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Les gestes barrières contre le coronavirus ignorés dans certains centres de prélèvements

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Ceci met en danger les citoyens qui se déplacent pour aller faire le test

Il était déjà 10 heures et 47 minutes quand je suis arrivé à Pétion-Ville dans le cadre de ce reportage qui consiste à observer le déroulement des activités de dépistage du Coronavirus dans différents centres de prélèvements.

Depuis Port-au-Prince, j’ai observé un déroulement normal des activités, malgré la flambée de cas de Covid-19 constatée dans le pays à partir du moins d’avril dernier.

Pas de confinement. Les mesures barrières sont peu respectées dans les rues comme dans les véhicules de transport en commun.

L’hôpital Éliazer Germain compte parmi les espaces choisis par le MSPP pour implanter un centre de prélèvement de Covid-19. Cette institution qui se situe à la rue Panaméricaine accueille une vingtaine de gens, venus déterminer s’ils ont le Covid-19, ce lundi.

Les citoyens s’entassent pêle-mêle dans l’espace d’attente du Centre. La majorité des gens portent un masque, mais la distanciation sociale n’est guère respectée. Or, les experts recommandent la distance sociale, même avec le masque, pour aider à freiner la propagation du virus.

« Nous n’avons pas assez de bras pour le travail », déclare le médecin chargé de réaliser le prélèvement. Normalement, ils sont trois dans ce centre. Mais, pour des raisons inexplicables, l’homme est le seul à être présent ce lundi.

« Je réalise une trentaine de prélèvements par jour, dit le professionnel. Ces prélèvements sont acheminés par la suite au Laboratoire national pour être analysés ».

L’hôpital Éliazer Germain promet des résultats des tests de coronavirus dans huit jours.

Les centres de prélèvement sont des espaces à risque parce qu’ils sont fréquentés par beaucoup de personnes dont certains portent le virus.

Pour réduire les chances de transmission, différentes mesures de prévention doivent être appliquées, notamment celles liées à la salubrité de l’environnement. Nettoyer et désinfecter sont essentiels, d’autant plus quand des recherches démontrent que le virus responsable du Covid-19 peut rester vivant parfois pendant des heures sur certaines surfaces.

Dans les centres de prélèvement que j’ai visités, aucun agent de propreté n’a été remarqué pour nettoyer les endroits susceptibles d’être touchés par les potentiels infectés.

Aucun kiosque de lavage des mains n’a d’ailleurs été remarqué ni à l’entrée ni dans l’enceinte de l’hôpital Éliazer Germain.

Même cas de figure au laboratoire Unilab situé non loin de l’hôpital Éliazer Germain. Le parking de cette structure de la rue Lambert est utilisé par le MSPP pour l’implantation d’un centre de prélèvement. Pas même un gel de désinfectant pour les mains n’est disponible.

Toutefois, il n’y avait pas d’affluence dans ce centre. Des fiches destinées à collecter des informations sur les patients (sur lesquels sont inscrites des informations confidentielles) ont été abandonnées pendant longtemps sur une table au parking.

Le centre de prélèvement du Laboratoire national et celui du laboratoire MicroLab (Pétion-Ville) sont les seuls espaces où des kiosques d’eau ont été remarqués pour le lavage des mains.

La personne qui veille à l’application des règles au centre de prélèvement du Laboratoire national mentionne qu’il est parfois difficile de faire appliquer la distanciation sociale. « Les gens sont surtout nombreux vers les 10-11 heures. Parfois ils veulent tous s’asseoir, c’est ce qui rend difficile la tâche. »

Dans cette structure, un de mes collègues à AyiboPost a observé vendredi dernier un entassement de gens sur des bancs pleins à craquer. Certains portaient le masque au niveau de leur menton ou refusaient carrément d’en porter. Des proches de VIP refusaient aussi de prendre la ligne, ce qui suscite fort souvent la grogne de citoyens en attente parfois depuis des heures.

En Haïti, beaucoup de gens ne se soucient guère du coronavirus. En sortant de Pétion-Ville, la plupart des passagers à bord de la camionnette qui m’emmenait à Delmas ne portaient pas de masques. Ceux qui en portent l’enlèvent ou l’installent incorrectement pour avoir la parole beaucoup plus facile.

Le délai d’attente des tests est aussi un point de contentieux au Laboratoire national. «Yo mèt kenbe l pou yo, mwen p ap vin la ankò», ai-je entendu une trentenaire marteler devant les locaux de l’institution. Son travail avait demandé un test antigénique au lieu du test sanguin qu’elle avait déjà apporté. Elle relate avoir fait le test au laboratoire national depuis neuf jours sans être capable d’avoir le résultat.

« Pour pouvoir livrer les résultats des tests dans un délai beaucoup plus raisonnable, on a refusé les tests pour des demandes de voyage. L’affluence est donc réduite et les résultats sont actuellement soumis dans quatre à cinq jours », révèle pour sa part un homme chargé de faire appliquer les consignes pour réduire la transmission du virus dans l’espace.

Le dernier bulletin du Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) paru le 5 juin chiffre à 15 895 le nombre de cas confirmés de Covid-19 en Haïti, dont 333 décès et 12 557 personnes guéries de la maladie.

Journaliste à AyiboPost. Communicateur social. Je suis un passionnné de l'histoire, plus particulièrement celle d'Haïti. Ma plume reste à votre disposition puisque je pratique le journalisme pour le rendre utile à la communauté.

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