Jusque dans sa fin, dans son indécence sans limite, le gang de Musseau ne nous aura fait que du mal
Trois ans sans compte à rendre. Nommés par un mal nommé. Jouissant des biens publics. De salaires. De primes. Multipliant les voyages récompensés par les fructueux per diem.
Trois ans au cours desquels tout s’est dégradé dans tous les secteurs de la vie nationale. Trois ans au cours desquels les plus m’as-tu-vu se sont illustrés par des déclarations farfelues, les autres s’enterrant dans un silence qui a fait qu’on avait oublié jusqu’à leurs noms et leur existence.
Et voilà qu’aujourd’hui les sous-chefs du consortium que j’avais appelé «le gang de Musseau», après avoir magouillé pour ralentir le processus de création du Conseil Présidentiel, veulent le pourrir en prenant sur eux de modifier par décret les termes d’un accord politique entre les instances destinées à diriger ce conseil.
La solution semble déjà bancale. Elle n’a de chances de réussir que si elle est fondée sur un accord entre les parties qui la composent. Elle n’a de chance que si elle tient compte des revendications de la population haïtienne.
Trois ans au cours desquels tout s’est dégradé dans tous les secteurs de la vie nationale.
Voilà que les «ministres» d’un pouvoir de facto incompétent, illégitime, honni, dont le chef a dû prendre la fuite, mis en concurrence par la population avec les pires chefs de gang pour désigner celui qui a droit au titre d’ennemi public numéro un, veulent encore jouer les emmerdeurs avec un texte qui ne ferait des membres du conseil que des pantins et qui, en plus, leur fait des exigences qui ne pourraient que retarder leur installation.
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Les membres du gouvernement de facto ont passé trois ans à empocher notre argent en regardant nos enfants mourir sous les balles, nos quartiers et nos villes devenir des enfers à fuir, nos conditions économiques et sanitaires se dégrader, nos institutions s’effondrer. Ils ont fait mieux que regarder. Ils ont codirigé le processus général de destruction.
Non, la formule d’une célèbre chanson ne peut pas s’appliquer ici : «comme je n’étais qu’un salaud, je me fis honnête». Parfois on aura été trop salaud pour jouer, même par tromperie, la carte de la soudaine honnêteté.
La rumeur d’une prime de séparation (ils étaient donc mariés à leur fonction !), celle de demande de postes dans la diplomatie, celle de demande d’une promesse d’immunité ressemblent beaucoup plus à ce à quoi les ministres du gouvernement de facto d’Ariel Henry nous ont habitués qu’à une posture d’honnêteté. Retarder la prise de fonction du conseil, profiter encore un peu d’une gestion sans contrôle des biens publics, se positionner, plaire à la communauté internationale qui tient absolument à nous foutre des soldats dans les pattes…
Les membres du gouvernement de facto ont passé trois ans à empocher notre argent en regardant nos enfants mourir sous les balles…
C’est d’avoir accepté de pactiser avec cette logique de continuité qui donne encore du pouvoir à des gens qui auront des comptes à rendre. Car il faudra leur demander l’état de leurs biens avant et après leur passage au gouvernement. Certains sont déjà frappés par la sanction sociale du mépris et ne peuvent guère se montrer et parader comme par le passé récent. Voilà que les bénéficiaires d’une impunité qui n’a que trop duré viennent compliquer, retarder et affaiblir une proposition de solution déjà pas facile à mettre en place.
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Encore une preuve que toutes les fois que l’international nous entraîne dans sa logique de continuité, nous avons toutes les chances d’être perdants. On pourra demander aux instances impliquées dans la création de ce conseil pourquoi elles ont accepté de lui chercher une légitimité institutionnelle auprès d’un gouvernement dont le chef est en fuite et les membres déconsidérés par un peuple entier.
Jusque dans sa fin, dans son indécence sans limite, le gang de Musseau ne nous aura fait que du mal.
Par Lyonel Trouillot
Image de couverture : Des manifestants au Champ-de-mars en février 2024 protestant contre l’organisation du carnval dans un contexte d’insécurité alarmante. | © Jean Feguens Regala/AyiboPost
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