Assis seul à ma table, en un début de soirée, à ce restaurant perché sur les hauteurs de
Les réseaux sociaux sont légion sur internet. Ces derniers devraient en principe faciliter le rapprochement entre les individus, mais nous constatons que de manière croissante, la réalité en est toute autre. Souvent, ces réseaux sociaux s’avèrent plutôt être des instruments aptes à couper les liens tissant de véritables relations humaines.
Nous passons d’innombrables heures quotidiennement sur ces différentes plateformes, nous mettant au parfum des récentes activités de bon nombre « d’amis » pour la plupart virtuels. Parallèlement, nous sortons dans l’optique de socialiser, d’être entourés de personnes qui nous sont chères, pour paradoxalement les ignorer, trop absorbés par nos téléphones portables qui nous ouvrent, à un certain degré, les portes sur un mirage.
Nous devenons quasiment asociaux. Soutenir une conversation digne de ce nom sans avoir le réflexe de jeter un coup d’œil sur ces gadgets à la moindre occasion n’est plus notre apanage. Être captivé par son portable sans égard pour l’interlocuteur se tenant en face de soi est monnaie courante de nos jours. Les bonnes manières malheureusement en pâtissent, et tendent à disparaître.
Nous sommes devenus des esclaves des temps modernes. Bon nombre d’entre nous vivent par et pour leur téléphone. Cet appareil est donc devenu un élément vital, et s’en passer momentanément n’est plus envisageable. La dépendance est à son paroxysme avec pour corollaire de transformer l’homme en un solitaire enfermé dans sa tour d’ivoire.
Les réseaux sociaux nous donnent accès à un « monde » qui foisonne « d’amis » qui en fait, ne le sont pas tous, dans le vrai sens du terme. Il s’agit, dans bon nombre de cas, d’une illusion, dans laquelle l’homme s’enlise, pour se rendre compte par la suite que la solitude a peu à peu tissé un voile autour de lui.
Ces réseaux traînent également dans leur sillage leur cortège de « drames ». Nombreuses sont les relations tant amicales que sentimentales qui en ont fait les frais. Nous conviendrons cependant que si elles ont pu être détruites par des « secousses » de cet acabit, leurs bases accusaient déjà d’une criante fragilité.
Tout cela découle en grande partie du fait que la vie privée est un concept qui, de nos jours, tombe en désuétude. Tous les aspects de la vie sont maintenant sujets à être partagés sur internet. Certains épisodes de l’existence cependant réclament la discrétion et devraient être gardés précieusement pour soi, ou être partagés intimement avec des personnes triées sur le volet. Malheureusement, la donne tend à être renversée de nos jours.
Il est clair que la technologie a révolutionné le monde. L’information est disponible à portée de main et voyage à la seconde. Les réseaux sociaux nous permettent notamment de retracer des gens que nous avons perdus de vue depuis belle lurette, et de garder contact avec des amis à travers le monde. La communication est devenue extrêmement aisée, et nous en sommes les heureux bénéficiaires. Néanmoins, il est impératif de savoir s’en servir à bon escient. L’utiliser avec mesure et discernement est donc capital.
Les messages électroniques évidemment nous facilitent grandement la vie. Toutefois, imaginez une seconde l’impact que pourrait avoir une lettre manuscrite sur une personne qui vous est chère. Sans vouloir vous plonger dans les dédales du temps, il est de ces habitudes d’antan, qui, pratiquées une fois en passant, saupoudre le présent d’une saveur qui ne la rend que plus exquise. Aussi, se laisser « robotiser » par les outils technologiques actuels serait une insulte à notre dimension humaine, symbole vivant de l’échec de l’homme dans sa quête de maximiser les multiples facettes de cet être extraordinaire et complexe qu’il incarne…
Seul à ma table, achevant mon verre, j’observais le fameux groupe. Les conversations ne firent pas long feu, car, entre deux phrases, les têtes, inéluctablement se fléchissaient sur ces petits appareils qui soustraient l’homme de la réalité, lui faisant rater des évènements uniques qui se déroulent pourtant juste là, sous ses yeux, l’extirpant ainsi de la vraie vie. Celle où l’on prend le temps de parler à ceux qui nous tiennent compagnie sans se laisser distraire par autre chose. Celle où l’on prend le soin de jouir du moment présent, en l’immortalisant, non pas forcément à travers des photos prises à outrance, frisant l’obsession, avec pour principal but d’alimenter les réseaux sociaux, mais en l’enregistrant dans sa mémoire, le parfumant au passage, d’un relent d’éternité…
En me levant de table, je me dis en mon for intérieur, que, quoi qu’étant en groupe, ces gens étaient tous, à ce restaurant, aussi seuls que moi…
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Sébastien Mondière
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