Le champagne et la vodka, indécemment surévalués, coulent à flots.
Les
Les hommes sont des conquérants avides qui cherchent à élargir leur harem et qui étalent leurs avoirs pour se sentir virils. Les filles sont des trophées raflés au reste du monde et doivent savoir se contenir pour scintiller comme il se doit sous les regards ébahis des aigries qui les envient.
Dans la foule, festoie le commun des mortels.
Là, se côtoient les aristocrates injustement destitués, les courtisans qui font tout pour s’assoir à la table des grands seigneurs et les tenanciers qui n’ont rien compris à l’intrigue qui se déroule sur scène.
Pour les premiers, tous les moyens qui leur permettent de redorer leur blason terni par la récurrence des scandales de salon sont à mettre en œuvre pour se réapproprier leur titulature d’apparat indûment enlevée. Pour les seconds, le port du masque est indispensable, l’anonymat qu’il confère permettant de se réinventer autant de fois que nécessaire pour mieux épater la galerie. L’Hypocrisie, l’Affèterie et la Vanité sont les modèles les plus prisés mais ont tendance à se sceller à la peau de ceux qui les portent.
Les troisièmes, insensibles à l’intrigue qui se déroule sous leurs yeux font de l’improvisation scénique. Fidèles aux pulsions qui les animent sur l’heure, ils surfent dans leurs bulles sur la vague d’un bonheur illusoire et éphémère.
Laissés en retrait, se retrouvent les serveurs qui se sont endimanchés pour cette illustre circonstance. Accoutrés de leur chemise râpée et de leur pantalon usé jusqu’à la corde, ces protagonistes invisibles foulent le sol de leurs pas entrainés à se faire inaudibles pour satisfaire les désirs fous des grands, s’afférant dans sous les sens, avec en équilibre sur les mains des plateaux alourdis par le poids de bouteilles dont la valeur marchande pourrait faire vivre toute leur famille jusqu’à la prochaine pleine lune.
Le rideau tombe et les décors s’effondrent.
Dans cette mise en scène, les intéractions entre les moun an wo, les moun nan mitan et les moun anba sont complexement simples. Mais ce genre de théâtre dépeint bien la réalité de ma ville; à la tombée du rideau, les masques restent collés aux visages et les costumes des personnages incarnés sur scène se scellent à la peau de tous les acteurs.
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