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Lyonel Trouillot | Les peuples finissent toujours par dire : c’est assez !

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Quelle haine de l’autre, quel appétit du pouvoir faut-il nourrir en soi pour considérer qu’un peuple puisse accepter cela comme sa destinée !

Je n’oublierai jamais cette phrase que m’avait sortie un représentant d’un pouvoir criminel : le pouvoir finit par produire du consentement. C’est la logique des dictateurs et des totalitaires : réprimez, réprimez, faites de la répression un état permanent, et les gens finiront par s’y faire.

Il y a aussi la célèbre phrase d’Henry Queuille : « Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. »

Ce sont les deux principes de gouvernement qui ont guidé les actions criminelles et l’inaction du gouvernement de facto de Ariel Henry et consorts. La répression par l’utilisation politique de la police nationale qui est allée jusqu’à tirer sur la population protestant contre la violence des gangs. La complicité avec les gangs installés dans les quartiers populaires et bloquant de fait toute organisation politique dans ces quartiers.

C’est la logique des dictateurs et des totalitaires : réprimez, réprimez, faites de la répression un état permanent, et les gens finiront par s’y faire.

Le mépris des revendications haïtiennes pour un gouvernement de transition issu d’un consensus, en se sachant protégés par les États-Unis, la mission des Nations Unies en Haïti et quelques affairistes de la bourgeoisie.

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Considérer un peuple comme des moutons osant à peine bêler ou comme des chiens qui aboient sans avoir la capacité de mordre, voilà l’attitude du pouvoir de facto depuis plus de deux ans. Quelle haine de l’autre, quel appétit du pouvoir faut-il nourrir en soi pour considérer qu’un peuple puisse accepter cela comme sa destinée !

Les syndicats, les églises, les professions libérales, la paysannerie, les classes moyennes défavorisées, les artistes et intellectuels, les fonctionnaires, les cadres de l’administration publique, tout ce vaste monde n’est rien et consentira à la perte de sens de l’existence, à vivre tous dans la peur et le plus grand nombre de la pauvreté, à renoncer à son droit de choisir des dirigeants dignes de ce nom.

Ce genre de pari de salaud finit toujours par se retourner contre ceux qui l’ont pris. Ce ne sont pas les déclarations farfelues et fascisantes de tel ministre d’on ne sait plus quoi, les magouilles et trahisons de tel avocat marron, les revirements intéressés de tel faux parti politique sans convictions ni base qui arrêteront l’inévitable. Les peuples finissent toujours par dire : c’est assez ! Et l’issue n’est jamais belle pour ceux qui sont allés trop loin. Plus ils s’acharnent dans leur logique, plus la fin sera dure pour eux.

Toutes les fois qu’on pense condamner un peuple au sursis, on n’est jamais soi-même qu’en sursis.

Par Lyonel Trouillot

Image de couverture : Des résidents de Carrefour-Feuilles fuyant l’attaque des gangs en août 2023 s’attroupent devant le quartier général des Forces armées d’Haïti pour solliciter leur secours. | © Jean Feguens Regala/AyiboPost


Visionnez notre émission spéciale « Chita Pale » réalisée en novembre 2023 avec Jacques Ted Saint-Dic, porte-parole de l’Accord de Montana, sur la crise globale du pays :


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Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

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