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Photos | «Bondye bon !» par temps de Coronavirus en Haïti

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Le photographe Réginald Louissaint a suivi la saison des pèlerinages de 2020. Il nous livre un récit saisissant

Heureusement pour Haïti, la pandémie du nouveau Coronavirus, avec ses chiffres vertigineux de morts, son coût humain et financier pour les systèmes sanitaires, semble avoir été jugulée.

En attendant que viennent des explications scientifiques, « Bondje bon », se disent les gens. Les modélisations prévoyaient la catastrophe. Cinq mois après les premiers cas, les hôpitaux sont vides. Le gouvernement n’a pas manqué de s’octroyer le mérite d’un sauvetage qu’il peine lui-même à expliquer.

En guise de contre-argument à ces satisfécits étatiques, le photographe Réginald Louissaint qui a suivi la saison des pèlerinages de 2020 nous livre un autre récit : celui d’un état faible qui a échoué à exiger le respect des mesures barrières aux pèlerins fatalistes.

Reportage sur plusieurs routes, départements et lieux spirituels du pays, au plus proches de ces pèlerins et vodouisants en quête de repères, en ces temps de grands troubles.

Des Pèlerins collés-serrés dans une file d’attente pour voir, remercier et faire leur demande au pied de Sainte Anne Charitable « Grann Sentann » lors de la fête à Anse-à-Foleur (Nord-Ouest). 26 juillet 2020.

Remplie de pèlerins, la cour intérieure du bâtiment où est logée Sainte-Anne Charitable (Ti sentann) au cours du rituel du 26 juillet donne une idée de la promiscuité de la vie de pèlerins. Aucun masque n’est requis pour être admis dans le complexe qui fait office de dortoirs pour de nombreux visiteurs et pèlerins. Haut lieu de pèlerinage, la petite ville Anse-à-Foleur accueille des milliers de pèlerins venus de partout tous les ans pour la célébration de sa sainte patronne. 26 Juillet 2020

L’étang de chance du complexe Sainte-Anne Charitable. Les pèlerins après avoir fait leur demande, doivent se rendre à cette marre d’eau odorante et visqueuse pour prendre leur bain de chance. Un moyen, croient-ils, de laisser tous leurs problèmes et leur malchance derrière eux. 26 Juillet 2020

Un Houngan en plein exercice à Saut-d’eau. Nombreux officiants des lieux spirituels exercent comme avant la pandémie, sans masques et avec une préférence certaine pour le toucher à main nue. Avant de se baigner à la cascade, cette pèlerine passe par une station pour faire bénir les feuilles et consulter les esprits auprès d’un houngan. 26 juillet 2020

Barrière d’entrée du bassin Saint-Jacques. Une infrastructure qui aurait pu être utilisée pour contraindre au port systématique du masque par les pèlerins. Mais, elle est seulement utilisée pour la collecte de contributions auprès de ces derniers. Les pèlerins doivent payer 50 gourdes pour avoir accès au bassin. 25 Juillet 2020

« Charit », partage du traditionnel café entre pèlerins à la fête St-Anne Charitable, Anse-à-Foleur. 26 Juillet 2020

Une salle-dortoir dans le complexe de Sainte-Anne Charitable à Anse-à-Foleur. Les pèlerins dorment souvent dans des espaces partagés et le complexe de Sainte-Anne Charitable en ce sens offre plusieurs salles. Ici, une salle où sont accueillis plusieurs dizaines de pèlerins. Ils y sont amassés la nuit pour dormir dans une promiscuité contraire aux normes et mesures barrières préconisées par le gouvernement. 26 `juillet 2020

Camion transportant des pèlerins de Plaine du Nord à un autre lieu de pèlerinage. Les conditions de transport des pèlerins ne sont pas des plus enviables. Elles font partie du chemin de pénitences de ces derniers et ainsi parvenir au lieu où ils vont faire leur quête en martyre. Malgré qu’elles soient contraires aux normes et mesures barrières, aucun moyen alternatif n’a été proposé par le gouvernement. 25 Juillet 2020

Bousculade de pèlerins de retour de Bassin Saint-Jacques. À côté d’un taxi moto, un des passagers du transporteur fait le « charit » l’aumône. 25 Juillet 2020

Promiscuité au moment de prières des pèlerins à Bassin Saint-Jacques, Plaine du nord. 25 Juillet 2020

Vue d’ensemble du bassin Saint-Jacques et de l’eau boueuse contenue dans son lit et de la foule des pèlerins venus chercher des réponses. Une étude du Bureau national de l’Ethnologie (BNE) avait révélé que la majorité des femmes qui s’y baignaient après des semaines étaient sujettes à de graves infections vaginales. 25 Juillet 2020

Un homme en train de faire l’aumône devant l’église Saint Yves et Saint-Joachim à Kawouk (Anse-à-veau) assailli par les mendiants. La charité et l’aide aux plus démunis font aussi partie du pèlerinage. Les pèlerins reconnaissants envers les Saints et esprits font souvent montre de grande générosité. (Argent, nourriture) 19 août 2020

Portrait d’une pèlerine masquée. Lakou Soukri, Gonaïves. 15 août 2020

Cérémonie de partage de breuvage mystique, comme il est coutumier dans les cérémonies vaudou lors de la cérémonie de célébration de Manbo Inan à Lakou Soukri, Gonaïves. 15 août 2020

Une foule massée auprès du Bassin de mambo Inan avant que ne débute le rituel du bassin à Lakou Soukri. 15 août 2020

Une pèlerine munie de son masque en main et ne le porte pas à l’intérieur de l’église St Yves et St Joachim. 19 août 2020

Une foule de pèlerins en train de prier massée devant l’église Saint Yves et Saint-Joachim à Kawouk (Anse-à-veau) avant que ne commence la messe des saints patrons des lieux. 19 août 2020

Saut Saint Yves. Lieu où les pèlerins viennent terminer leur pèlerinage après la messe. 19 août 2020

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