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Le départ d’Iniesta signale la fin d’une belle époque…

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Le monde du football pleure. Le vendredi 27 avril, Andrès Iniesta, l’un des joueurs les plus emblématiques de sa génération a annoncé officiellement son départ du FC Barcelone à la fin de la saison. Après 22 saisons, dans son club de toujours, l’Espagnol tire sa révérence. Il vient s’ajouter à la prestigieuse liste de ceux qui ont fait leurs adieux, cette saison ou la saison passée. Le football nous a fait vibrer ou flipper sur la dernière décennie.  Après le temps des exaltations et des extases, c’est le moment de sortir les mouchoirs, car sous nos yeux humides et insatiables, une page d’histoire est en train de se tourner.

Ces deux dernières années nous avons vu Kakà et Ronaldinho faire leurs adieux au football ; Arsène Venger quitter Arsenal ; Buffon suggérer qu’il partira en retraite à la fin de la saison 2018. Lampard, Totti, Pirlo, Gerrard s’installer dans leur retraite ; Ibrahimovi filer aux Etats-Unis ; Xavi partir récolter un dernier gros chèque au Qatar loin de nos yeux ; Eto’o s’évaporer en Turquie. Christian Jean Pierre se détacher du plateau de Téléfoot. Le monde du football n’est plus le même, et c’est carrément bizarre.

Si vous êtes nés a la fin des années  80, début des années  90 et que votre véritable initiation au football s’est faite à la fin de cette décennie, vous avez surement vécu un pareil moment de mélancolie. Après la domination des Ronaldo, Zidane, Luis Figo, Rivaldo sur le football mondial, une nouvelle génération, assoiffée, menée par Ronaldinho avait pris la relève. Ces jeunes loups ont pratiquement poussé leurs ainés à la retraite ou à l’exil. Cette génération qui a entamé son ascencion au millieu des années 2000 aura marqué l’histoire de ce sport à jamais. Alors qu’ils quittent la scène pour voguer vers d’autres cieux, c’est l’occasion pour nous de revenir sur la gloire de certains de ceux qui ont ajouté beaucoup d’étincelles à la magie du ballon rond.

Ronaldinho, quel gâchis !!!

On commence par celui qui aurait dû être le plus grand de sa génération. Celui qui aurait pu renverser du trône, Pelé et Maradona. Le plus talentueux de sa génération et à ceux- la j’ajoute (Messi et C. Ronaldo). Ronnie faisait jouir un ballon de foot. A chaque toucher, la grâce lui descendait dans les pieds. Il a tout gagné, certes. Il a eu le ballon d’or. Il a été champion du monde. Il a remporté la Ligue des Champions. Cependant, ses frasques extra-sportives, son indécente hygiène de vie ont bousillé une carrière qui, faut-il le rappeler, aurait du être magistrale ou tout simplement la plus grande de tous. On est dur avec lui. Il aurait mérité une plus heureuse description. Mais, nous lui en voulons, aujourd’hui encore, de nous avoir privés d’autant de bonheur. De nous avoir laissés sur notre soif. La musique était trop courte. La mélodie baclée. La symphonie, si magistralement exécutée pendant ses trois ou quatre années d’apogée, est malheureusement restée inachevée.

Kakà, le dernier ballon d’or…

Nous ne sommes pas en 2008. Ce papier n’est pas vieux de dix ans. Il rappelle juste une époque. Celle pendant laquelle, les humains avaient la chance d’être sacrés ballon d’or. Kakà qui a pris sa retraite officielle cette année, était de ceux-là. Sacré en 2007, le Brésilien est le dernier footballeur, né sur cette planète, à avoir remporté la distinction individuelle suprême. Car dix ans après, deux Extraterrestres, Messi et Ronaldo se partagent le graal. Une domination sans partage, inédite dans l’histoire du football, s’est installée depuis. Et kakà, humble sur et en dehors du terrain, se fait un plaisir de le rappeler, chaque fois qu’il en a l’occasion. Le natif de Sao Paulo, qui a fait le bonheur du Milan entre 2004 et 2009, a marqué au Fer rouge, les tifosis Rossoneri. Ces frappes de balles, ses longues enjambées, dont lui seul, a le secret, ont ravi les amateurs de foot du monde entier. En 2007, l’année où il remporte le ballon d’or, il porte des Milanais vieillissants vers le titre en Ligue des Champions. Son but magnifique face à Manchester United en demi-finale, restera dans les annales. Son passage raté à Madrid, ajoute malheureusement un bémol, à sa carrière. Mais, quel joueur! Il n’avait pas la magie de Ronaldinho, mais ce dernier serait tellement plus grand, s’il avait le professionnalisme de son compatriote. A Orlando City où il a terminé sa carrière, il pourra se dire tout comme son illustre prédécesseur, Pelé, qu’il a contribué au sempiternel développement du football aux Etats-Unis.

Zlatan, le magnifique…

On aurait aimé parler de Samuel Eto’o Fils, le génial buteur Camerounais. Ou de Didier Drogba, la légende des Blues de Chelsea. Mais, la blessure « Zlatan » est plus récente. C’est d’elle que l’on souffre en ce moment. Le géant suédois, Ibracadabra, sur scène, est un joueur à part. Il va nous manquer celui-là. Ce chouchou de la presse adulé par le public…celui qui se comparé à Dieu et qui a fait de la mégalomanie sa marque de fabrique a entamé le dernier chapitre de sa folle vie de footballeur. Meilleur joueur suédois pendant 10 années consécutives, Ibrahimovic n’a pas toujours eu la chance de briller en sélection. Désireux de s’offrir une dernière danse au mondial russe en 2018, il a été maté par les dirigeants de la fédération suédoise. Quelle insolence ! Ils ont osé ! Ses punchlines, ses buts zlatanesques venus d’ailleurs, sont un régal pour les yeux et pour les oreilles. Celui dont la taille est disproportionnée, ou de préférence proportionnée à la grandeur de sa finesse technique, aura marqué son passage en Europe. Il n’aura pas gagné le ballon d’or…tant pis pour France Football! De la Californie étant, où il profite de sa pré-retraite, le joueur des LA Galaxy, rappelle de temps en temps pourquoi, il est unique.

Iniesta, mes que un Jugador…

Enfin on en parle. C’est lui le véritable prétexte de ce papier. Il faudra profiter au maximum de la fin de saison du Barca. Car, d’ici là, l’horloge s’arrêtera. Le rideau tombera. Iniesta s’en va. Après tant de partitions merveilleusement exécutées, l’artiste ajoute les dernière touches à son chef d’œuvre de carrière. On aura droit, d’ici la fin de la saison, à quelques tours de magie…mais, il ne jouera plus pour le Barça après la fin de cette saison. Et on espère tellement que pendant sa tournée d’adieu Isco pourra récupérer sa baguette. Iniesta appartient à cette catégorie de joueurs qui font la différence par leur talent, par leur technique…Il a toujours fait penser à Zidane. Le Ballon et lui sont constamment en parfaite communion. Les mauvaises langues diront qu’il n’a pas marqué beaucoup de buts. Qu’il n’a pas été assez décisif. Mais, Iniesta n’a pas eu besoin de marquer pour être le meilleur. Et ça France Football, l’a compris, mais trop tard. Ils se sont excusés de n’avoir pas accordé le ballon d’or à Iniesta. Mais, il n’en a pas besoin. Sa légende dépasse les banalités des distinctions individuelles. Ses tours de reins, provoquent des orgasmes, même chez l’amateur de foot le plus frigide. On se souviendra de son but victorieux en finale de la Coupe du monde 2010 face au Pays-Bas. Et grâce à lui, on n’oubliera jamais Dani Jarqué. Porté un maillot floqué du nom du Capitaine d’un club rival (Ndlr L’Espagnol de Barcelone) en finale de Coupe du monde. Don Andrès…tu nous impressionneras toujours. En rendant hommage à son compatriote, décédé d’une crise cardiaque peu de temps avant la Coupe du Monde, Iniesta a conquis l’Espagne. Il a conquis les cœurs même de ses plus ardents rivaux. Mais, sa conquête sur le terrain ne faisait que commencer. La magie de son jeu a émerveillé les stades européens. Il est tout simplement le meilleur joueur espagnol de tous les temps. N’en déplaise à Raul ou Xavi…ou même Di Stefano qui n’a pas toujours été espagnol. Au mondial dans quelques mois, il aura l’occasion d’offrir au monde son dernier Tango. On lui souhaite un départ à la Zidane (sans le coup de boule sur Materazzi). Avec, le départ d’Iniesta, le football professionnel perd beaucoup plus qu’un joueur, mais un grand maitre de la philosophie du beau jeu. Le Barca perd surtout une grosse part d’elle-même, de son histoire.

Messi et Ronaldo, heureusement ils sont encore là…

Ils ne sont pas encore retraités. Ils sont encore là. Mais, pour combien de temps encore ? La question ne se pose même pas en ce moment. Et pourtant, on devrait. Cristiano Ronaldo a 33 ans, soit le même âge qu’Iniesta. Messi aura 31 ans le 23 juin prochain et pourrait annoncer définitivement sa retraite internationale en cas de nouvel échec de l’Argentine au mondial. De son côté, le Portugais, en dépit d’un physique hors du commun, n’arrive plus à enchainer les matchs. Il profite de l’ingéniosité de Zidane pour briller en Ligue des Champions, mais sur la durée, comme on l’a vu sur ces deux dernières saisons en Liga, il n’arrive plus à tenir la cadence. Est-ce le début de la fin ? Très probablement. Messi a retrouvé un peu de sa jeunesse, cette saison. Mais, le poids des saisons commence à se faire sentir dans les petites jambes de la Pulga. Issus d’une autre planète, Cr7 et Léo ont assujetti la terre des vivants. Leur longévité n’a jamais eu, et n’aura peut-être jamais d’égale. Xavi et Iniesta en ont souffert par le passé. Neymar en souffre aujourd’hui. Et peut-être Salah en souffrira demain. Le dernier semble parti, enfin, pour mettre fin à cette décennie de domination lusitano-argentine sur le ballon d’or. Mais, il faudra attendre la fin de la Ligue des Champions où Cristiano meilleur buteur de l’épreuve est encore en course ; et la Coupe du monde où Messi sera très attendu et/ou les chances de Salah seront très maigres, avant de tirer des conclusions. Cependant, force est de constater que leur trône n’a jamais connu de telle frayeur. Le Pharaon égyptien crache sur la divinité du Messi et du Christ, il veut instaurer une nouvelle ère. Et il semble en avoir les moyens.

Et pendant ce temps là…

Le Football se joue sur les pelouses du monde entier, et en Europe plus particulièrement. Le PSG est champion de France. Mais, se prépare à virer Unai Emery. Manchester City est champion d’Angleterre, mais Gaurdiola a encore une fois été dompté par J. Klopp. Le Barca, n’y arrive plus en Ligue des Champions, mais a repris son bien en Liga. Le Bayern continue de domestiquer la Bundesliga, mais continue de se faire manger par le Réal en Ligue des Champions. En Italie, la Juventus connait plus de résistances face au Napoli, mais devrait (une fois de plus) tirer son épingle du jeu. En tout cas, les Turinois ont leur destin en main. La vie continue donc, la terre tourne, les hommes vivent. Les joueurs passent, le football demeure. Elle est là, toute la magie de ce sport. Nous saluons les artistes qui partent, nous leurs retirons nos chapeaux. Nous leur ferons une haie d’honneur, s’il le faut. Mais, nous ne renoncerons pas au plaisir, pour autant. Nous irons le chercher vers d’autres. Nous aurons des déceptions. Nous serons nostalgiques, vieux jeu dans certains cas. Mais, au final la magie se renouvellera et ce ne sera que pour notre enchantement. Vive le football !

Nathan Laguerre

Spécialiste en droit du sport, Nathan Laguerre est avocat au Barreau de P-au-P. Il adore le football !

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