Quel haïtien peut dire qui, aujourd’hui, parle pour lui et de lui ? Pas les pauvres en tout cas. Ni les ouvriers, ni les paysans, ni les déportés, ni les déplacés qui pourrissent dans les camps
Partir. La galère et le privilège. Une galère et un privilège. Les armes voyagent plus facilement que les humains.
La débrouillardise allant jusqu’à l’arnaque. Faux médecins, faux policiers… Une blouse, un uniforme, un titre, une qualité, une tricherie pour gagner son pain. Et l’on n’a pas le sentiment d’avoir fait quelque chose de mal. « Degaje pa peche », et l’on ne se sent pas tellement différents des dirigeants qui ne semblent rien diriger et perçoivent leur salaire en toute légalité.
On se souvient de l’hystérie collective qui frappait les milieux politiques, tous secteurs confondus, contre une ministre des Affaires étrangères. Depuis son départ, la diplomatie haïtienne ne semble pas avoir gagné grand-chose.
Les déportations, les décisions imposées, les silences. Quel haïtien peut dire qui, aujourd’hui, parle pour lui et de lui ? Pas les pauvres en tout cas. Ni les ouvriers, ni les paysans, ni les déportés, ni les déplacés qui pourrissent dans les camps.
La débrouillardise allant jusqu’à l’arnaque. Faux médecins, faux policiers… Une blouse, un uniforme, un titre, une qualité, une tricherie pour gagner son pain. Et l’on n’a pas le sentiment d’avoir fait quelque chose de mal.
Un projet de Constitution qui élimine toute référence à Dessalines, et qui semble être le produit d’une commande de raccourci adressée à l’intelligence artificielle. Mais ce projet de Constitution, comme beaucoup d’autres choses, c’est justement cet art de parler d’autre chose qui est la marque des pouvoirs politiques depuis dix ans. Mesures sociales, connais pas. Lutte contre la corruption, connais pas. Les urgences, connais pas. L’urgence c’est la réforme constitutionnelle ! Bravo.
Le peuple, lui, s’organise en brigades.
Un projet de Constitution qui élimine toute référence à Dessalines, et qui semble être le produit d’une commande de raccourci adressée à l’intelligence artificielle.
Le sentiment général que rien ne sortira de l’aventure CPT. Encore des années perdues. L’absence de nouveaux leaders. Elections libres ? Quel politicien sur la scène politique aujourd’hui pense qu’il a la chance de gagner, de convaincre une majorité de voter pour lui ?
A part deux ou trois fous qui croient en leur bonne étoile et se laissent manipuler. Pourquoi dès lors une coalition de politiciens de tous bords voudrait-elle conduire le pays à des élections ? Pour perdre ? Pour perdre le pouvoir qui leur donne beaucoup et ne leur a rien coûté, à part quelques alliances contre nature ?
La vie au taux du jour. Rien n’a changé. Il faut toujours à peu près 130 gourdes pour un dollar que les banques refusent de te verser même quand il t’appartient.
Par : Lyonel Trouillot
Couverture | Photo d’une femme seule dans une rue déserte en Haïti, portant des paquets à la main et sur la tête. Photo : Edris Fortuné
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