AYIBOFANMEN UNESOCIÉTÉ

Les fesses de F…

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F. fait partie d’une dizaine de femmes qui travaillent à l’agence. F. y est comptable, un poste qu’elle gère avec un savoir-faire apprécié par plus d’un.  F. est célibataire et aime la vie nocturne, les sorties entre amis, le chocolat et la mer. Ah ! Ça oui ! F. adore la mer. Ce qu’elle aime dans la mer n’est pas seulement le feeling du sable chaud, les caresses de l’eau tiède, la saveur inégalée des lambis grillés et la douceur de l’eau fraîche de noix de coco, ce qu’elle  adore, c’est se retrouver en bikini pour afficher ses superbes fesses rebondies à la J.Lo !

Ses fesses qui sont l’objet de dévotion de la gent masculine depuis son adolescence…  En mini-jupe, en jeans, en robe moulante, les fesses de F. font fureur !  Fermes, rondes, elles rebondissent et attirent les regards. Durant son adolescence, F. avait porté cette partie de son anatomie comme un fardeau. Ces fichues fesses l’empêchait d’entrer en relation avec le sexe opposé sans qu’on en arrive à en parler. Que ce soit à travers une remarque en apparence anodine ou une proposition indécente, lorsqu’on ne l’utilisait pas tout simplement pour l’injurier, « ak gwo boudò w la ! » Mais en devenant femme, F. s’est mise à considérer ses fesses comme une arme de séduction massive. Même l’homme haïtien qui court après les filles maigrichonnes sera toujours attiré par une belle paire de fesses bien rondes, cela elle l’avait compris.

Et de fait, au bureau, rares sont les hommes qui ne sont pas attirés par les fesses de F. On les compare entre autres à des pare-chocs, à des matelas, à des oreillers lorsqu’ils ne les surnomment pas tout simplement : dach, kamaz, mikama, bouda malevle, fè dèt ma peye, peye pote. Lorsque ce ne sont pas les hommes qui affublent de surnoms les fesses de F., et parfois en mimant un acte sexuel en tenant fermement F. par la taille (ce qui ne manque pas de susciter les rires goguenards des autres collègues masculins), ce sont ses collègues femmes qui rappellent à F. combien elle a de grosses fesses. « Mezanmi gade gwosè bouda F. nan yon pantalon ! », « Se F. inifòm nan fè byen, ak lajè bouda l sa a jip la byen plake sou li ! ».

Parmi les collègues masculins dont les fesses de F. sont le principal centre d’intérêt au bureau, il y a S. Il est directeur artistique et semble vouer une véritable obsession envers la partie inférieure de l’anatomie de F. Il en parle, il aime la taquiner à ce sujet, il l’explique souvent comment il y appliquerait volontiers de petites tapes s’il était à la place d’untel, c’est aussi celui qui mime le mieux l’acte sexuel qui lui offrirait une vue imprenable sur le panorama que peut offrir les fesses de F. en de pareilles circonstances ! Parfois, S. va jusqu’à se positionner derrière F. pour lui montrer comment il ferait….

Et  F. dans tout ça ? Et bien F. en rit ! F. se dit que les remarques des autres femmes sont parfois de la jalousie, car elles aimeraient sûrement voir cette partie de leur anatomie aussi bien pourvue ! Et quant aux hommes, elle prend leur comportement pour de l’admiration. Et pour récompenser cette assiduité et cet enthousiasme sans bornes, il y a quelques jours, pour les faire « baver » (selon son expression), F. a exécuté un petit twerk qui a déchainé un tonnerre d’applaudissements et des hourras à la cafétéria durant l’heure du lunch. Le vacarme fut tel que ceux qui se trouvaient à leur poste de travail ont eu un vent de panique et ont pensé que quelque chose de grave venaient de se produire !

F. n’est pas une salope ni une imbécile. F. a tout simplement grandi dans un environnement où on lui a appris à confondre admiration …et harcèlement sexuel… Mais si un jour F. décidait de porter plainte pour ce fait, on la traiterait tout simplement d’emmerdeuse féministe ; faisant ainsi chuter F. de son statut de madone aux fesses rebondies, à celle de lesbienne au bouda san…i !

Jowànn Elima Chachoute

J'écris parce que le monde est dégueulasse. Le jour où il ne le sera plus, je me mettrai au chant!

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