EN UNEPOLITIQUESOCIÉTÉ

Haïti ou la complexité de la démocratie

0

Violences, fraudes […], le fiasco électoral du dimanche 9 août dernier, entraîne une nouvelle vague d’inquiétudes quant au devenir de la démocratie en Haïti. Surtout qu’on s’achemine vers une crise post-électorale, suite à ce scrutin, qualifié par certains observateurs comme une tentative de coup d’état électoral contre les valeurs élémentaires de la démocratie.

Voilà bientôt 30 ans après la chute de la dictature des Duvalier, Haïti trépigne encore sur une pente politique, que les plus nostalgiques de la civilisation appellent « transition démocratique ». Ce supposé processus politique, s’il ne faut pas en avoir honte de le dire, n’existe que dans les discours des vendeurs de rêves utopiques.

En effet, la démocratie comme système politique dans lequel on dit attribuer la souveraineté du pouvoir au peuple, n’est pas une manne du ciel, encore moins un don parmi les multiples dons de la communauté internationale. La vraie démocratie est plutôt la lutte politique de chacun et le réveil d’une conscience collective. Et c’est justement contre ce mur que se heurte le progrès de la démocratie en Haïti. Dans une société où il est facile de s’unir pour organiser des élections frauduleuses, détruire les acquis de l’État, la démocratie devient chimérique.

Du départ de Jean-Claude Duvalier à l’arrivée de Michel Martelly, le climat politique n’a pas toujours été favorable à l’épanouissement de la démocratie en Haïti. L’ancien chanteur et ses prédécesseurs se sont montrés rarement à la hauteur du défi de la la construction de l’édifice démocratique dans le pays. Au contraire, abus de pouvoir, mauvaise gouvernance, instrumentalisation de la police […], l’hégémonie de leur petite personne sont trop souvent passés avant le bien-être collectif de la population. Ces dirigeants oublient que la démocratie n’est pas seulement l’absence de la dictature; mais aussi la justice sociale au bénéfice de tous, sans exception.

La politique haïtienne de ces vingt-cinq dernières années est presque sans bilan positif. Sinon que les mêmes violences électorales qui nous amènent aux mêmes crises socio-politiques. Entre-temps, au nom de la très chère démocratie, le peuple est condamné à élire des dirigeants qui ne se soucient guère de ses conditions de vie. N’est-ce pas bien un projet à long terme, la transition démocratique en Haïti ?

Osman Jérôme (Twitter @bco185)

Image: AP/Dieu Nalio Chery

Animateur de radio, travailleur de Santé Mentale, blogueur à MONDOBLOG-RFI, contributeur à AyiboPost.

    Comments

    Leave a reply

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *