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Je n’en aurai jamais terminé avec Haïti

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Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d’autres non. Rares seraient ceux qui préfèreraient avoir une enfance désenchantée, étouffée et malheureuse à une autre fleurie sous les branches généreuses de quelques fortunes. De l’argent, de meilleures situations, une pigmentation différente, une autre famille, un pays différent: les (dé)raisons de maudire la nature sont multiples, personnelles et diverses.

Cependant, le capital de départ de chaque humain relève du hasard et du défi. Il s’agit de devenir ce qu’on est. Réussir son métier d’humain quel que soit la situation ; forger son destin dans le roc des déterminismes, écrire son histoire unique dans le grand livre de la vie, sans tambours ni gémissements. S’énerver contre ce qui n’est pas de notre ressort est non seulement méconnaître la vie mais une fuite d’énergie et de temps que jamais on ne rattrapera.

Si les circonstances et le travail le mette en position d’être considéré comme un projet réussi parmi les hommes, c’est sans prétentions et sans vaine arrogance que l’humble siègera parmi les siens. Non pour être servi mais pour servir. La fin de l’homme est de vivre une existence utile à lui et à sa communauté en accord avec la nature.

De ce fait, dire qu’on en a terminé avec son pays, qu’on le délaisse pour de meilleurs cieux, car il n’y a pas assez d’intellectuels à son goût, pas assez de directeurs d’opinions intègres etc., c’est s’insulter soi-même et ne pas porter son regard au-delà de ses propres aspirations.

Le développement est un processus. Il dépend des situations et du caractère de chaque peuple. S’il faut se plaindre qu’en Haïti les vœux d’émancipation et de réalisation complète de soi dans la dignité de la masse tardent à faire corps avec la réalité, ce n’est en rien une raison pour s’avouer vaincu et du même coup, jeter les voiles sombres du découragement sur des milliers de citoyens courageux qui s’évertuent silencieusement à tailler la pierre sur laquelle la nouvelle Haïti sera fondée.

L’amour du monde se pervertit quand il conduit à la haine et au dégoût de soi! Le cosmopolitisme est un éloge de la différence, le refus des œillères communautaristes mais aussi un culte à l’effort continu pour mettre les peuples en diapason sur les rives du progrès! Le monde s’offre à nous. Il est plein d’opportunités mais souffre de partout. Commençons par l’améliorer ici, en Haïti. Il n’y a pas meilleur entrainement.

Widlore Mérancourt est éditeur en chef d’AyiboPost et contributeur régulier au Washington Post. Il détient une maîtrise en Management des médias de l’Université de Lille et une licence en sciences juridiques. Il a été Content Manager de LoopHaïti.

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