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Messi et Suarez ont réussi leur coup de pied de réparation

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Depuis que le 14 février Messi et Suarez ont exécuté indirectement, à la Cruijff-Jesper Olsen un penalty de Barcelone contre le Celta Vigo, les discussions et interprétations pleuvent. Je retiens surtout celle qui prétend que le tireur désigné, Messi en l’occurrence, verra inscrit à son palmarès avoir raté un penalty. Et le joueur qui a bénéficié de la passe et auteur du but, Suarez, sera crédité d’un but. En considérant la lettre et l’esprit de la loi 14 et l’esprit du jeu, je propose, pour ma part, qu’il faut :

1-Identifier officiellement cette forme d’exécution Penalty à deux.

Explication : cela devrait être « Coup de pied de réparation à deux », mais vu qu’en français, le nom officiel de l’exercice est précisément « Coup de pied de réparation », en conservant cette locution pour la forme d’exécution en débat, il s’y dégagerait une insupportable incohérence, car on ne peut pas donner deux coups de pied simultanés au ballon. En outre, parce que le coup de pied de réparation est défini comme un coup franc direct, c’est-à-dire une sanction qu’on peut exécuter sans restriction autre que ce qui est prévu par la loi, il serait aussi incohérent d’ajouter indirect pour qualifier ce coup franc.


2- Même si la balle est mise en mouvement, ce n’est pas dans le jeu que Messi et Suarez ont réussi leur coup de pied de réparation : c’est une passe décisive réalisée et un but marqué sur penalty à deux.

Explication : dans le jeu, pas de rituel comme sur balle arrêtée. On sait en effet que les joueurs de l’équipe sanctionnée sur ces coups francs doivent se tenir au moins à 9,15 mètres du ballon. Pour le coup de pied de réparation, il y a une différence : à l’exception du tireur désigné et le gardien, tous les autres joueurs, y compris les partenaires du tireur, doivent se placer derrière l’arc de cercle (manch malèt) qui marque la distance des 9,15 mètres automatiquement. Malgré la dualité de l’entreprise, mérite ou tort ne peut être également partagé. Le passeur qui rate est responsable de sa passe, le buteur de son action victorieuse. Je n’ai pas dit le tireur, parce que le but peut être marqué d’autres manières qu’en force, ce que ne permet de visualiser le mot tir.

3- Vous avez observé que la nomenclature du football parle d’Exécution du coup de pied de réparation  durant les 90 ou 120 minutes, mais de série de tirs au but pour départager les équipes en match éliminatoire.

Explication :

Dans la locution exécution du coup de pied de réparation, nulle mention n’est faite de tir, d’où le droit implicite, comme d’ailleurs le donne l’adjectif direct accolé à coup franc, d’exécuter la sanction comme on veut, par frappe directe ou par passe et but, ou passe, dribble et tentative de but. Donc, il est totalement impropre de dire que Messi a raté un penalty dans ce cas d’espèce. Faut-il l’ajouter, dans cette forme, le premier acteur ne tire pas, il passe. Les deux acteurs exécutent la sanction.

4- Est une argutie la démarche d’essayer de soutenir que l’arbitre ou les responsables des services statistiques des organes de presse sportive  ne peuvent pas savoir si un joueur a tiré ou a fait une passe. Donc, il serait normal qu’on ajoute une unité à la colonne des penaltys ratés de Messi. La vérité face à cette argutie est dite au point précédent : un coup de pied de réparation peut être exécuté par tir direct ou par passe et tentative de but…  Qu’on ait été surpris ou pas par la manœuvre de Messi, même le degré zéro de connaissance en football a bien vu qu’il s’agissait d’une passe. Ah ! On ne peut pas lire les intentions des gens…

Explication :

L’ »International Board » a légiféré jusque sur la tricherie des joueurs consistant à faire semblant d’être renversé par un adversaire pour bénéficier injustement d’un coup franc. Les arbitres, comme le public d’ailleurs, ne s’en sortent pas trop mal dans ce travail de discernement une infinité de fois plus complexe que les gestuelles de passe et de tir.

Conclusion :

Déjà sur les corners et coups francs les arbitres ont toutes les peines du monde à sanctionner les accrochages dans la surface de réparation. Ce penalty Messi-Suarez aggrave ces complications. Lors du Barça-Gijon joué trois jours après celui de Celta, tandis que Suarez s’apprêtait à exécuter un autre penalty, on a vu un joueur de Gijon s’acharner à obstruer la voie que pourrait emprunter Messi. Le même constat a été fait hier lors du Barça-Arsenal en 1/8e de finale de la Ligue des Champions.  L’International Board a du travail. Les journalistes du sport et les statisticiens n’ont qu’un seul effort à consentir : adapter notre nomenclature à la réalité du terrain.

Patrice Dumont

Patrice "Pepé" Dumont est professeur d’Histoire, Relation internationale et Communication. Journaliste et commentateur sportif, il dirige l’émission Sportissibo à Radio Ibo. Reste toujours impliqué dans la vie politique et sociale d’Haïti.

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