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Événement Haïtien…#Enough #Haitians #Late

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Depuis près d’un mois, j’aspirais à la journée du 22 novembre 2014. Le jour où j’aurais la chance d’aller voir Carimi et Enposib LIVE à Montréal. En plus, ce soir-là, ces deux groupes allaient être accompagnés de DJ Bullet au Théâtre Telus.

Vivre à Montréal peut parfois être déprimant. La preuve, avec l’hiver qui arrive à grands pas, ce genre d’événements ne fait que me rappeler à quel point j’aime mon pays, sa chaleur, sa musique et à quel point je déteste le grand froid canadien. Je suis actuellement étudiante en Stratégies de production médiatique et culturelle et j’apprends, entre autres, à organiser des événements d’envergure. Consciente de l’effort et les coûts que peuvent engendrer ce genre de soirée, je me suis attelée à faire une promotion monstre pour ce spectacle. Ami(e)s, famille, bref! tous mes contacts Facebook étaient au courant. J’avais donc de grandes attentes envers cette soirée. Malheureusement, elles n’ont pas été satisfaites et moi, j’ai eu honte devant tous ceux que j’avais convaincus. Ne vous méprenez pas, je suis une fanatique inconditionnelle de DJ Bullet, de Enposib et de Carimi. Mais la question n’est pas là, puisque dès qu’ils ont commencé à jouer, j’étais aux anges.

Le vrai problème dans ce genre d’événement « haïtien », c’est l’organisation. L’un des buts premiers d’un événement est de rendre l’expérience mémorable pour les gens présents. Les clients, si l’on peut les appeler ainsi, doivent sentir que dès leur arrivée tout est pris en charge et qu’ils ne doivent penser qu’à s’amuser. Prendre pour acquis qu’un événement ne répondra pas mes attentes parce qu’il est organisé par des promoteurs haïtiens est pour moi une aberration. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je prends le temps d’écrire cet article.

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Sur mon billet, il est écrit que l’événement commence à 21h00. Je me présente  à 21h50 pour constater que  les amis que j’avais invités m’attendent dans la file, car la porte d’entrée est encore fermée. Il est 22h00 et rien ne semble bouger. Je m’impatiente et demande à un homme qui semble être en charge s’il est normal que les portes soient encore fermées. Peut-être que, pour vous, patienter une dizaine n’est pas si grave; mais pour moi, faire la file dehors, dans le froid montréalais n’a rien de vraiment plaisant. L’homme à qui je me suis adressée plus tôt me répond alors que les organisateurs ne sont pas prêts et qu’il attend leur signal pour ouvrir les portes.

C’est finalement à 22h30 que les portes s’ouvrent et qu’on nous permet, mes amis et moi, de nous engouffrer à l’intérieur pour échapper au froid. Après avoir déposé nos manteaux, nous arrivons enfin dans la salle. Elle est magnifique! Je dois reconnaitre que malgré l’incident des portes, la soirée s’annonce quand même bien. Je me dis que ça va aller, que je suis là pour avoir du plaisir et j’accepte de me laisser entrainer par le rythme des morceaux musicaux que DJ Bullet nous propose.

Une heure plus tard, je me prépare à accueillir les groupes de musique. Évidemment, je me dis qu’ils vont jouer plus longtemps que le DJ. Dans une soirée comme celle-là, si on décide d’articuler la programmation autour de la performance d’un DJ et deux groupes musicaux, c’est que, selon moi, on a établi le plan de la soirée en accordance, c’est à dire dire de sorte que les groupes de musique n’aient pas à imposer à leur public des performances en accéléré. 

Pourtant, c’est à 00h30 qu’Enposib, après 15 minutes de soundcheck commence à jouer. Je vous rappelle que je suis là depuis 21h50 et que le théâtre ferme ses portes à 3h00 du matin. Le chanteur du groupe, Medjy, glisse subtilement des excuses pour le retard et promet de faire son possible pour offrir une performance satisfaisante malgré le peu de temps qu’il lui reste sur scène. C’est à ce moment-là que j’ai compris que ça n’allait plus.

En tant que membre du public qui s’est présentée à l’heure, je m’attends à ce que les organisateurs et les groupes qui animent un spectacle m’en donnent pour mon argent. Il faut arrêter de manquer de respect, non seulement à moi, mais aussi au public en général. Enposib a joué pendant environ 1h15 pour laisser la scène, aux alentours de 2h00, aux membres du groupe Carimi. Ces derniers se sont alors empressés de terminer à 3h00, l’heure de fermeture du théâtre. Je vous explique pourquoi je conclus qu’ils se sont empressés : le groupe était en train d’interpréter sa chanson thème « Bang Bang » quand le chanteur, Mickael Guirand, précisant que dans les coulisses on lui rappelle que son temps sur scène est compté, décide de passer rapidement aux meringues carnavalesques.

À 3h25, j’étais déjà dans la voiture en direction de chez moi.

Mes chers compatriotes haïtiens et haïtiennes, le niveau d’organisation offert au public lors des événements que nous organisons est pourri. Si l’on s’attend à ce que le public arrive en retard, il sera toujours en retard. Alors quand vous prévoyez de débuter une soirée à telle heure, arrangez-vous pour la commencer à cette heure-là. Et, quand bien même la majorité du public ne se présenterait pas à l’heure, ceux qui seront au rendez-vous devront être satisfaits. Il est temps de cesser d’excuser ces comportements inacceptables des promoteurs haïtiens avec des justifications absurdes. Ça suffit avec les « C’est normal qu’on commence en retard, c’est haïtien ». Il est temps que nous cessions d’accepter n’importe quoi et que nous exigions un service de qualité! Cessons de niveler vers le bas, cessons de nous résigner! Une soirée organisée par et pour une clientèle haïtienne n’a pas à commencer en retard et n’a certainement pas à être décevante.

À quand les événements qui commencent à l’heure? Ceux qui mettent à la disposition du public des photobooth, par exemple pour le distraire pendant qu’il patiente? Ceux où les artistes n’ont pas à s’excuser du retard? Ceux où je peux apprécier chacune des performances incluses dans la programmation à sa juste valeur? Ceux où une heure ne sera pas assez pour profiter de la performance d’un groupe? Ceux qui ne me laisseront pas l’impression que même l’artiste-interprète désire m’en donner plus?

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Marina Mathieu

 

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