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La gale poursuit sa course en Haïti

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Un millier de cas sont recensés à Kenscoff

Plus de 1 000 personnes sont déjà diagnostiquées de la gale à travers plusieurs localités de la commune de Kenscoff, située dans le département de l’ouest selon l’épidémiologiste Paul Valéry. Ce médecin qui travaille à la Direction sanitaire de l’ouest (DSO) du ministère de la Santé publique et de la population (MSPP) rapporte que les personnes diagnostiquées présentent des signes de démangeaisons et des plaques de boutons sur la peau.

La maladie est aussi présente dans d’autres localités. Chili Bazile, membre du Conseil d’administration de la 7e Section communale du Morne de l’hôpital affirme être au courant de plusieurs cas dans sa zone. « On en a déjà informé la DSO », déclare-t-il.

Faute de confirmation épidémiologique des autorités, le CASEC affirme qu’il ne peut parler d’épidémie de gale. « Je ne suis pas en mesure non plus de fournir un chiffre exact sur la quantité ou le pourcentage de gens infectés, dit-il. Mais la quasi-totalité des maisons possède au moins un cas », fait-il savoir.

Jacqueline est l’une des résidentes de la 7e section communale. Elle rapporte avoir des lésions et des plaques de boutons sur sa peau. « On m’avait dit que c’était la rougeole, déclare la dame. Les médicaments utilisés pour me traiter ne produisent pas d’effets », dit-elle.

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La gale est une maladie parasitaire de la peau due à un acarien, le sarcopte scabiei. Elle provoque surtout des grattages de nuit. Cet acarien se multiplie, dans les zones à basse température. Il creuse des sillons et pond des œufs sur la peau, explique le Dr Paul Valéry.

La gale ne tue pas les gens. Cependant, indique le docteur Paul Valéry, certaines lésions peuvent affecter la peau jusqu’à provoquer d’autres formes de maladies.

Le climat semble avoir un impact sur la prévalence de la maladie. A Kenscoff, la température est généralement basse, il y a une carence en eau dans la région et les habitants vivent majoritairement en promiscuité.

« Les gens ne prennent pas quotidiennement leur bain à cause de la température, constate Dr Paul Valéry. En plus, la zone est pluvieuse de septembre à juin. »

La gale dans le pays ne date pas d’hier. En janvier 2021, le MSPP avait annoncé la présence d’une maladie contagieuse de la peau qui s’apparentait à la gale dans plusieurs localités du pays. Un nombre indéterminé de personnes étaient touchées dans les communes de Léogâne, Carrefour, Petit-Goâve et sur l’île de la Gonâve.

Le climat semble avoir un impact sur la prévalence de la maladie. A Kenscoff, la température est généralement basse, il y a une carence en eau dans la région et les habitants vivent majoritairement en promiscuité.

Le médecin généraliste, Melissa Bourciquot relate que la maladie de la gale peut être facilement prise en charge. « Le traitement peut durer trois à quatre jours maximum avec le médicament dénommé benzoate de benzyle. Le traitement doit se faire sur tous les occupants de la maison », fait savoir Dr Melissa Bourciquot.

Dans une note parue le 14 avril 2022, le MSPP a alerté le public de la circulation d’une forme d’infection cutanée qui s’apparente à la gale. Selon le ministère, les personnes présentant des signes de démangeaisons, de lésions cutanées et de grattage de nuit devraient se rendre dans un centre sanitaire de santé pour une prise en charge.

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Le médecin Melissa Bourciquot s’occupe d’au moins deux cas de gale quotidiennement dans un centre hospitalier à Pointes Raquettes, sur l’île de la Gonâve.

« Les lésions sont beaucoup plus bizarres et elles ont tendance à se modifier à chaque instant », indique-t-elle.

Selon la spécialiste, la maladie épargne le visage. Cependant, elle peut atteindre n’importe quelle autre partie du corps, surtout la fente des doigts. Le médecin conseille d’éviter le contact direct et prolongé avec le corps d’une personne déjà infectée.

« Il faut aussi tremper, dans de l’eau bouillante, tout ce qui se trouve sur les lits et autres espaces aménagés pour dormir, déclare Bourciquot. Il convient de laisser des espaces pour faire entrer l’air dans les maisons habitables, désinfecter les vêtements, draps, les taies d’oreiller ainsi que les serviettes de bain », recommande la note du MSPP.

Pour la dermatologue Belinda Bijou, ces recommandations ne suffisent pas pour contrer la maladie. Si le MSPP était vraiment préoccupé par le problème, dit-elle, ils auraient lancé une campagne de sensibilisation pour traiter les gens et les inviter à consulter un dermatologue.

Fenel Pélissier est avocat au Barreau de Petit-Goâve, professeur de langues vivantes et passionné de littérature.

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