SOCIÉTÉTremblement de terre

Haiti vu par le photographe néerlandais Paolo Woods après le séisme

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Après le séisme de janvier 2010, suivant sa femme agronome, le photographe Paolo Woods s’installe aux Cayes. Pendant quatre ans, il écume Haïti, traque les puissances économiques, les stations de radio locales, les touristes de Jésus, le commerce des pèpè.

Au final, le portrait qu’il dresse du pays est non seulement une rupture avec les images stéréotypées d’un peuple réduit à son statut de victime universelle, il questionne aussi le fondement de l’organisation politique et sociale d’Haïti.

Avec le journaliste Arnaud Robert, il a publié le livre ÉTAT (LETA dans sa version créole) qui montre de manière anticipée la faillite mais aussi le profond désir d’État qui anime aujourd’hui peut-être plus que jamais les citoyens de ce morceau d’île.

Un homme récupère dans la cathédrale Notre-Dame de Port-au-Prince les fers abandonnés dans les ruines du séisme.

Camp de déplacés, sur un terrain de football appartenant à une église. Après le séisme, des habitants des quartiers informels (Jalousie, en arrière-plan) ont parfois installé des tentes dans les camps pour bénéficier de l’aide des ONG. Les campements les plus visibles, sur les places publiques, ont été démantelés. Pétion-Ville.

Le pasteur Terry Nelson, missionnaire américain, vit en Haiti depuis 25 ans. Il dirige une église protestante qu’il qualifie de non denominationnelle. Il ne parle pas suffisamment le créole pour prêcher, il est donc en permanence assisté par un traducteur. A côté de lui, sa femme Cary et de jeunes Américains venus en Haiti comme volontaires. Carrefour.

 

Les enfants de la famille Macius, dans leur tente à Canaan. Les parents travaillent. Croix-des-Bouquets. Haïti

Après le tremblement de terre, les places publiques de la capitale ont été occupées par des personnes déplacées vivant dans des tentes. Ici, une statue équestre de Jean-Pierre Boyer, président de 1818 à 1843, sert de support à une tente faite de bâches d’organisations internationales d’aide. Place Boyer, Pétion-Ville. 2011

Le tremblement de terre qui a frappé Haïti a irrémédiablement endommagé le palais présidentiel. En mars 2012, l’ONG de Sean Penn, JP / HRO, a financé la démolition du palais.

Une jeune fille est vue dans la ville des tentes qui s’est élevée juste en face du palais présidentiel sur la place du Champ-de-Mars au centre-ville de Port au Prince.

Masques en papier mâché représentant les neuf derniers présidents haïtiens, par ordre chronologique de droite à gauche, au carnaval de Jacmel. Le président Michel Martelly, à l’extrême gauche, tient la main de son Premier ministre, Laurent Lamothe. Jovenel Moïse n’est pas sur la photo.

Le gang Ti-Chinwa (Little Chinamen). Ils se rencontrent dans un refuge qu’une ONG leur a donné. Ils sont au centre d’une guerre des gangs qui fait rage dans les quartiers populaires de Port-au-Prince. Cité Soleil.

À l’Hôtel Karibe, sur les hauteurs de Port-au-Prince, deux animatrices goûtent un poulet frit après avoir dansé pendant des heures en marge du concert du chanteur local, J Perry. Juvénat, Pétion-Ville. Haïti

Mario Andrésol, un ancien militaire de Jean-Claude Duvalier, ancien chef de la Police nationale haïtienne, a récemment lancé sa propre ligne de vêtements. Il stationne sa moto Harley-Davidson dans son salon. Belleville, Pétion-Ville. Haïti

Ouverture de la nouvelle prison de Croix-des-Bouquets, au nord de Port-au-Prince. Le pénitencier était financé par le Canada. Les cellules ne devraient détenir que les personnes reconnues coupables, tandis que les criminels condamnés ne représentent qu’une petite fraction des détenus dans les prisons haïtiennes. Croix-des-Bouquets. Haïti

Julio Jean Pierre est animateur à la Télévision Nationale d’Haïti (TNH). Il se maquille quelques minutes avant de passer à l’antenne. Derrière lui, un buste d’Alexandre Pétion, président de la République haïtienne de 1806 jusqu’à sa mort en 1818, l’un des pères de la nation. Port-au-Prince. Haïti. 2012

Rémi Orsier, un employé français de l’ONG suisse Terre des Hommes qui gère un programme de lutte contre la malnutrition dans le sud d’Haïti. Le pays compte plus d’ONG par habitant que toute autre nation dans le monde. Les Cayes. Haïti

Un groupe de chrétiens américains de la Watermark Community Church à Dallas (TX) interagit avec des Haïtiens dans le petit village de Source Matelas, près de Titanyen. Ils passent une demi-journée dans un village, parlent avec aux villageois avec l’aide d’un traducteur, prient avec et pour eux, étreignent les enfants et les anciens et évangélisent. Une grande importance est accordée à la «libération des Haïtiens de Satan». Ce village reçoit au moins deux visites par semaine de touristes de mission lors d’un voyage organisé par Mission of Hope, une ONG chrétienne. Le monsieur au centre de la photo affirme qu’il demande toujours aux touristes de mission de prier avec son père vieillissant pour sa santé. Le père, à droite de la photo, semblait moins enthousiasmé par les obligations de prière très régulières. Haïti 2012

Erol Josué, chanteur, danseur, directeur du Bureau national d’ethnologie et prêtre vodou (houngan). Il a vécu la majeure partie de sa vie d’adulte en France et aux États-Unis. Ici, il est dans son péristyle, ou temple du vodou, à Martissant. Port-au-Prince.

Réginald Boulos est médecin, importateur de voitures, propriétaire d’une grande chaîne de supermarchés, directeur de journaux et de stations de radio. Il est aussi actif dans les industries pharmaceutique et alimentaire. Descendant d’immigrants libanais, il écrit ses propres slogans publicitaires pour ses produits. Ici, il parle à l’un de ses employés. Pétion-Ville. Haïti. 2011

Salon de beauté « Milano ». Les employées prennent soin d’une Haïtienne d’origine syrienne, Zureki Zakour, vingt et un ans. Pétion-Ville.

Journée « portes ouvertes » organisée par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Les différents contingents paradent dans leurs costumes traditionnels. Port-au-Prince.

Service du dimanche à l’église Mission of Hope. La mission possède un terrain géant qui comprend des ateliers, une école pour près d’un millier d’enfants, un constructeur de membres artificiels pour les victimes du tremblement de terre et des entrepôts de nourriture. Titanyen.

Cérémonie d’investiture de Michel Joseph Martelly, 56e président d’Haïti. Dans la foule, debout sur un cheval, un homme est costumé en Jean-Jacques Dessalines (1758-1806), meneur de la Révolution haïtienne et premier chef d’Etat du pays. 14 mai 2011. Port-au-Prince

Un artiste, engagé par le comité de soutien de Juvenat au nouveau président, peint un portrait de Michel Martelly, le jour de l’investiture. Pétion-Ville.

Gregory Brandt est un homme d’affaires dont le grand-père, d’origine allemande, a émigré de Jamaïque au début du siècle dernier. Il préside la chambre de commerce franco-haïtienne. Dans le jardin de sa maison, à Pétion-Ville.

Philippe Dodard et son épouse, Raphaëlle Villard, dans leur salon. Philippe Dodard est artiste et directeur de l’Ecole nationale d’art ; ses sculptures abstraites apparaissent dans de nombreuses collections d’entreprises du pays. Raphaële Villard, elle, cultive des espèces rares d’orchidées. Montagne Noire.

Eric Jean-Baptiste, propriétaire de Père Éternel, la deuxième loterie nationale. Dans sa propriété qui surplombe Port-au-Prince. Boutillier.

Un bureau de borlette. Deux milliards de dollars sont investis chaque année par les haïtiens dans ces loteries privées, prés d’un quart du PIB national. Elles sont souvent appelées « banques » parce que les classes défavorisées y investissent leur argent. Camp Perrin.

Paolo Woods a vécu à Paris et en Haïti. Il se consacre à des projets à long terme qui mêlent photographie et texte. Il est l'auteur de six livres, dont «STATE» (avec Arnaud Robert) sur l'unicité et l'universalité d'Haïti, «Chinafrica» (avec Serge Michel) qui traite de la montée spectaculaire des Chinois en Afrique et «The Heavens» (avec Gabriele Galimberti) qui enquête pour la première fois photographiquement sur les paradis fiscaux.

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