Je fus frappé d’incrédulité. Alors, pour de bon, cette jeune émirienne connaît le nom d’Haïti? Et rêve même de le visiter? En tout cas, son sourire, elle ne l’a pas caché sous la pudeur de son abaya noire lorsque mon passeport lui révéla ma nationalité. Je viens bien d’Haïti, ce
“J’espère un jour visiter Haïti”,
Bien entendu, je n’en avais aucune certitude. Et je n’en avais pas besoin non plus. Ce qui était sûr, c’est que cette jeune femme désirait visiter une terre à l’autre bout du monde et que moi je brûlais d’envie jusqu’à l’illusion que ce fut la mienne.
C’était quand même la première personne dans le monde à ne pas opposer un regard perplexe sur mes origines. En général, pour une présentation, j’avais beau marteler le nom de mon pays dans tous les accents du monde, avec ou sans la prononciation du grand H initial, mes interlocuteurs restaient devant moi pantois. Haïti? Connais pas. C’est quoi? Pour eux, je devenais vite une énigme fascinante.
“ Non, Haïti ne se trouve pas en Afrique”. La question revient presque toujours. En fait, ce serait tellement plus facile pour moi, si Haïti était un état africain. Ainsi, je me présenterais toujours comme un fils du continent noir et fin de la discussion. Mes racines seraient bien enfoncées dans le
Pourtant, c’est bel et bien là, dans ce carrefour même que se trouve mon pays: dans les Antilles. Et,
Désespéré, j’enchaînais avec d’autres références. “
Cela dit, il m’arrivait aussi d’être contraint de m’expliquer davantage. A ces occasions, je pouvais évoquer le passé glorieux du pays. “ Haïti fut la première…, Haïti fut la seule…”. Mais lorsque je réalisais que mon chauvinisme n’aidait en rien la conversation, c’était à chaque fois pour moi le comble de la désolation.
Il ne me restait qu’à citer la référence la plus récente, la plus fameuse, et la plus amère de mon pays: “le maudit tremblement de terre de 2010”. Et, c’est à cet instant précis que mon interlocuteur pouvait enfin m’apercevoir sur la carte du monde.
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