À part quelques-uns qu’on voit se démener, la majorité des « chefs » semble très peu intéressée à ici et maintenant. Tout ce qui semble les intéresser, c’est d’opérer des mises en place : occuper le pouvoir pour aplanir le chemin pour l’occuper demain.
Parlons d’élections.
Pas de celles des États-Unis.
On ne peut que plaindre les déçus qui pleurent la défaite du côté « soft » de l’empire sans se poser la question de sa nature. Et basta. Parlons d’éventuelles élections ici. De cette légitimité pour l’avenir que les représentants des différents groupes au pouvoir devraient s’atteler à construire.
On a le droit d’être écœuré. Les rumeurs de deals et de tractations, les deals et tractations qui ne sont pas des rumeurs… Il y a aujourd’hui au pouvoir une majorité de personnes estimant ne pas avoir de comptes à rendre aux contribuables.
Au-delà des titres, qui peut dire qui est occupé à faire quoi ?
À part quelques-uns qu’on voit se démener, la majorité des « chefs » semble très peu intéressée à ici et maintenant. Tout ce qui semble les intéresser, c’est d’opérer des mises en place : occuper le pouvoir pour aplanir le chemin pour l’occuper demain.
Sauf exception, qui peut dire la politique menée par tel responsable de tel domaine ? Tout ce qui importe, ce sont les privilèges et les prérogatives. Et, de toutes les formations politiques, qu’elles se disent de droite ou de gauche, aucune ne semble intéressée de convaincre un électeur, un seul misérable petit électeur, de raisons citoyennes de voter pour elle.
Si on veut convaincre, on montre par ses actes et son discours une ligne, quelque chose qui fait la preuve qu’on mérite d’être là.
La vérité, c’est qu’aucune de ces formations, aucun de ces regroupements, ne donne des preuves d’attendre ou de vouloir des élections démocratiques. C’est encore des appels du pied à l’ambassade des États-Unis, c’est encore des deals : donne-moi ci et je te donnerai ça. Donne-moi telle tête et je te laisserai faire.
Étrange que des gens qui ont prétendu longtemps combattre la corruption se retrouvent soudain en paix avec elle. Étrange que ne paraissent des divergences entre les formations et regroupements sur les politiques à mener pour améliorer les conditions de vie des classes démunies.
Étrange que, sauf exception, personne, du lieu du pouvoir ne semble parler des affaires du pays. On ne parle que de pouvoir, on ne s’occupe que de pouvoir. On ne se bat que pour en avoir plus.
Dans des conjonctures politiques de ce type, au plus fort de la dérive, émergent souvent des figures politiques nouvelles. Ici, un club de septuagénaires toutes tendances confondues, de jeunes-vieux loups de la mouvance PHTK, de technocrates venus de « l’international » se font tantôt des passes, tantôt des crocs-en-jambe.
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L’histoire nous donne une occasion terrible de faire sans préjugés une sociologie de « la classe politique » haïtienne. Soit des positions radicales fondées sur des convictions individuelles, une idée du pays, de la chose publique, de la gestion qu’on doit en faire et des intérêts collectifs.
Soit un patient travail de construction organisationnelle avec des bases solides de groupes sociaux, de gens qui sentent que vous les représentez. Ce sont les façons d’être et de faire des grands politiques.
Ce sont les actes et les discours qui donnent des raisons d’espérer de vous quelque chose de bien pour la nation.
Aujourd’hui, parmi tous les chefs qui se battent et constituent une sorte de club engagé dans des petits jeux mortels, qui s’est construit une image positive aux yeux de la nation ?
Par Lyonel Trouillot
Image de couverture | Membres du Conseil présidentiel de transition d’Haïti. Source : francetvinfo
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