En une décennie, le Ciné Institute de Jacmel a contribué à la formation de centaines de professionnels de l’audiovisuel dans le pays
Une dizaine d’anciens diplômés de Ciné Institute s’attellent à relancer le Ciné Institute. Jusqu’à l’arrêt des inscriptions en 2015, cette école à Jacmel avait formé plusieurs centaines de professionnels dans les métiers de l’audiovisuel.
Mais les huit ans de fonctionnement de la structure, unique institution de formation cinématographique du pays, ont été principalement financés par des bailleurs étrangers.
Ces bailleurs se sont désengagés, et l’insécurité généralisée empêche les professeurs des États-Unis, de la France, de l’Espagne ou du Canada de venir enseigner dans le Sud-Est du pays.
Malgré tout, les anciens étudiants restent déterminés. « Nous sommes prêts à mettre nos connaissances au service de l’école pour continuer à former de jeunes talents dans le [domaine de l’audiovisuel] », déclare à AyiboPost Berline Charles, diplômée de l’avant-dernière promotion en 2015, qui a ensuite poursuivi ses études à Cuba, à la Escuela Internacional de Cine y TV (EICTV).
Charles est fondatrice de Kino Lakay, une organisation cinématographique dédiée à l’encadrement de jeunes talents. Elle travaille également sur des projets cinématographiques en Amérique latine. Les anciens de l’Institut cherchent entre 300 000 et 600 000 dollars, budget nécessaire pour le fonctionnement global de l’institution. Ce montant englobe le soutien logistique et la prise en charge des professeurs qui dispensent les cours.
Ces bailleurs se sont désengagés, et l’insécurité généralisée empêche les professeurs des États-Unis, de la France, de l’Espagne ou du Canada de venir enseigner dans le Sud-Est du pays.
Ciné Institute ne bénéficie d’aucun financement de l’État. Et les revenus de son bras commercial, Ciné Services, ne suffisent pas pour financer l’initiative.
Keziah Jean fait partie des premières diplômées de l’école. Réalisatrice et caméraman de renom en Haïti, elle a poursuivi ses études à la School of Arts Cinema de Los Angeles. Actuellement installée à Jacmel, Jean parle du relancement de la « prestigieuse » école comme d’une « nécessité ».
Co-fondatrice de « Kreye » – une initiative visant à promouvoir les femmes dans le cinéma en Haïti – Jean a déjà organisé plusieurs séances de formation pour des apprenants au Ciné Institute.
Nous sommes prêts à mettre nos connaissances au service de l’école pour continuer à former de jeunes talents dans le [domaine de l’audiovisuel]
Zach Niles a géré l’institution à sa fondation en 2008, avant de diriger la section Audio Institute entre 2015 et 2016. « C’est une école à laquelle j’ai donné toute mon énergie et mon cœur, et que j’aime profondément, tout comme le pays d’Haïti », confie Niles à AyiboPost.
L’Américain a découvert Haïti en 2006, lors de la projection de son documentaire au Festival de film de Jacmel. Pour le cinéaste, également producteur musical et manager du groupe haïtien Lakou Mizik, basé aux États-Unis, l’implication des anciens bénéficiaires, devenus des professionnels accomplis, est « essentielle pour garantir la poursuite des activités ».
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L’histoire de Ciné Institute commence en 2004, lors de la commémoration du bicentenaire d’Haïti.
David Belle, réalisateur américain, Patrick Boucard, artiste haïtien, et Andrew Bigosinski Paula Hyppolite, cinéaste, ont collaboré pour organiser un festival de films intitulé « Festival Film Jakmèl ».
« Pendant le festival, nous avons organisé des ateliers sur le cinéma à destination des jeunes, et ils ont montré un réel intérêt pour ces activités », explique à AyiboPost Paula Hyppolite, cofondatrice et actuelle directrice de Ciné Institute.
L’école formelle prend naissance en juin 2008, après la dernière édition du festival deux ans avant, avec un solide support de l’organisation Artists for Peace. L’initiative prendra une nouvelle dimension avec la création de l’Artists Institute, qui comprenait le Ciné Institute et l’Audio Institute, après le tremblement de terre dévastateur de 2010.
L’institut, situé en bord de mer, sur la côte de Mazarin, dans la localité de Meyer, est doté de studios d’enregistrement, de salles de montage, de bureaux de production, de salles de classe et de magnifiques jardins.
« L’objectif était d’élargir l’offre de formation pour soutenir non seulement l’industrie du cinéma, mais aussi celle de la musique », raconte Hyppolite.
Ciné Institute connaît un succès retentissant dès ses premières années.
Des jeunes venus de toutes les régions du pays y ont appris les techniques de production audiovisuelle, le montage et la scénarisation. « Chaque année, nous accueillons 36 étudiants en audio et 36 en cinéma.
« Des centaines de jeunes se sont formés aux métiers du cinéma et de l’audio. C’était une formation de deux ans entièrement gratuite », déclare Hyppolite.
L’objectif était d’élargir l’offre de formation pour soutenir non seulement l’industrie du cinéma, mais aussi celle de la musique.
– Hyppolite
Pour beaucoup, cette école représente un véritable patrimoine.
C’est l’opinion d’Yves-Mary Barjon, qui a non seulement été étudiant à l’école entre 2011 et 2013, mais a également été un de ses prestataires de services de 2016 à 2023. « C’est grâce à mon passage dans cette école que de nombreuses portes se sont ouvertes pour moi, notamment pour des collaborations avec d’autres artistes en Haïti et à l’étranger », témoigne Barjon, ancien manager et producteur en chef de Ciné Services, une branche du Ciné Institute.
Image de couverture : Étudiant de l’École Ciné Institute avec une caméra. |
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