une part, ils ont raison mais de l’autre je ne répondrai que ça : « Sommes-nous vraiment en train de parler du Président de la république » ? Parmi toutes les façons qui existent pour redorer son blason, il a choisi celle-là. Ou bien il a fait exprès et se fout royalement de redorer son blason ; ou encore Dieu a oublié de le pourvoir de matière grise. On parle d’un pays, pas d’une cour de récréation mais bref, avançons.

J’ai aussi entendu : « Ce n’est pas le pire de nos présidents alors cessons de lui envoyer la pierre » ou encore « Tu ne peux pas faire mieux alors cesse de juger, la critique est aisée mais l’art est difficile ». Je répondrai : «  Qu’il soit le meilleur ou le pire personnellement je m’en beurre les noix , ce qui nous indigne c’est sa réaction immature face à des journalistes qui ne faisaient que leur boulot. Le fait que je ne puisse faire mieux ne me donne pas le droit d’accepter qu’il me rabaisse en tant que personne. Il y a d’autres personnes qui peuvent, j’en suis sure, il suffit de les trouver ou de cesser de les faire fuir ».

Enfin, certains pourraient croire que je ne suis pas si objective que ça mais je le suis autant que je peux. Pardonnez-moi de ne pouvoir être un vendu qui cautionne ce que fait celui qui est censé nous représenter face au monde entier. Ça fait longtemps que j’ai brisé mes chaines, alors pas question de me taire et d’accepter ça, non non je ne puis. Tout ce qui contribue à mon humanité crie un retentissant : NON !

La bêtise élevée au rang de l’art et la stupidité dans toute sa splendeur, vous pourrez me donner tous les arguments, je ne pourrais les cautionner. Le simple fait que je sois humain m’interdit de l’accepter !

Dark Ink

Image: Plezikanaval.com 

Saonha Lyrvole Jean Baptiste est etudiante en sciences du langage, amoureuse de musique et de lecture. L'ecriture est sa passion.

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