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Lyonel Trouillot | Fin aux exactions et à la violence des « chefs »

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Une campagne contre les mauvais usages de la force publique est une nécessité politique et éthique du moment

Dimanche 7 avril, un groupe de jeunes se rend à une fête familiale. Leur véhicule est accroché par une voiture immatriculée « service de l’État ».

Le conducteur descend, arme et uniforme, braque sur eux un fusil automatique. C’est un quelconque « chef ». Il aurait pu tirer. Comme c’est un « chef », le Code de la route ne le concerne pas et il estime avoir droit de vie et de mort sur les autres.

Cette anecdote n’a rien d’exceptionnel. C’est tous les jours que des exactions et des abus de pouvoir de mille sortes ont lieu.

Bastonnades, saisie et appropriation illégale de bien d’autrui, troubles de la vie publique, violation des espaces privés, extorsion, arrestation illégale ou plus exactement séquestration de personne, tout cela est pratique courante, héritage du duvaliérisme remis à l’honneur par le PHTK.

Et l’un des signes les plus forts de la sortie de cet effondrement des pratiques démocratiques qui a conduit le pays à la réalité actuelle serait de prendre les mesures qui conviennent pour que cessent tous ces abus.

Cette anecdote n’a rien d’exceptionnel. C’est tous les jours que des exactions et des abus de pouvoir de mille sortes ont lieu.

Il convient donc d’interpeller la présidence en sept morceaux et le gouvernement du docteur Gary Conille pour que soient rendus publics mesures, communiqués, directives à la police et aux fonctionnaires pour qu’ils ne fassent aucun usage illégal de leur autorité.

Il convient aussi que le CPT et le gouvernement renforcent les organes de protection contre de tels actes, prennent des sanctions contre ces comportements et rendent ces sanctions publiques.

Il ne s’agit pas uniquement de combattre les gangs. Comment croire que le pouvoir politique combat les gangs quand nombre de ces agents fonctionnent comme les membres d’une sorte de gang diffus ?

Un chauffeur de ministre ou de directeur général qui agresse un automobiliste, un policier qui sort son arme au moindre conflit personnel, des groupes de policiers qui délogent des propriétaires légitimes… Multiplication sans sanction des abus contre la population civile, comment dans un tel climat cette population pourrait-elle croire à la mise en place de pratiques démocratiques et à la tenue prochaine d’élections dignes de ce nom !

Lire aussi : L’impunité policière en Haïti inquiète en attendant la force internationale

Le CPT et le gouvernement doivent nous donner la preuve qu’ils n’encouragent ni ne tolèrent de telles pratiques. Ils n’ont encore rien fait pour mériter notre confiance.

Cette preuve devrait faire partie du commencement pour mériter notre confiance. Et nul ne doit se cacher derrière l’horreur de la violence des gangs pour justifier la tolérance envers les abus que nous subissons.

D’un côté les gangs qui kidnappent, violent, tuent. Et de l’autre des « chefs » qui cassent la tête à qui ils veulent quand ils le veulent, se saisissent des biens d’autrui.

En réalité, ce que les gangs font collectivement, trop de « chefs » le font individuellement. Et la société civile se doit collectivement de formuler cette exigence.

Une campagne contre les mauvais usages de la force publique et pour l’exigence d’un comportement démocratique de la part de toute personne exerçant une partie de l’autorité publique est une nécessité politique et éthique du moment.

Par Lyonel Trouillot

Image de couverture : Échange tendu entre un policier et des membres de la population qui s’attroupent dans les parages de la Primature à Musseau, en mai 2024. | © Jean Feguens Regala/AyiboPost


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Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

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