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Lyonel Trouillot | Hommage à Georges Castera

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N’avoir pas lu Castera, c’est sans doute manquer de quelque chose d’essentiel sur l’humain, la vie, l’amour, l’art d’habiter le présent sans concession à la médiocrité comme aux ordres sociaux produisant du malheur et de l’injustice.

Le 27 décembre 1936 naissait Georges Castera Fils.

Mais qui peut dire quand et comment il est né à la poésie, au point d’en faire non un refuge pour désoeuvré mais la trace d’une présence au monde qui demeure après sa mort comme l’un de nos plus beaux chants de haute portée?

Nous, les Humains. D’entre nos frères, nous, haïtiens, avons la chance de l’avoir lu et relu, chanté, écouté, de connaître son œuvre. Oui, nous sommes des chanceux.

N’avoir pas lu Castera, c’est sans doute manquer de quelque chose d’essentiel sur l’humain, la vie, l’amour, l’art d’habiter le présent sans concession à la médiocrité comme aux ordres sociaux produisant du malheur et de l’injustice.

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Un grand merde à l’Etat, aux patrons, aux nantis, à la pudibonderie, aux forces répressives, à tous les conformismes.

Un salut fraternel aux syndicats, aux démunis, aux enfants dont il n’arrêtait pas de louer l’intelligence de leur regard, aux corps et aux amours libres, aux compagnes et compagnons de poésie et de rêve, de lutte et d’engagement.

Bonté et beauté. Le lien qu’il établissait entre les deux faisait la puissance de son dit et de son esthétique, leur fusion l’un dans l’autre de sorte que la justesse de la cause ne réduisait jamais le poème à la peau triste du slogan.

Lisez Georges, tout y est de l’horrible présent : « yon lanmè fatra anba pye », la rue dans laquelle « on tire lamentablement». Et toi, « Grande Fòbòp », fèmen pòt », ferme les portes : bientôt arrivent les occupants. Tout y est encore comme un contre-chant lancé contre l’horreur. Poète de la désacralisation de ce que les pouvoirs sacralisent. Dont la « main remontera le silence comme une queue de rat » pour dire merde à la fatalité : « Fatalite, m di w lanmèd ! ».

Un salut fraternel aux syndicats, aux démunis, aux enfants dont il n’arrêtait pas de louer l’intelligence de leur regard, aux corps et aux amours libres, aux compagnes et compagnons de poésie et de rêve, de lutte et d’engagement.

Le 24 janvier 2020 mourait Georges Castera.

Yo pa fè yo konsa souvan.

Reste avec nous, Georges. Homme d’honneur et de vigilance.

En ces temps où une oligarchie de rapine et des politiciens corrompus ont pour devise: peuple à vendre, pays à vendre, couvre-les de ton magistral: TUIP ! Et parle en notre nom contre tout pacte avec l’indigne.

Par Lyonel Trouillot


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Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

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