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Lyonel Trouillot | Espoir perdu ? pour des médias occidentaux

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Comment une chaîne de télévision ou un journal occidental peuvent-ils écrire en réaction à l’arrêt de la Haute Cour de justice du Kenya rejetant le principe de l’envoi de policiers en Haïti que cette décision « a tué l’espoir de ramener le calme ou la stabilité en Haïti » ?

Il n’a pas fallu attendre de récents événements meurtriers dans le monde pour comprendre que les médias n’informent pas « en toute objectivité » et que la question du point de vue n’est effacée qu’en surface. On le savait déjà que tel mettra en évidence tel fait plutôt que tel autre, convoquera l’expertise de tel spécialiste qui dira exactement ce qu’on a choisi d’entendre et de faire entendre.

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Haïti est sans doute l’un des pays à souffrir le plus de partis pris qui déforment plus qu’ils n’informent, brouillent plus qu’ils n’éclairent, n’offrent aucune possibilité de comprendre le rapport entre la conjoncture et le processus historique, et ne relaient pas les points de vue des personnes, communautés, peuples sur lesquels ils prétendent informer.

Comment une chaîne de télévision ou un journal occidental peuvent-ils écrire en réaction à l’arrêt de la Haute Cour de justice du Kenya rejetant le principe de l’envoi de policiers en Haïti que cette décision « a tué l’espoir de ramener le calme ou la stabilité en Haïti » ? Pleurons donc sur cette force salvatrice, attendue, espérée, que de méchants juges ont freinée dans son bel élan de solidarité !

Mais, au ciel des médias, de qui se moque-t-on ?

Déjà, il est louable qu’au Kenya comme ailleurs, les instances du pouvoir judiciaire rappellent à l’Exécutif les cadres juridiques et institutionnels desquels ne doivent pas sortir leurs actions. Elles ne le feraient pas qu’on parlerait de « républiques bananières », de pouvoirs « ubuesques », de « déficit d’institutions démocratiques ».

Il est louable qu’au Kenya comme ailleurs, les instances du pouvoir judiciaire rappellent à l’Exécutif les cadres juridiques et institutionnels desquels ne doivent pas sortir leurs actions.

Quant à l’espoir que représenterait pour les Haïtiens la venue dans leur pays de mille représentants d’une police dénoncée chez elle pour son arbitraire et sa brutalité, qui donc a fourni une telle « information » aux médias occidentaux qui la diffusent ?

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Trois sources possibles : un salarié des services de propagande du pouvoir de facto qui sévit en Haïti, un communiqué de l’ambassade des États-Unis, la porte-parole de la mission des Nations Unies. Aucune de ces instances ne peut dire ce qui est « l’espoir » du peuple haïtien.

Écoutez les médias haïtiens. Demandez aux citoyens : l’information véritable est que leur espoir c’est le remplacement de ce pouvoir de facto par un gouvernement issu d’un consensus national et qui serait alors susceptible de conduire le pays vers de véritables élections et de lutter contre la criminalité, laquelle est en grande partie une conséquence de la situation politique.

La vraie nouvelle reste le mécontentement des Haïtiens, leur demande d’un changement politique, qui prennent aujourd’hui la forme d’appels au départ du gouvernement de facto accompagnés de grèves et de manifestations.

Par Lyonel Trouillot


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Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

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