AYIBOFANMEN UNESOCIÉTÉ

Huitième ciel pour le 8 mars!

0

Ce matin, je me suis réveillée du mauvais côté du lit. Je n’étais vraiment pas d’humeur. Je déteste me sentir de la sorte. Je devais donc trouver de quoi me remonter le moral. Dans ces moments-là, il n’y a qu’un seul remède : une bonne partie de plaisir accompagné de quelques orgasmes. J’allongeai la main vers ma table de chevet où monsieur Dildo se reposait tranquillement dans le tiroir entr’ouvert. Je ne pouvais le blâmer. Nos ébats de la nuit dernière avaient été torrides et l’avaient laissé K.O. Rien qu’à y penser, j’ai commencé à sentir l’envie s’emparer de moi. Je sentais monter la température, j’avais chaud et l’excitation était à son paroxysme. J’ai commencé à me toucher. J’ai caressé langoureusement mes seins, j’ai mis ma main dans mon entrejambe et j’ai doucement glissé mes doigts, question de chauffer un peu plus le moteur avant de faire décoller la machine. Une fois prête, j’ouvris le tiroir, saisis mon ami d’une poigne avide et écartai les jambes anticipant le plaisir que me procurerait le va-et-vient rythmé accompagné de sa douce vibration. Il me pénétra puis… plus rien. Les batteries avaient lâché.

Je me levai de mauvais gré, enfilai ma robe de chambre et sortit en pour en chercher d’autres… Merde! J’avais oublié de refaire le plein. Contrariée mais fébrile, je retournai dans la chambre fouiller mon tiroir de chevet. Rien. Dans mon tiroir de sous-vêtements, rien… Un coup d’œil rapide au réveil posé sur ma table de nuit m’indique que n’aurai pas le temps de sortir m’en acheter de nouvelles. Je suis presqu’en retard, il faudra donc que je m’y fasse. Pas de nirvana ce matin! Les orgasmes devront attendre. Mais ce n’est que partie remise. Je rencontre quelqu’un plus tard. Une bonne douche froide saura me calmer et devrait me permettre de patienter jusqu’à ce soir. Heureusement que je n’avais pas encore décommandé.

Aujourd’hui, c’est la journée internationale de la femme, par conséquent c’est mon genre. Ce soir je compte fêter ça en beauté non seulement pour me rattraper de la magistrale déception que je me suis infligée ce matin mais surtout pour célébrer la femme que je suis. Eh oui, ce soir, ce sera torride et débauché! J’ai prévu la totale pour souligner ma féminité et ma sexualité dans toute leur intégralité. Naturellement le plaisir sera au rendez-vous car le monde dans lequel je vis ne fait pas de cadeaux aux femmes, encore moins aux femmes comme moi qui s’assument, embrassent pleinement leur sexualité et choquent leurs yeux chastes et leurs oreilles puritaines. Elles sont stigmatisées et jugées sans vergogne. Cela mérite bien que l’on s’offre un peu de plaisir pour décompresser.

Dans le monde où je vis, la femme est simultanément une roue de secours pour les hommes et une machine à procréation dont la mission est d’épouser, de prendre soin, de former et d’accompagner ses hommes, unique moteur de l’avancement et du progrès de la société, afin qu’ils puissent un jour prendre la relève des plus grands décideurs du pays. Malheureusement cette façon de penser, d’agir et de faire, ce mode de vie retenu et vertueux sont trop rangés pour mes gouts libertins.

Je suis fort heureusement une femme qui sait ce qu’elle veut, qui sait se prendre en main et se défaire des stéréotypes genrés et surtout des tabous et des censures qui les accompagnent. Le style de vie que je mène, personne d’autre que moi ne peut me le dicter et moi j’ai choisi d’explorer le sexe sous toutes ses coutures. Je connais ma valeur intrinsèque et je suis bien imbue de mes forces et de mes faiblesses que je repousse un peu plus chaque jour. Ni mon amour inconditionnel pour le plaisir charnel ni mes multiples parties de jambes en l’air sans lendemain n’y changeront quelque chose. Je m’assume dans mon intégralité et je suis capable des mêmes prouesses que mes pairs masculins, non pas parce que je suis pour l’égalité des sexes, non pas parce que je suis une féministe extrémiste mais tout simplement parce que je suis… Elle, l’incarnation même de la femme complète, de la femme forte et de la femme autonome. Ni les carcans sociétaux, ni les stigmates, ni les regards moralistes des autres ne m’enfermeront dans ce moule dépassé qui encourage les femmes à refouler et ce qu’elles sont, à réprimer ce qu’elles veulent pour rester pures, se marier, procréer et perpétuer un cycle obsolète. Rien ne me fera vivre en dénégation de ma personne pour mener la vie rangée prédessinée pour les femmes. Je mène un combat quotidien contre mes démons et je n’ai pour ennemi, adversaire, bourreau et sermonneur que ma personne.

Aujourd’hui, jour de la femme, je souhaite réitérer ma fierté d’avoir parcouru le chemin que j’ai parcouru et d’être devenue la personne libre je suis aujourd’hui. Parce que je suis une femme qui ne se laissera jamais dire qu’elle ne peut travailler dans tel ou tel domaine ou occuper telle ou telle fonction. Parce que je suis une femme qui fera toujours exploser les plafonds de verre. Parce que je suis une femme au même titre que toutes celles qui ont formé des avocats de renom, des entrepreneurs prospères, des présidents, des rois et des princes. Parce que je suis une femme qui un jour donnera naissance, élèvera et prendra des décisions pour faire de ses fils des hommes dominants et puissants de la société. Parce que je suis une femme qui se dressera toujours contre les discriminations sexistes qui handicapent les femmes. Car les hommes puissants je les forme, je les guide dans chacune des décisions qui les érigent en décideurs. Alors, en tant que femme, être humain et membre à part entière de la société qui me stigmatise en raison de mes choix non conventionnels, je m’affirme et je confirme non seulement mes valeurs et mes principes mais aussi mes désirs fous et mes envies dévergondées que nul ne saura ébranler avec ses jugements et critiques arbitraires.

Ce matin, j’ai mis en attente le huitième ciel. Mais ce soir, je fêterai tout ça en m’offrant une partie de jambes en l’air explosive et digne de ce nom, sans les complications des sentiments, sans l’attachement de l’amour parce que suis une femme à part entière et cela mérite absolument d’être souligné.

.

69

.

Out of all the things I could have chosen to explore, I picked the pleasures of the flesh to the great displeasure of my peers...

    Comments

    Leave a reply

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *