EN UNESOCIÉTÉ

Bienvenue en Haiti!

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Bienvenue Haïti, vieux frère !

Bienvenue dans ce pays mon ami, où la ruse  est synonyme de vertu. Bienvenue par ici où nos dirigeants savent exactement comment embobiner ceux qui les ont élu. Oui ! Viens mon frère, je t’invite à faire connaissance avec ce pays dont tu as pendant longtemps entendu parler dans les médias.

Bienvenue dans ce coin de terre où pasteurs et « blancs » s’unissent pour créer orphelinats, crèches et églises, aux fins de mieux répandre l’évangile ou plutôt de pouvoir mieux remplir leurs poches. Bienvenue dans ce jadis magnifique endroit où nos sénateurs et députés sont ignorants et invitent quotidiennement le peuple à « poze, poze nèt! »

Si tu acceptes de fouler le sol de ce pays, je t’inviterai à aller voir du côté de nos bidonvilles, des sourires qui s’estompent des visages de nos jeunes mamans, des filles-mères qui se prostituent pour nourrir leurs progénitures, des garçons de onze ans à qui l’on a appris à tenir une arme avant les salutations d’usage.

Tu seras certainement étonné de voir comment par ici nous Haïtiens, sommes résignés dans notre misérable quotidien. Tu verras comment se révolter pour revendiquer de meilleures conditions de vie est souvent mal perçu par ici. Les autres te diront qu’ici se taire est souvent mieux, pour ne pas périr, pour rester vivant…

Et puis, mon frère, tu apprendras ce qu’est la joie d’un enfant de six ans en voyant l’électricité dans sa maison, tu sauras ce que c’est de vivre sans rien espérer, de marcher sans aucun but.

Et tu verras nos piles d’immondices qui nous servent d’adresse, la circulation par ici t’énervera, nos universités te laisseront pensif, notre manière de construire nos maisons éveillera en toi une forte aversion.

Je te parlerai de notre système éducatif, de ces jeunes qui se livrent à toutes sortes de bassesse pour un smartphone, de ces parents qui délaissent leurs familles, de ces églises qui incitent leurs fidèles à délaisser leurs cultures pour mieux suivre les préceptes de Jésus, des incapables ambassadeurs culturels, des diplômés sans avenir…

Et quand, après avoir vu, écouté et entendu toutes ces vilaines choses, je te dirai qu’ici, nous sommes malgré tout un peuple fier. J’essaierai de te convaincre que sous ce soleil tout n’est pas vraiment fini pour nous et qu’un jour, peut-être demain peut-être dans une centaine d’années, lorsque nous parviendrons à nous accepter tels que nous sommes en tant que peuple, nous serons des artisans de merveilleuses choses.

Pradley Mental Vixama

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