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Affalé sur le coussin moelleux du sofa à ma table VIP, je jette un regard autour de moi. La soirée ne fait que commencer mais déjà, la salle est pleine à craquer. Je ne peux m’empêcher de regarder de haut ceux qui n’ont pas l’honneur d’être assis avec les VIP. Le décor est sublime, les jeux de lumière parfaits, les serveurs s’empressent de s’enquérir de mes moindres désirs. Je suis aux petits soins, ce qui n’arrive quand même pas tous les jours.
Mes « amis » qui ont eu la gentillesse de partager leur table avec moi s’amusent comme des fous. « Ou pap bwè anyen? » me demande l’un d’eux, après avoir commandé sa bouteille de Grey Goose. Voilà donc mon moment de gloire ! Prouver que je peux acheter une bouteille de vodka est le moyen idéal de réellement paraître. Pas un verre, je dis bien une bouteille! Avec un haussement d’épaules et un air suffisant, je sors mon portefeuille. Je fais sortir un billet vert et je le passe au serveur. Evidemment, je m’assure que mes « amis » assistent à la scène. J’ajuste fièrement le col de ma chemise, qui m’a d’ailleurs coûté cent
La fête bat son plein et je m’apprête à vider mon troisième verre de vodka. Il y a de plus en plus de monde et je m’efforce de tourner la tête lorsque j’aperçois quelqu’un à qui je dois un peu d’argent. « Yo paka wèm nan VIP pandan mdwe yo kòb. On se concentre.
Mes « amis » s’amusent comme des fous. Il est temps de commander trois autres bouteilles. Je pourrais feindre de n’avoir pas compris ou entendu. Je pourrais leur demander de m’avancer les sous.
Je décide plutôt de sortir un deuxième billet pour contribuer. Après une dizaine de minutes, le serveur s’amène avec les autres bouteilles et les tubes pour la shisha. J’aspire à fond, je m’efforce de ne pas tousser. La musique est à point, l’ambiance parfaite, les confettis s’envolent en éclats pour s’éparpiller sur un public euphorique. C’est le moment où tout le monde sort son smartphone pour prendre des « selfies ». Évidemment, il faut que j’en prenne
Soudainement, quelque chose ou plutôt quelqu’un attire mon attention. Une fille qui n’arrête pas de me fixer. Ma confiance est à nouveau summum. « Genlè se chemiz la li renmen konsa ». Je remarque qu’elle est également installée à une table VIP. Après des échanges de sourires, je décide de m’approcher. La soirée ne fait que commencer! « Nèg jwenn ».
Chaussures Louis Vuitton, sac à main Gucci pour madame. Je ne peux m’empêcher de penser que cette fille s’intéresse à moi juste parce qu’elle m’a remarqué sur une table VIP. Peu importe, il faut profiter du moment. Elle s’approche de moi et nous commençons à danser. « Tu m’achètes un verre? »
Je me sens non seulement utilisé mais également constraint de garder mon masque devant ceux qui me font signe de la table VIP. Ils supposent tous qu’elle m’a passé son numéro de téléphone. Ce moment de « gloire » m’a pourtant coûté très cher. Si seulement ils savaient !
Vers six heures du matin, au petit jour, la soirée touche à sa fin. D’un air triste, je contemple mon dernier billet de dix dollars. Je ressasse mes soucis. Ma mère ne manquera pas de me faire un rappel pour la facture d’électricité, le concierge me réprimandera pour le retard, la somme exorbitante de mes dettes, la fille qui a dansé avec moi pour avoir un verre, la table VIP qui m’a seulement rapporté
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