SOCIÉTÉ

Diphtérie en Haïti: la menace est rélle !

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Jusqu’à mars 2018, quatorze cas confirmés de diphtérie et quarante-huit autres cas probables ont été observés en Haïti. La maladie s’installe insidueusement, forçant le MSPP à lancer une campagne de vaccination. La menace semble bien réelle.

Alors que l’on n’en avait plus entendu parler depuis un certain temps, la diphtérie est brusquement réapparue sur le territoire national en 2015. Pas moins de cinq personnes sont mortes cette année-là. le nombre des victimes n’a pas cessé d’augmenter.

Au mois de mars de cette année, le MSPP, assisté de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a lancé une campagne de vaccination contre la diphtérie. Dans un rapport préliminaire, les responsables de l’OPS ont indiqué avoir touché près d’un million d’enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge de quinze ans.

Cette campagne a eu lieu principalement dans vingt-sept (27) communes, réparties sur huit départements, à l’exception des départements de l’Ouest et de la Grand’Anse. Depuis le début du mois d’avril, elle est officiellement lancée dans le département de l’Ouest, où un peu plus d’un million d’enfants devront recevoir le vaccin DTP (diphtérie, tétanos, poliomyélite).

Les communes concernées sont au nombre de dix, selon le docteur Martial Benêche, directeur sanitaire de l’Ouest. Il s’agit de Petit-Goâve, Grand-Goâve, Léogâne, Carrefour, Cité-Soleil, Delmas, Tabarre, Croix-des-Bouquets, Thomazeau et Ganthier. « Nous avons des postes de rassemblement fixes pour les milieux les plus reculés. Et nous allons également dans les centres de santé, les hôpitaux, les orphelinats », informe Dr Benêche qui en profite pour annoncer qu’une conférence de presse devrait se tenir d’ici la fin de cette semaine pour faire le bilan de la campagne.

Cette résurgence de la maladie est survenue trois ans après que le ministère de la Santé publique et de la Population ait retiré le DTP du calendrier vaccinal. Ce vaccin a été remplacé par le Pentavalent en 2012, un autre vaccin pour enfants qui prévient la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B et l’infection à Haemophilus influenzae B (HIB). « L’OPS/OMS a omis d’attirer l’attention sur le fait que nous devrions continuer à utiliser le DTP pour  vacciner les enfants de plus d’un an », a affirmé Florence Duperval Guillaume qui était à la tête du ministère au moment où la décision avait été prise.

La diphtérie en bref

Cette maladie respiratoire infectieuse peut entraîner la mort par asphyxie si la prise en charge n’est pas immédiate et adéquate. Se manifestant par une infection des voies respiratoires supérieures, la diphtérie est due à une bactérie, la Corynebacterium diphtheriae, qui produit une toxine qui bouche les voies respiratoires. La respiration et la déglutition deviennent alors très difficiles.

Les symptômes perçus dévoilent une irritation de la gorge, un gonflement des ganglions du cou, et une fièvre qui peut paraître légère au tout début de l’apparition des signes. La période d’incubation, c’est-à-dire le temps écoulé entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes, est de deux à cinq jours.

 La transmission

La toxine diphtérique peut se propager dans le sang et atteindre le cœur, les reins et tout le système nerveux en causant de sérieux dommages. Cette toxine peut aussi être produite par deux autres espèces de bactéries – Corynebacterium ulcerans et Corynebacterium pseudotuberculosis – qui se transmettent, elles-mêmes, de l’animal à l’homme.

Mais plus couramment, la transmission de la diphtérie se fait d’un porteur sain ou d’une personne malade à une autre, par contact direct ou par l’air. Elle peut se faire également de manière indirecte en se servant d’objets et de vêtements contaminés.

Un autre type de diphtérie – la diphtérie cutanée –, est également observable dans certaines régions tropicales où les conditions d’hygiène ne sont pas toujours respectées. Dans ce cas-ci, la transmission se fait par des lésions cutanées diphtériques.

Prévention et traitement

Les personnes les plus exposées à cette maladie sont les enfants et les adolescents de moins de quinze ans. Toute personne non vaccinée risque de s’infecter. Pour y échapper, trois doses de primovaccination (première administration d’un vaccin) doivent être administrées dès l’enfance. Lesquelles serviront de point de départ pour l’acquisition d’une immunité à vie contre la maladie. En grandissant, et jusqu’à l’adolescence, l’enfant doit recevoir trois autres doses de rappel d’anatoxine diphtérique. Cette série de vaccination peut se poursuivre jusqu’à l’âge adulte, car elle doit être complète pour s’assurer d’être définitivement à l’abri.

En cas de contamination, le traitement se fait en injectant dans les veines ou dans les muscles une antitoxine diphtérique, accompagnée de l’administration d’antibiotiques qui vont éliminer la bactérie et empêcher la production de toxine.

Dans une note de synthèse de l’OMS publié en août 2017, il a été rapporté que le nombre annuel de cas de diphtérie notifiés n’avait pas trop évolué depuis 2006. Durant la période 2011-2015, l’Inde demeurait le pays ayant signalé le plus grand nombre annuel de cas, avec 18 350 cas sur cinq ans. En Haïti, jusqu’au mois de mars de cette année, sept cas de mort causés par la diphtérie avaient déjà été enregistrés.

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