L’utilisation des motocyclettes comme moyen de transport public a considérablement augmenté en Haïti ces dernières années. Pourtant, le descriptif du Code de la route sur les véhicules publics ne prévoit aucune mesure pour ces engins à deux roues
36 % des victimes d’accidents en Haïti sont des usagers de motos. Ce chiffre provient d’une étude menée par Humanité & Inclusion (HI) en 2013.
Dans les faits, le nombre d’engins motorisés en circulation a fortement progressé depuis 2010 selon un récent rapport du MTPTC sur l’élaboration d’une stratégie nationale de sécurité routière. « Une forte progression qui se traduit par une accidentologie élevée, des encombrements de circulation et une explosion récente du parc de véhicules deux roues notamment de motocyclettes d’un prix peu élevé et d’une qualité médiocre. »
La multiplication des motos rend caduc le Code de la route qui ne mentionne en aucun de ses articles les véhicules à deux roues comme moyen de transport public. « Tout véhicule public portera placé à l’extérieur et en évidence sur la partie avant du pavillon un indicateur portant l’inscription “TAXI”. […] » dispose l’article 193 du Code routier. L’article suivant mentionne clairement les autobus et les camionnettes en tant que véhicules de transport de passagers.
La population active menacée
« L’État haïtien dispose pourtant de plaques immatriculées “TRANSPORT PUBLIC” qu’il distribue aux motocyclistes à travers plusieurs communes », dénonce Jacques Aristote Magloire, directeur administratif de STOP Aksidan. L’explosion des motocyclettes en Haïti est devenue, d’après Magloire, « le plus grand fléau de la circulation routière ». Selon lui, aucune institution publique ne dispose de chiffres concernant le nombre de motocyclettes actuellement en circulation.
« Au moins une motocyclette est impliquée dans 60 % des cas d’accidents de la route répertoriés par STOP Aksidan », révèle Jacques Aristote Magloire. Une situation inquiétante puisque « les accidents de motocyclettes sont les cas les plus reçus à travers les hôpitaux. Les victimes de ces accidents sont âgées entre 5 et 29 ans selon les statistiques », soutient-il.
De graves séquelles
S’il existe en Haïti des motoécoles, cette formation n’est pas requise pour l’obtention d’une licence. L’étude menée par Humanité et Inclusion démontre que « 70 % des chauffeurs ne connaissent pas les limites de vitesse autorisée. » En plus, l’étude mentionne que « près d’un quart [d’entre-eux] estime que l’excès de vitesse est normal lorsque l’on est pressé ou quand la voie est libre ». Additionnellement, plus de 20 % des conducteurs pensent que la limitation de vitesse peut ne pas être respectée dans certaines situations.
Quant à l’usage des casques à moto, l’étude relève que « 80 % des chauffeurs et 96 % des passagers ne sont pas bien protégés en cas d’accident ». Résultat ? « Les traumatismes crâniens représentent la principale cause de décès et de handicap permanent chez les usagers de deux roues. »
Or, les spécialistes en maxillo-faciales sont très rares en Haïti et le prix de leurs services s’avère très élevé, d’après Jacques Aristote Magloire. A cela s’ajoute, « les troubles psychologiques causés par le choc brutal de l’accident, le manque de services dans les centres de santé et la rareté du don de sang au niveau de la Croix-Rouge. »
La longue liste des impacts négatifs devrait, selon M. Magloire, sensibiliser les autorités à réguler le transport public des véhicules à deux roues. Encore plus quand on sait que les motos sont très prisées par les criminels qui profitent de la mobilité qu’elles offrent pour commettre leurs forfaits.
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