De quoi le banditisme est-il le nom ? Ces garçons et ces filles –ils ont été cela avant – ne sont pas les enfants du voisin
Port-au-Prince meurt assassinée.
L’État qui n’a jamais été au service de la nation ne peut plus se renouveler tel qu’il a existé pendant trop longtemps. Par peur du changement, par manque de liberté face aux diktats de « l’international », par appétit personnel ou appétit de classe, nombreux sont-ils qui prétendent diriger ou aspirer à diriger tout en ayant peur de dire ce qui s’impose comme une évidence : toute continuité ne fera qu’entretenir le pourrissement.
De quoi le banditisme est-il le nom ? Ces garçons et ces filles –ils ont été cela avant – ne sont pas les enfants du voisin. Ils sont nés de leur rejet d’un ordre social qui ne leur offre rien. Une organisation sociale et un fonctionnement de l’État dans lesquels ils ont perdu toute confiance.
L’État qui n’a jamais été au service de la nation ne peut plus se renouveler tel qu’il a existé pendant trop longtemps
Pour eux, cette société, cet État ne leur offre qu’un recours : la prédation. Et ce sont bien, dans un premier temps, cette société et cet État qui leur ont indiqué ce chemin de la violence en les utilisant contre les élans revendicatifs des masses populaires.
De quoi Ariel Henry, le CPT et l’actuel « gouvernement » sont-ils le nom ? De stratégies allant du je m’enfoutisme à la démagogie, de la corruption au renforcement de la dépendance pour faire survivre ce qui ne peut pas survivre avec un semblant de normalité.
Qu’on multiplie Ariel par quinze (c’est un peu ce qu’on a fait), qu’on radote sur la tenue d’un référendum et d’élections de plus en plus improbables, qu’on parle de lutte contre l’insécurité ou le banditisme sans même un plan ni une mobilisation nécessaire à un tel combat, on s’enlisera dans le pourrissement, tant qu’on ne sortira pas de la logique de la continuité.
Le dilemme, c’est qu’il faut une formule de transition qui amorce déjà une logique de changement. Ce n’était pas le cas avec Ariel. Ce n’est pas le cas avec ce CPT.
Fou qui prétend avoir une formule magique ou s’autodésigne comme sauveur potentiel. Mais fou aussi qui n’ose pas admettre qu’il faut un pouvoir de transition porteur d’un discours et d’actions de (re)construction nationale sur les plans sécuritaire, institutionnel et social, porteur d’un projet de lutte contre le banditisme non seulement sur le plan répressif, mais sur le plan social, avec une attention aux groupes sociaux dont les enfants se transforment en bandits.
Le dilemme, c’est qu’il faut une formule de transition qui amorce déjà une logique de changement. Ce n’était pas le cas avec Ariel. Ce n’est pas le cas avec ce CPT.
Discours de (re)construction nationale interpellant toutes les catégories sociales ? À la place, des sous jetés dans des colloques, séminaires, réunions de crypto experts qui n’aboutissent à rien. Plus l’État radote sur des projets institutionnels, moins on y croit.
Des signes d’une prise en compte des souffrances des populations victimes des gangs et dont sont issus les gangs ? Aucun.
Il est clair qu’on ne va ni vers l’amélioration de la situation sécuritaire, ni vers des élections aux dates annoncées, ni vers un minimum d’apaisement social et de (ré)conciliation entre État et nation avec la formule actuelle.
J’entends la peur de ceux qui disent « s’engager encore dans une transition, on n’en sortira jamais ». Mais jusqu’ici, on a sans doute tout fait sauf s’engager dans une transition.
Par : Lyonel Trouillot
Couverture |Photo illustrant le portrait de l’ancien Premier ministre haïtien Ariel Henry. Source : CNN
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