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Faut-il enlever les cuticules de ses ongles ?

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Même si les spécialistes ne se mettent pas toujours d’accord, ils restent convaincus que l’enlèvement brutal des cuticules peut avoir des conséquences graves sur les ongles

Au-delà des extravagances des séances de manucures, les ongles peuvent aussi révéler l’état de santé d’un patient. Selon que celui-ci soit atteint de pathologies au niveau des poumons ou du système immunitaire, un dermatologue peut en être au courant juste en voyant ses ongles. C’est ce que révèle la dermatologue Jessica Krant, fondatrice de l’institut Art of Dermatology. Cependant, l’ongle peut ne pas pouvoir jouer cette fonction révélatrice s’il est lui-même malade.

Au nombre des causes de pathologies de l’ongle, le docteur Jean Jacques Carré cite l’enlèvement des cuticules. Ce terme désigne la peau qui constitue le contour de l’ongle, chez la femme comme chez l’homme. En général, les spécialistes font peu de cas des nettoyages légers, mais déconseillent les interventions brutales et en profondeur dans les cuticules.

Après des soins esthétiques des ongles, certaines personnes rapportent pourtant ne pas pouvoir se servir de leur main. C’est ce qui est arrivé à Stéphanie Sainphirin, une dame d’une trentaine d’années. Après une journée dans un salon de beauté, Sainphirin sentait comme un courant dès que ses pieds rentrent en contact avec l’eau.

« L’esthéticienne a voulu enlever toutes les chairs qui se trouvaient au coin de mes ongles et elle a fini par me blesser gravement. Ensuite, elle a mis de l’acétone et du coton dessus pour arrêter le sang qui coulait. Cela ne m’a pas vraiment aidé. L’orteil s’enflait et, au bout de quelques jours, l’ongle est tombé », se souvient-elle.

Des instances de blessure

Le dermatologue Jean Jacques Carré pense que c’est une erreur que commettent souvent les gens quand ils touchent aux cuticules.

« Les cuticules empêchent que l’eau pénètre dans la racine de l’ongle. Quand on les enlève, l’ongle devient vulnérable et certaines fois, il peut même s’irriter », explique le spécialiste soulignant que l’application de la vaseline peut aider au cas où ces petites chairs causeraient un inconfort.

Dr Jean Jacques Carré rajoute que l’inflammation de l’ongle par suite de l’enlèvement des cuticules comme celle qu’a connu Stephanie Sainphirin au niveau de son orteil, peut être à la fois une réaction allergique et une infection bactérielle. « Si on ne le traite pas, cela peut conduire à la déformation et même au changement de la couleur de l’ongle. » C’est pourquoi le dermatologue recommande de ne pas enlever les cuticules ni les repousser.

Les cas sont légion

Selon Michel Chataigne, docteur en cosmétologie, les cas comme celui de Sainphirin ne sont pas isolés dans le pays. Parce qu’ici, d’après le cosmétologue, beaucoup s’occupent des ongles sans avoir aucune maitrise du métier d’esthéticien.

Chataigne ajoute que les cuticules se situent dans une partie de l’ongle qui est très sensible. « [Elles] sont comme des parasites qui vivent dans des cavités autour du doigt que l’on peut appeler la matrice de l’ongle. Si l’on attaque cette partie, on peut même perdre l’ongle entièrement. »

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Le cosmétologue propose aux esthéticiens de ne pas aller toujours vers les pinces coupantes et de bannir l’usage de certains matériels comme des grattoirs et des crédos (les lames de gilette) dans leurs studios.

« Ces matériels donnent de bons résultats, mais ne sont pas bons vraiment pour le corps humain. Dans les salons, les pathologies se transmettent beaucoup plus rapidement qu’on ne le pense. Parfois, on n’a pas besoin d’être blessé pour attraper une bactérie. Or, les traitements de ces pathologies peuvent durer longtemps ; environ trois ans pour certains. Dans mon salon, j’apprends à mes étudiants à prendre soin des ongles sans faire un usage abusif des pinces coupantes pour enlever les cuticules. »

Michel Chataigne explique qu’il y a des repoussoirs en courbe pour enlever les cuticules sans saignement ni douleur. Il recommande aussi de l’huile d’amande pour ramollir les cuticules. « Il y a des salons comme les miens où l’on fait des manucures pour les personnes diabétiques. Dans de tels cas, on n’utilise pas de pinces, coupantes ou pas. On enlève les cuticules avec des repoussoirs. Il y a maintenant des machines qui permettent le travail plus vite et mieux. »

Laura Louis

Laura Louis est journaliste à Ayibopost depuis 2018. Elle a été lauréate du Prix Jeune Journaliste en Haïti en 2019. Elle a remporté l'édition 2021 du Prix Philippe Chaffanjon. Actuellement, Laura Louis est étudiante finissante en Service social à La Faculté des Sciences Humaines de l'Université d'État d'Haïti.

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