Si progressistes vous êtes, positionnez-vous clairement sur la chose politique haïtienne. Qu’est-ce que vous (vous) proposez de faire ? Dans l’intérêt de qui ? Et aussi, concrètement, qu’est-ce que vous faites ?
Le mécontentement est généralisé, la conclusion évidente : le CPT ne réalisera pas la mission qui lui a été confiée dans les délais convenus. On peut gloser sur les raisons de cette impossibilité : incompétence, mauvaise foi, imprévus imposés par le réel, insuffisance des appuis et aides des « partenaires » étrangers… Il reste que la formule a échoué et qu’il n’est point nécessaire d’attendre le 7 février 2026 pour le reconnaître.
Pour des raisons de politesse et de diplomatie (difficile d’en trouver d’autres) accordons à toutes les parties prenantes de cette mésaventure le mérite d’avoir été animées au départ par de bonnes intentions. Force est aujourd’hui de reconnaître que devant l’échec, continuer de s’enfoncer dans l’impasse devient de la bêtise ou de la mauvaise foi. On pencherait pour la mauvaise foi parce que quelques-uns tirent de cette situation de hauts salaires, des avantages, des privilèges…
Le CPT ne sert plus qu’à lui-même et à ceux qui sont en affaires avec lui.
Alors, s’ils ne sont pas des plaisantins, que les représentants des partis inscrits dans la logique électorale qui se disent progressistes, voire de gauche, nous disent leur évaluation de la situation et nous révèlent leurs propositions. Le silence dans lequel ils s’enferment est une honte et fait planer la suspicion sur leurs intentions.
Que disent les altermondialistes, les socialistes, sur la situation politique, la crise et la sortie de crise ? Avec quelles références à la réalité sociale ?
Cela fait quasiment deux décennies que toutes les décisions politiques concernant Haïti sont négociées avec des forces étrangères, quand elles ne sont pas ouvertement dictées par ces forces. Continue-t-on dans cette voie ? Pour en tirer quoi au profit des masses haïtiennes, du peuple haïtien ?
Que disent les défenseurs des Pitit Desalin, les représentants des « masses populaires », des « classes dominées », de « la rupture avec le centre capitaliste et la construction d’alternatives… altermondialistes… socialistes » ? Que disent les syndicats ? Les associations non patronales de la société civile ?
Tout silence sur la situation politique actuelle est honteux et ne renvoie qu’à deux attitudes : attendre l’effondrement annoncé en se positionnant pour faire partie de la prochaine fausse solution et participer en catimini à la préparation de la prochaine fausse solution, ou travailler au maintien au pouvoir d’une structure qui n’a pas d’avenir afin de profiter soi-même du statu quo.
Cela fait quasiment deux décennies que toutes les décisions politiques concernant Haïti sont négociées avec des forces étrangères, quand elles ne sont pas ouvertement dictées par ces forces. Continue-t-on dans cette voie ? Pour en tirer quoi au profit des masses haïtiennes, du peuple haïtien ?
On ne peut pas s’être engagé dans la lutte politique au nom d’idéaux progressistes et se taire sur ce qu’il faut faire dans l’avenir immédiat pour sortir le pays au moins de l’impasse politique actuelle.
Il y a de vieux et jeunes rats de la politique, desquels on n’a jamais rien attendu. Tous savaient, et souvent eux-mêmes ne s’en cachaient pas, qu’ils ne visaient que des intérêts personnels. Mais on a pu, à tel ou tel moment de notre histoire politique, espérer que des partis et organisations aux slogans et avec des fragments de discours progressistes, se soucient véritablement d’œuvrer à une construction nationale plus juste.
Le silence de ces partis et organisations, leur bienveillance, dans certains cas leur participation à cette chronique d’un échec annoncé fait honte à leurs prédécesseurs dans la lutte pour l’émancipation sociale en Haïti ainsi qu’aux penseurs dont ils prétendent se réclamer.
Si progressistes vous êtes, positionnez-vous clairement sur la chose politique haïtienne. Qu’est-ce que vous (vous) proposez de faire ? Dans l’intérêt de qui ? Et aussi, concrètement, qu’est-ce que vous faites ? Oui, c’est aussi une vraie question : que font les organisations et partis progressistes en ce moment ? A part avoir quelques membres ou amis au pouvoir, et botter en touche quand on leur demande que faire ?
Par : Lyonel Trouillot
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