Ce « biocharbon » ou « charbon vert » s’obtient par la carbonisation de résidus agricoles et ménagers biodégradables, riches en carbone.
Pour les besoins d’Haïti en énergie, des dizaines de milliers d’arbres sont abattus chaque année.
Afin de réduire la part du bois dans la production énergétique du pays — plus de deux tiers — et ses conséquences environnementales catastrophiques, un groupe de jeunes de Torbeck, dans le sud, expérimente les vertus du « charbon écologique ».
Ce « biocharbon » ou « charbon vert » s’obtient par la carbonisation de résidus agricoles et ménagers biodégradables, riches en carbone.
Le produit, peu polluant, peut s’obtenir de déchets organiques divers comme des rebuts de scierie, des déchets agricoles et de l’industrie agroalimentaire. Il sert à la cuisson, la braise ou le chauffage.
Depuis leur début effectif en mai 2024, les membres de l’Organisation des Jeunes Combattants Actifs pour le Développement de Burin (OJCADB) ont produit environ un quart de tonne de biocharbon en coopération avec Gwoup Fanm Franchiz ( GFF ) l’Université Notre-Dame d’Haïti (UNDH) des Cayes, selon Jhems Aristil, initiateur du projet.
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Pour la cause, la demi-douzaine de membres du groupe ramasse les pelures de banane, de manioc, de rachis de maïs, des feuilles d’arbres desséchées, des feuillages de manguiers…
« Notre objectif est de produire un combustible qui permettra aux ménages de faire la cuisson sans nuire à l’environnement », commente à AyiboPost l’agronome Jhems Aristil, l’initiateur du projet.
Aristil était encore jeune quand il visitait avec son père le Jardin Botanique des Cayes ainsi que plusieurs espaces verts locaux. Il finira par développer une sensibilité pour les questions qui touchent à l’environnement et aux changements climatiques.
Notre objectif est de produire un combustible qui permettra aux ménages de faire la cuisson sans nuire à l’environnement
L’idée de la production d’un charbon écologique est venue au jeune trentenaire en 2022. Il venait de suivre une formation en ligne sur la production du charbon vert avec des professionnels du Bénin, un pays de l’Afrique de l’Ouest.
Après des séances de production à faible intensité en 2023, l’agronome relance le projet du charbon écologique au début de l’année 2024. Il s’est fait accompagner d’un groupe d’habitants regroupés sous le label de l’OJCADB.
La production effective du charbon a commencé en mai de cette année avec une rotation quotidienne de journaliers, principalement des bénévoles.
Cette initiative nous permet de nettoyer plusieurs champs de la localité en échange de déchets biodégradables. Ce qui est bénéfique à l’environnement
-souligne Aristil.
Le charbon écologique est disponible pour la vente dans la commune depuis plusieurs mois, notamment sur le site de production.
Des séances de formation sont organisées par l’OJCADB au profit des habitants qui ne savent pas produire le charbon ou qui sont réfractaires à son utilisation.
La dernière séance de formation a eu lieu le 4 septembre 2024 et regroupait plus de 39 habitants de la localité.
Thérèse Olgat, soixante-quinze ans, est originaire de la commune et fait partie des premiers consommateurs du biocharbon. Lors des séances de production du combustible, elle donne ses services aux journaliers en approvisionnant en eau le site.
« C’est un produit qui a de nombreux avantages, commente Olgat à AyiboPost. Le charbon ne dégage pas de grosses fumées et ne noircit pas les dessous des marmites, poursuit-elle. C’est une initiative très intéressante pour endiguer la pratique de la coupe massive des arbres pour en faire du charbon de bois. »
Pour Carine Dorélus, une cliente torbeckoise de l’OJCADB, « cette initiative devrait être dupliquée à l’échelle nationale et ses initiateurs devraient obtenir des instances concernées aux questions climatiques une aide substantielle capable de booster considérablement la production du combustible ».
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Le charbon vert ou écologique présente plusieurs avantages tels que la préservation des écosystèmes forestiers par la résorption de l’abattage des arbres, la lutte contre le réchauffement climatique parce qu’il a une émission minime de gaz à effet de serre, l’assainissement des espaces urbains à travers la collecte des déchets biodégradables et la création d’une chaîne de valeur capable de générer des revenus depuis la collecte jusqu’à la consommation.
Aristil Junior est le doyen de la Faculté d’Agronomie de l’Université Notre-Dame d’Haïti des Cayes. Il a apporté son aide au projet du charbon écologique dans le cadre d’un projet sur le changement climatique avec l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID).
Pour le responsable, ce projet a attiré l’attention de l’université « parce qu’il allait dans le sens des velléités de protection de l’environnement au travers des axes prioritaires de l’institution, de leur sensibilité face à la problématique des changements climatiques et de cette pratique de résilience des habitants par rapport à ses conséquences. »
Par Junior Legrand
Image de couverture | Des travailleurs.euses sur un site de production du charbon écologique en mai 2024 à Torbeck. ©Jhems Aristil.
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