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PHARVAL S.A et plus de 200 enfants morts: qu’en est-il 22 ans après?

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L’affaire mettant aux prises le docteur Rudolph Henry Boulos, responsable des laboratoires PHARVAL S.A., et les parents des enfants victimes d’intoxication au diéthylène glycol vient de connaître son dénouement. Le verdict du juge Jean Wilner Morin, en date du 8 mars 2018, condamne l’accusé à six mois d’emprisonnement et l’oblige à verser une indemnisation de trois millions de gourdes à chaque victime constituant la partie plaignante. Retour sur les faits qui ont causé beaucoup de souffrances et de préjudices au sein de plusieurs centaines de familles haïtiennes.

Le 22 juin 1996, une communication officielle du ministère de la santé publique et de la population (MSPP) reconnaît le diéthylène glycol – substance contenue dans les médicaments Afébril et Valodon – comme cause de décès de plus de 200 enfants dans le pays. Ces médicaments étaient destinés à soigner les symptômes de grippe et de fièvre chez des enfants. Mais en lieu et place d’une guérison, c’est à une insuffisance rénale aiguë que ces enfants et leurs parents ont dû faire face.

L’alerte a été donnée en octobre 1995 par le docteur Alix Lassègue, alors directeur médical de l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH). Un nombre important de cas d’enfants souffrant d’insuffisance rénale au cours de cette période avait attiré son attention. Une équipe composée d’experts haïtiens et étrangers ont été rapidement mis sur le dossier et ont découvert que tous les patients concernés ont absorbé les sirops Afébril ou Valodon à un moment donné. Plus de 200 enfants n’ont pas survécu et une vingtaine d’autres se sont retrouvés en situation de handicap physique ou mental.

Bras de fer judiciaire

Le 11 septembre 1996, les parents de cinquante-neuf enfants victimes, constitués en partie civile, ont porté plainte contre les laboratoires PHARVAL S.A. et leur président directeur général, Rudolph Henry Boulos, pour homicide involontaire. Selon ce qui est rapporté dans les dossiers, le produit (glycérine) ayant servi dans la préparation des médicaments a été importé depuis l’Allemagne et n’a donc subi aucun contrôle de qualité. Un long bras de fer a commencé depuis entre les avocats des deux parties.

Le 18 mars 1997, le juge Kesner Michel Thermési, siégeant au tribunal correctionnel de Port-au-Prince, renvoie l’affaire au cabinet d’instruction. Un examen plus approfondi doit certifier si effectivement il y a homicide involontaire ou infanticide. Le 5 février 2001, dans son ordonnance, le juge instructeur Eddy Darang inculpe Rudolph Henry Boulos pour « homicide involontaire par imprudence, négligence et non-respect des règlements ». L’affaire est envoyée à nouveau au correctionnel. La partie défenderesse décide alors de faire appel dans un premier temps à la Cour d’Appel de Port-au-Prince, puis de se pourvoir en Cassation dans un second temps. À chaque fois, sans succès. Le 9 juillet 2014 débuta le procès.

Le temps ne guérit pas toujours les blessures

Pendant ce temps, le martyre des parents continue. Leurs enfants qui ont pu résister à la mort sont devenus muets, apprennent difficilement à l’école s’ils arrivent à s’y rendre ou à s’y adapter. Leurs reins deviennent de plus en plus incapables à filtrer le sang et à évacuer certaines hormones. Pour les parents, le temps n’est pas un véritable allié. Chaque jour, j’imagine que mon enfant atteindrait tel âge, passerait l’étape du préscolaire, franchirait le cycle primaire et tendrait à de belles promesses d’avenir […] », racontait une mère dont l’enfant n’a pas survécu, à AlterPresse.

Le dénouement: Boulos comdamné

Après de multiples rebondissements, le 8 mars écoulé, le juge Jean Wilner Morin qui s’était saisi de l’affaire a rendu son verdict. Le docteur Rudolph Henry Boulos est condamné à six mois d’emprisonnement et doit verser trois millions de gourdes à chaque victime portée dans l’acte d’assignation. Au début, l’État haïtien avait offert une compensation de sept mille cinq cents (7500) gourdes aux victimes, et certaines d’entre elles ont pu recevoir des soins dans des hôpitaux aux États-Unis et à Cuba.

Fait rare, la justice haïtienne a tranché sur une affaire au bout de vingt-deux (22) ans. L’enquête a été poursuivie et a été close.

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