Le besoin de visibilité du coordonnateur du CPT et du gouvernement est très fort. La TNH est redevenue, dans le peu d’heures de diffusion quotidienne, la télé du visage des chefs.
Conille l’avait fait.
Des voix avaient crié assez et dénoncé fort justement l’utilisation des deniers publics à des fins de propagande et de promotion de la personne du premier ministre. Fils-Aimé le suit dans cette pratique. Un « spot » passe aussi souvent que le dernier tube à la mode pour louanger l’action du premier ministre. Combien cette pub coûte-t-elle au contribuable ? Elle reste en tous les cas l’un des éléments les plus visibles de l’action gouvernementale. Monsieur Fils-Aimé n’est pas allé jusqu’à revêtir un uniforme. Mais dans le fond… Plus ça change, plus c’est la même chose.
Le besoin de visibilité et du gouvernement est très fort. La TNH est redevenue, dans le peu d’heures de diffusion quotidienne, la télé du visage des chefs. Entre deux films d’action, les mêmes images des discours, allocutions des membres du CPT et du gouvernement. Qui perdrait son temps à ne regarder que la Télé Nationale finirait par les connaître par cœur.
Combien cette pub coûte-t-elle au contribuable ? Elle reste en tous les cas l’un des éléments les plus visibles de l’action gouvernementale.
Ce n’est pas un reproche aux employés ni à la direction de la télévision. On doute qu’ils disposent de moyens de produire autre chose, que le ministère de tutelle soit vraiment intéressé à faire de la TNH un média de service public. Et on suppose que comme au bon vieux temps du jean-claudisme et du CNG, tel chef doit dire « je veux me voir ». Oui, messieurs, vous êtes hautement visibilisés. Plus ça change, plus c’est la même chose.
La TNH est redevenue, dans le peu d’heures de diffusion quotidienne, la télé du visage des chefs. Entre deux films d’action, les mêmes images des discours, allocutions des membres du CPT et du gouvernement.
Sauf que la pauvre TNH, plus personne ne la regarde. On espérait y voir des débats sur nos soucis, des propositions sur notre avenir, du loisir de qualité et de la formation citoyenne et en culture générale. Mais vos discours sans aucun doute valent mieux que cela.
Des formations politiques proposent de discuter et de considérer comme des acteurs politiques des « leaders » de groupes peu recommandables. Rejeter l’idée de faire avec les gangs est une position politique qu’on comprend et cette idée de composer avec les gangs reste minoritaire et on peut la juger immorale. La combattre même. Mais demander, surtout lorsqu’on est au pouvoir, d’engager l’action publique contre les promoteurs de cette idée n’est pas une attitude démocratique.
Quelle que soit l’abjection qu’on a envers ces gangs ou envers cette idée, c’est sur le terrain des idées qu’il faut mener le combat contre les idées. C’est dangereux quand un chef prend sur lui de réclamer des sanctions contre des gens pour ceux qu’ils pensent. Nous avons vécu cela. Là encore, plus ça change, plus c’est la même chose.
Bientôt deux aéroports. Pourquoi pas quatre ? Bientôt des plans de sécurité. Bientôt ci, bientôt ça. Comme hier, on nous avait dit que bientôt « la graisse du cochon allait cuire le cochon ». Que le pays entier serait électrifié « avant la fin de mon mandat », le sol couvert d’une éblouissante verdure. Et surtout que les élections auraient bientôt lieu. Dans quelques mois. Puis dans un an. Puis dans deux. Puis quand les conditions seront réunies.
C’est dangereux quand un chef prend sur lui de réclamer des sanctions contre des gens pour ceux qu’ils pensent.
En notant que ce sont ceux-là mêmes qui, au moment de l’annonce, clamaient que les conditions étaient réunies, clament quelques mois, un an, deux ans plus tard, que, non, les conditions ne sont pas réunies. On pense à l’usage ironique fait par Justin Lhérisson du « bis repetita placent » de l’art poétique d’Horace dans La famille des Pitite-Caille. Balivernes et fuites en avant, plus ça change, plus c’est la même chose… Et il n’y a même plus Lhérisson.
Par Lyonel Trouillot
Image de couverture : Collage | ©AyiboPost
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