Voilà la boue dans laquelle le CPT et ceux qui le soutiennent encore ont plongé ce pays. Un ambassadeur envoie un ultimatum à des conseillers-présidents, il n’est pas convoqué pour venir s’expliquer ! Un conseiller-président dénonce cet acte, et pas un communiqué du Conseil présidentiel ! Et lui-même ne somme pas ses pairs de se prononcer ! Dans ce merdier, qui est solidaire de quoi et de qui ?
On peut ne pas aimer Fritz Jean. Il est d’ailleurs probable que pas grand monde ne l’aime. Le sage dit qu’il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. Ni Fritz Jean ni l’ensemble de ses acolytes du CPT ne nous ont donné des preuves d’amour.
Qu’ont-ils fait sinon présider à une mascarade en mode donnant donnant ? Distribué des postes en partage d’influence. Légitimé la corruption en empochant à des fins personnelles les fonds destinés au service d’intelligence, donc à notre sécurité, en se solidarisant avec les trois membres accusés de ce que la population appelle un braquage et perdu ainsi toute crédibilité aux yeux de l’opinion publique.
Multiplié les voyages inutiles. Choisi et nommé deux premiers ministres qui n’ont rien fait allant dans le sens de la feuille de route que les accords qui l’ont fondé avaient fixée au CPT.
Sécurité, processus électoral, lutte contre la corruption, mesures sociales envers les plus défavorisés, réhabilitation des institutions de l’État, toutes choses qui ne pouvaient se faire l’une sans les autres.
Fritz Jean a raison sur un point.
Et lui donner raison sur ce point l’accuse plus que cela ne le flatte. Conille et Fils-Aimé et leurs gouvernements avaient pour mission de conduire des politiques répondant à ces objectifs. S’ils ne l’ont pas fait, et c’est clair qu’ils ne l’ont pas fait, c’est que l’autorité de nomination les a laissé faire et obéir aux ordres de secteurs sociaux amis et de certaines ambassades. C’est un peu tard pour un représentant de cette autorité de venir pleurnicher devant la nation de l’incompétence, de l’inefficacité, de la persévérance dans la désobéissance d’Alix Didier Fils-Aimé.
Multiplié les voyages inutiles. Choisi et nommé deux premiers ministres qui n’ont rien fait allant dans le sens de la feuille de route que les accords qui l’ont fondé avaient fixée au CPT.
La conférence en mode auto-défense de Fritz Jean est en soi une honte. Pour lui. Pour l’ensemble du CPT. Fils-Aimé fait ce qu’il veut à cause de l’indignité qui a caractérisé l’ensemble du CPT depuis sa création, obéissance quasi servile aux ordres de l’international, l’ingérence érigée en système, chaque membre du CPT étant plus occupé à placer ses pions pour augmenter sa part personnelle de pouvoir qu’à défendre les intérêts de la nation. C’est un deal avec des forces internes inscrites dans une logique de rapine et des ambassades qui a nommé Fils-Aimé, et ses contacts avec ces ambassades et l’appui de ces forces internes le font se sentir plus chef que les petits chefs qui l’ont nommé.
Voilà la boue dans laquelle le CPT et ceux qui le soutiennent encore ont plongé ce pays. Un ambassadeur envoie un ultimatum à des conseillers-présidents, il n’est pas convoqué pour venir s’expliquer ! Un conseiller-président dénonce cet acte, et pas un communiqué du Conseil présidentiel ! Et lui-même ne somme pas ses pairs de se prononcer ! Dans ce merdier, qui est solidaire de quoi et de qui ?
Il est louable de rappeler aux diplomates étrangers jouant les donneurs d’ordre les limites que leur imposent les conventions et traités. Mais ce rappel sera démagogique s’il ne mentionne pas les conditions de possibilité de tels actes d’ingérence. Ce n’est pas la première fois que des diplomates parlent ainsi au CPT, et ce n’est pas parce que sur ce coup les demandeurs et subalternes habituels que sont les membres du CPT n’ont pas eu gain de cause qu’il faut leur trouver une once de courage.
On ne peut donc aimer Fritz Jean, ni ce CPT, plaque tournante du vice et de l’indignité. Une telle affaire, et des conseillers qui touchent leur salaire et ne se prononcent pas. Comment peuvent-ils se regarder, regarder leurs enfants, le pays ! Ils doivent être trop occupés à gérer leurs grandes et petites affaires personnelles pour ne pas savoir que la honte qu’ils représentent inspire le mépris, voire le dégoût.
Je ne comprends pas les appels à manifester en faveur de Fritz Jean et de son nationalisme tardif. Certains membres du CPT ont tenté de négocier avec certaines ambassades la révocation de Fils-Aimé. Ils ne l’ont pas obtenue et se sont fait rabrouer, « sanctionner ». Et les voilà nationalistes !
Il faudra sans doute manifester, parler haut. Pas pour défendre Fritz Jean. Les plaidoyers pour le défendre pourraient paraître intéressés. S’il faut manifester, ce n’est pas pour le CPT, mais pour la dignité. Elle ne peut s’exprimer que par le renvoi de Fils-Aimé, mais aussi par la mise sur la table de discussions avec la société civile et les formations politiques pour une formule qui succédera au CPT. Car on ne pourra accepter à la date du 7 février un pouvoir conduit par un premier ministre aux ordres directs de certaines ambassades, une sorte de retour à Ariel Henry. Comme on ne pourra accepter qu’un CPT qui n’a rien accompli prolonge son mandat, il n’aura aucune légitimité. Renvoyer Fils-Aimé – ce n’est pas un jugement sur la personne du citoyen – entamer des discussions pour un autre pouvoir politique avec un mandat plus précis et plus court, ce sont, il me semble, les seules décisions que ce CPT peut prendre s’il n’entend pas conduire ce pays droit au chaos et à l’insurrection.
Moïse Jean-Charles qui s’est fait passer pour un homme du peuple porteur de l’ idéal dessalinien ; L’OPL, parti issu de la gauche historique ; Lavalas, donc Jean-Bertrand Aristide ; une fraction du Montana, pas la plus saine, rassemblement de forces qui se disaient progressistes ; les jeunes loups issus de la mouvance PHTK qui aspirent à diriger ; les soi-disant représentants des confessions religieuses, c’est cela que vous pouvez offrir à la nation comme réalité et comme spectacle ! Honte à vous tous si vous n’êtes pas capables d’un sursaut collectif. Ce pays est en train de mourir comme entité politique. Vous êtes en train de le tuer en tant qu’entité politique.
Et le pays lui-même, s’il n’est pas capable de se battre pour imposer une sortie digne, reprendre en main sa direction politique, c’est qu’il accepte de mourir. Prenons toutes les voies offertes par les pratiques démocratiques, non pour défendre Fritz Jean, mais pour reprendre en main les affaires d’Haïti.
Par : Lyonel Trouillot
Courverture : Photo de Fritz Alphonse Jean
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