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Du captage de l’eau à la distribution, comment la DINEPA procède-t-elle ?

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La semaine du 18 au 23 mars 2018 est consacrée au Forum mondial de l’eau (FME) qui est organisé tous les trois ans dans un pays hôte. Cette année, c’est à Brasilia (Brésil) que se déroule ce huitième forum qui prélude la journée mondiale de l’eau de ce jeudi 22 mars. À l’occasion de cette journée de réflexion, de sensibilisation et d’action à l’échelle mondiale, il importe de faire un clin d’œil aux méthodes d’épuration et de distribution de l’eau par la DINEPA, organisme étatique responsable de l’exécution de la politique de l’État haïtien dans le secteur de l’eau potable et de l’assainissement. 

Cette année encore, comme assez souvent, le rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau dessine un tableau sombre et inquiétant quant à la disponibilité et l’approvisionnement en eau dans le monde. Près de la moitié de la population mondiale (environ 3,6 milliards d’habitants) vivent dans des zones potentielles de pénurie d’eau au moins un mois par an. Ces chiffres peuvent atteindre les 5,7 milliards en 2050. Parallèlement, la demande en eau a augmenté d’environ 1% au niveau mondial, et cette croissance devra continuer dans les vingt prochaines années.

En Haïti, 42% de la population n’avait pas accès à l’eau potable en 2016, selon une note d’information de l’Organisation des Nations Unies (ONU). L’approvisionnement en eau dans les foyers a nettement baissé entre 2000 et 2012, passant de 24 à 3%. Dans les villes, 35% de la population n’avait pas accès à l’eau potable en 2015. Autant de chiffres qui signalent que la problématique de l’eau est encore loin d’être résolue dans le pays.

Le choléra, dont la menace est encore présente sur le territoire, nous rappelle que l’eau, substance indispensable à l’homme, peut aussi être cause de mort quand elle est polluée ou non traitée. Comprendre les mécanismes de captage, de stockage, de traitement et de distribution de l’eau par la DINEPA est d’un enjeu capital pour l’augmentation et l’amélioration de la qualité de l’eau disponible en Haïti.

D’où provient l’eau distribuée par la DINEPA ?

Il n’est pas sans intérêt de rappeler que la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA) est la seule agence en Haïti capable de distribuer de l’eau directement dans les foyers. C’est aussi l’une des rares agences disposant d’un laboratoire pour l’analyse de l’eau. Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, l’eau distribuée par la DINEPA provient des puits de forage ou généralement des sources dont le captage est fait dans les flancs des montagnes. De ces sources émergent plusieurs petits points d’eau aux alentours, dont la combinaison donne lieu à des conduites ”d’adduction” qui transportent l’eau obtenue vers des boîtes de captage. Comme c’est le cas dans la région de Pétionville.

À partir de ces boîtes de captage reliées entre elles, les techniciens de la DINEPA calculent le volume total d’eau qui permettra de déterminer quel type de tuyau pourra la conduire dans un bassin de sédimentation. Arrivés à ce stade, tous les corps étrangers présents dans l’eau se réfugient au fond du bassin.

Le traitement

Le traitement se fait par chlore concentré dans un lieu appelé ”chambre de chloration” qui se situe entre la boîte de captage et le réservoir de stockage. Dans ce lieu, tout se produit en fonction du débit de la source. « Nous traitons l’eau par goutte de chlore en fonction de la quantité de litres débités par seconde. À mesure que le débit s’intensifie, nous augmentons le volume de chlore », explique l’ingénieur Wilkens Jean-Adolphe, chef de service du réseau de la DINEPA à Pétionville. « Lors de l’alimentation, nous faisons des prélèvements chez les abonnés à partir de certains points fixes pour nous renseigner sur la qualité de l’eau distribuée ». Les informations révélées dans les laboratoires par ces prélèvements sont ensuite envoyées aux responsables du réseau qui, si nécessaire, interviennent de concert avec les échantillonneurs et les agents de traitement.

Pourquoi l’eau du robinet n’est pas toujours potable ?

Normalement, si tous les principes de traitement sont respectés, l’eau qui alimente les foyers à travers des conduites souterraines (en provenance du réservoir de stockage), peut être qualifiée de potable d’après le technicien de la DINEPA. Le hic se fait sentir dès le moment où des tierces personnes qui, dans le but de tromper la vigilance de la DINEPA (bordereaux impayés), commencent à saboter les conduites d’eau. « À ce moment, les percements faits sur le réseau permettent l’intrusion de l’eau contaminée et d’agents pathogènes qui viennent polluer l’eau déjà traitée que nous distribuons », affirme l’ingénieur. Les personnes concernées sont sujettes à des sanctions financières qui peuvent varier en fonction de l’endroit où l’infraction a été commise et de l’étendue des dégâts causés.

Un autre phénomène peut se produire dans ce cas-ci. C’est celui de l’aspiration. Les conduits aspirent l’air du milieu qui rend insalubre l’eau qui circule lors de l’alimentation. « L’eau que l’abonné reçoit chez lui dans les quinze à vingt premières minutes n’est pas traitée », prévient l’ingénieur Jean Adolphe. Pour remédier à cette situation, une équipe technique est dépêchée sur place à chaque fois pour déterminer à quel niveau s’opère la fuite. « Car pendant l’alimentation, l’eau fera surface nécessairement », souligne-t-il.

Au niveau de la DINEPA, l’alimentation se fait par des lignes secondaires qui reçoivent de l’eau directement des lignes primaires, à travers des nœuds et des vannes. Pour la zone métropolitaine, l’on compte quatre agences (l’une à Carrefour, l’une à Port-au-Prince, l’une à Delmas et l’autre à Pétionville). Une autre agence est en construction à Tabarre. Dans cette zone, les habitants sont approvisionnés par des pompes, grâce au système de forage mis en place. C’est à partir des pompes que les réservoirs de Delmas 19, de Delmas 32, de Delmas 71 et de Nazon sont alimentés. Contrairement à Pétionville qui fonctionne dans un système gravitaire où l’eau est puisée essentiellement dans les sources. À Carrefour ainsi qu’à Port-au-Prince, le système est mixte.

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