ÉCONOMIE

Coup dur pour les producteurs de la mangue Francisque d’Haïti

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La cessation du programme d’importation de la mangue Francisque vers les USA résulte de la détérioration de l’insécurité en Haïti, qui empêche les inspecteurs américains installés dans le pays de réaliser leur travail

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À partir de janvier 2023, Haïti ne pourra pas exporter ses mangues Francisque vers les États-Unis, selon une décision du Département de l’agriculture des États-Unis,  communiquée le 24 octobre 2022.

Alors que la saison de la récolte des mangues, s’étendant de fin janvier  jusqu’au mois d’août 2023, avance à grands pas, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe chez les producteurs dans le département de l’Artibonite.

«La mangue constitue toute notre richesse. Ce sera un coup dur de voir que le produit est disponible, mais qu’on n’arrive pas à le commercialiser comme souhaité», se plaint Jean Édouard Déus, producteur de mangues à Gros-morne, depuis plus d’une dizaine d’années.

Haïti ne pourra pas exporter ses mangues Francisque vers les États-Unis.

Ses manguiers qui colonisent plus de deux carreaux de terre sont capables de remplir plusieurs conteneurs de mangues, à destination des usines chargées de leur exportation. Un conteneur de 16 pieds peut renfermer quatre mille douzaine de mangues. « La douzaine se vend à 185 gourdes », précise  Jean Édouard Déus.

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La cessation du programme d’importation de mangues aux USA est la conséquence de l’aggravation de l’insécurité dans le pays qui empêche les inspecteurs américains, installés en Haïti, de réaliser leur travail. Une reprise des activités est prévue si la situation s’améliore. Mais Déus craint le pire puisqu’il ne voit pas encore une lueur d’espoir pour la stabilité.

D’autres producteurs sont plus optimistes. C’est le cas de Marc Aurel Accéus, un grand producteur de mangues dans le Plateau central. « On est en train de négocier avec le département de l’agriculture des États-Unis. Espérons que les pourparlers aboutissent à des conclusions satisfaisantes », relate-t-il.

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe chez les producteurs dans le département de l’Artibonite.

Marc Aurel Accéus coordonne l’Association des producteurs de mangues Francisque dans le Plateau central. Il est celui qui fait le pont entre les producteurs de sa région et l’usine qui achète les mangues à des fins d’exportation. Selon lui, les exportateurs vont chercher d’autres marchés pour écouler les mangues au cas où ils n’arrivent pas à trouver un consensus avec les États Unis pour la prochaine récolte.

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Les multiples tentatives d’AyiboPost pour entrer en contact avec le président de l’Association nationale des exportateurs de mangues, Ralph Perry, n’ont pas abouti.

Les État-Unis d’Amérique constituent l’unique marché vers lequel Haïti écoule une bonne partie de sa récolte de mangues. Selon les données officielles compilées par la Banque de la République d’Haïti, les exportations de mangues ont rapporté en moyenne plus de 7 millions de dollars annuels à Haïti. Ces chiffres ont été révisés à la baisse depuis la pandémie du coronavirus qui avait grandement diminué les commandes étrangères.

Une reprise des activités est prévue si la situation s’améliore.

Malgré les faibles commandes reçues, les producteurs arrivaient toujours à écouler une quantité de mangues leur permettant de subvenir à leurs besoins. «En janvier prochain, dit Jean Édouard Déus, ce ne sera plus le cas et on sera dans l’incapacité de prendre convenablement soin de notre famille».

La filière de mangues est divisée en deux circuits : l’une est liée à l’exportation et l’autre à la consommation locale. Cette dernière, souligne Marc Aurel Accéus, est particulièrement investie par les Madan Sara (commerçantes paysannes, débrouillardes) et les petits détaillants. Sauf que le marché local ne suffit pas. «Il est loin d’être capable d’absorber toutes les mangues produites, sans l’exportation», renchérit Déus, ajoutant que si rien n’est fait, la majorité des mangues de cette récolte finira en pourriture.

La filière de la mangue est l’énième victime des actes d’insécurité en Haïti. La fureur des gangs empêche les Américains d’inspecter le processus de production de ce fruit dans le pays. Des cargaisons à destination des usines d’exportation sont parfois détruites par les groupes armés qui sèment la terreur dans certaines régions du pays.

Les exportations de mangues ont rapporté en moyenne plus de 7 millions de dollars annuels à Haïti.

En juin dernier, plusieurs camions de mangues sont partis en fumée à Titanyen après l’invasion d’un groupe armé du tronçon de route passant par Canaan. Ces cargaisons devaient être livrées à la Croix-des-Bouquets, à Agropac, une société haïtienne spécialisée dans l’exportation des produits frais, notamment la mangue. Les responsables d’Agropac n’ont pas répondu aux appels d’AyiboPost pour un entretien.

D’autres fois, c’est le blocage des routes qui empêche la livraison du fruit charnu dans les usines, mentionne aussi Marc Aurel Accéus.

La mangue Francisque d’Haïti bénéficie de la réputation d’être un produit de grande qualité. Celle qui est destinée à l’exportation est classée en deux variétés : organique et conventionnelle. La mangue organique répond à une demande haut de gamme. C’est l’usine d’exportation de Ralph Perry qui en détient la certification, selon les informations rapportées par Déus.

La filière de la mangue est l’énième victime des actes d’insécurité en Haïti.

Afin d’être certifié, il faut garantir zéro pesticide et zéro engrais. Les jardins qui récoltent les mangues organiques doivent être sains, et interdits aux animaux. Certains producteurs sont obligés parfois de clôturer les environs de leurs manguiers pour répondre à l’exigence bio. Les critères de sélection des mangues conventionnelles sont moins exigeants.

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La mangue Francisque n’est pas la seule variété produite en Haïti. Plusieurs autres variétés dont la mangue blanche, la mangue muscat, la mangue baptiste ou la mangue corne colonisent les champs du pays. La diversité de l’écosystème fait que leur saison de récolte est décalée d’une région à l’autre, ce qui offre l’avantage d’avoir une production qui s’étend sur une période relativement longue.

© Photo de couverture : wirestock/Freepik

Journaliste à AyiboPost. Communicateur social. Je suis un passionnné de l'histoire, plus particulièrement celle d'Haïti. Ma plume reste à votre disposition puisque je pratique le journalisme pour le rendre utile à la communauté.

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